15 Août 2020
Si vous lisez ces mots c’est que je n’ai pas survécu.
Je m’appelle Lina j’ai 26 ans et je vais vous raconter mon histoire.
Après plusieurs années d’études en biologie marine on m’a proposé de partir 14 mois sur les îles d’Amsterdam et de St Paul dans les terres Australes afin d’observer les otaries évoluer en pleine nature loin de la civilisation. Sans hésiter une seconde j’ai fais mon sac, j’ai pris l’avion puis le bateau. Mon périple a duré plusieurs jours mais à l’arrivée quel spectacle fabuleux, la mer à perte de vue et des îles si vierges de toutes présences humaines qu’il y règne un silence qui pousse au respect, seul le vent permet de ressentir la vie. Après quelques tentatives infructueuses pour installer des colonies sur ces terres peu hospitalières, la nature a reprit ses droits et seules les différents albatros, otaries et rats peuplent cet ancien volcan.
Beaucoup ont peur de la solitude, du manque de technologie, de l’isolement mais moi je vois une page blanche, une occasion de me retrouver et de vivre une aventure hors du commun. Le camp est basé sur une autre île, Amsterdam, là bas une trentaine de personnes vivent en harmonie, tous les 14 mois des gens arrivent du continent et d’autres partent, les adieux sont toujours déchirants, vivre en petit comité loin de tout permet de créer des liens très forts avec vos compagnons d’aventure, ils deviennent un peu votre famille.
A peine le pied posé sur le ponton un grand brun la peau mate attrape mon sac et me fait signe de le suivre, il s’appelle Diego il vient d’Amérique Latine, son français est approximatif mais je le suit sans me poser de question, son sourire et son regard pétillants me mettent en confiance. Une jeune femme rousse prénommée Julie nous rejoint, nous avons le même âge et le feeling passe tout de suite entre nous. Rapidement notre trio devient inséparable, les journées sont ponctuées par des expéditions pour l’observation de la faune et la flore, prise de notes, clichés des différents occupants des côtes. Le soir nous nous retrouvons tous pour manger dans le grand réfectoire de l’île. Il y a des scientifiques de toutes nationalités, des chercheurs, un médecin car oui il y a un petit hôpital. On dirait une ville en miniature régit par un homme, Max, une sorte de Maire, ce petit homme au teint rougeot approche la bonne soixantaine c’est le plus vieux du site, il s’est installé il y a 15 ans suite à la perte de son épouse et de ses enfants dans un terrible accident de voiture.
Les six premiers mois sont passés très vite, je donne des nouvelles par le biais d’une radio et j’écris des lettres qui partent par bateau une fois par mois. L’éloignement avec mes proches ne me pose pas de problème je ne suis pas très “famille”, je commence même à appréhender mon retour, comment quitter ce paradis sauvage vierge de toute pollution?
Un jour alors que Diego était responsable de la radio il reçoit un message du continent qui dit qu’une épidémie de grippe fait rage au sein de la population, les personnes âgées et les jeunes enfants sont fortement touchées. On nous envoie bientôt un navire avec des vaccins pour nous préparer au mieux à notre retour et nous garder en bonne santé.
Nous attendons le bateau mais rien, les jours passent et le signal radio est de plus en plus mauvais, on ne comprend pas toujours les messages, il n’y a que des brides de mots, des cris parfois. Au bout d’un mois Max nous réunit dans le réfectoire pour parler de la situation, il a reçu un appel satellite des autorités, nous devons restés confinés sur l’île le temps que les choses rentrent dans l’ordre, plus aucuns bateaux n’a le droit de venir nous ravitailler de peur que le virus nous atteignent. A l’annonce de cette nouvelle certains paniquent d’autres pleurent, la colère, le désespoir tout est là. Je ne sais dire pourquoi mais mon instinct me dicte d’aller dans le labo et de prendre plusieurs échantillons de graines de différentes variétés de légumes, de plantes et de fruits. Sur notre île nous avons un potager et ce qui y pousse est plus que bio et de bonne qualité, les graines proviennent des différentes sortes de fruits et légumes cultivés sur les terres vierges de toute pollution, si le chaos arrive jusqu’ici je veux que vous sachiez que j’ai caché des graines dans l’ancienne conserverie sur l’Ile de St Paul, prenez les et faites les pousser pour vous nourrir.
La radio a cessé de fonctionner, plus de signal, nous sommes livrés à nous même sans aucun moyen de retourner sur le continent pour retrouver nos familles, d’ailleurs sont-ils en vie? La colonie a des réserves alimentaires, la pêche et nos plantations nous permettent de nourrir tout le monde pendant quelques mois mais il ne faudrait pas que cette situation dure. Le docteur a beaucoup à faire car les crises d’angoisses sont fréquentes. Hasard ou volonté d’équité nous étions 15 hommes et 15 femmes mais fasse à la situation angoissante tout le monde est sur un pied d’égalité.
La fin de mon monde est arrivée en même temps que cette étrange bateau. A bord des hommes, aucun scientifiques, ni militaires juste des personnes qui ont voler un bateau et ont navigué vers notre île pour sauver leurs vies. Sur le continent la situation est critique, l’armée a prit le contrôle et n’hésite pas a tuer la population au moindre signe de contagion. Au prix de beaucoup de violence ces fugueurs ont finit par arriver sur notre terre sacrée.
Ils ont beaucoup mangés, çà faisait des jours qu’ils n’avait plus de réserve sur le bateau. Max les a installé dans une cabane un peu a l’écart, ils ne sont que 6 mais leur présence nous met mal à l’aise. Les femmes sont observées sous toutes les coutures, leurs regards sont explicites, ils ont encore faim mais pas de nourriture.
Chaque femme doit se déplacer avec un homme à ses côtés, juste par précaution nous a dit Max. L’un des visiteurs est malade, il vomit beaucoup, au début on a pensé a une indigestion vu la quantité de nourriture absorbée mais il semble fiévreux et le blanc de son œil change de couleur, une teinte orangée injectée de sang. Il transpire beaucoup.
Hier deux scientifiques ont disparus alors qu’ils allaient relever les infos sur la qualité de l’air leurs corps ont été retrouvés sur la plage, leur chair a été déchiquetée, certains pensent que ce sont les otaries qui se sont senties agressées et qui ont attaqués mais Diego, Julie et moi avons regardés les vidéos de surveillance et le comble de l’horreur s’est déroulé sous nos yeux, trois des 6 visiteurs mangeaient nos amis encore vivants.
Les cannibales ont les mêmes symptômes que le premier malade, les yeux de couleur ambre, ils sont nerveux et se tiennent l’estomac car ils ont toujours faim. Ce qui m’inquiète c’est que certain de la colonie commencent à avoir les mêmes signes de maladie, est-ce le “virus” qui a décimé la population sur le continent? Le médecin de l’île tente de nous rassurer mais je vois sa main qui tremble, il transpire, la paranoïa m’envahie pour moi chaque personne sur cet ancien volcan est un danger potentiel. Julie a disparut a son tour, Diego et moi l’avons cherchés mais aucunes traces de notre amie au cheveux de feu. Comment a-t-elle fait pour disparaître sur une si petite île? Mon cœur se serre à la pensée qui lui soit arrivé quelque chose d’horrible.
En la cherchant je me suis aperçus que les animaux ont tous quittés le territoire, même les oiseaux ne volent plus au dessus du ponton. J’ai peur ce n’est pas normal, ils ont un instinct très développé, si ils sont partis c’est que le danger rôde. Diego et moi avons pris un peu de nourriture pour aller nous cacher dans la cabane qui sert pour l’observation des albatros, elle est en hauteur et on peut voir a des kilomètres. Mais arrivés a quelques mètres de notre cachette mon compagnon a commencé a beaucoup toussé et son comportement est devenu étrange, il n’arrête pas de dire qu’il a mal au ventre, les bras croisés sur l’abdomen il gémit…
Je n’aurais jamais crut en arrivé là, Diego s’est jeté sur moi, on s’est battus et sa tête a heurté une pierre, il y a beaucoup de sang, je crois qu’il est mort, ses yeux ont changé de couleur, il était devenu comme eux. Je suis seule maintenant, j’ai peur, mon corps frissonne, je suis dans la cabane et j’entends au loin des grognements, ce ne sont pas les animaux ils sont tous partis, le vent a cesser de souffler, il fait noir, je serre dans ma main le couteau de chasse que j’ai pris avant de m’enfuir, je vais me battre jusqu’à la fin ils ne m’auront pas. Pourquoi perdre un temps précieux a écrire dans mon journal au lieu de m’enfuir? Je sais que je n’ai aucune chance, toute la colonie est contaminée maintenant et ils ont faim, une faim qui ne s’arrêtera jamais, je ne veux pas devenir comme eux. Ils sont derrière la porte maintenant, j’entends Max qui gratte le bois, elle ne tiendra pas longtemps. La fin du monde est là adieu…
Félicitations Eloïse pour cette nouvelle participation,
on croise les doigts !
Merci beaucoup je croise les doigts aussi ????
Pas mal????????????
Il faut cliquer sur le like si tu as aimé ????
J aime bien!!!
Il y a une bonne trame, et ça me fait un peu au film "soleil vert". et aussi à l’actualité avec le coronavirus. Va-t-on en arriver là ?…
Que ferais-je dans cette même situation ? Je n’en ai pas la moindre idée mais le texte est angoissant à souhait. J’adore !
Merci encore pour ce beau texte.
Super Elo , j’ espéré que tu gagnera , tu le mérites !!!
Merci c’est gentil.