Noël 2011
C’est le 25 décembre, à la station Châtelet halles à Paris, je descends vers le quai de la ligne14, direction olympiade.
Un homme grand, me dépasse, il tousse grassement, il porte un anorak en toile de haute montagne imperméable à la couleur bleue décolorée par le soleil, il a la capuche serrée sur une cagoule de grand froid qui couvre tout son visage sauf les yeux, son gros sac à dos est protégé par une bâche élastiquée étanche, son sur-pantalon est de la même toile que la veste et serré sur des chaussures de montagne. Un explorateur polaire ?
Il s’assoit sans rien ôter, il tousse encore et encore, fuyant l’extérieur en fuyant tout le monde du regard, concentré sur sa détresse, je vois qu’il est épuisé et je comprends qu’il est à « la rue ».
Quel étrange spectacle, la détresse discrète de cet homme équipé en montagnard et cette station de métro ultra moderne où les rames sont automatiques et sans chauffeur, il m’est revenu sur l’instant les images du journal télévisé du matin.
On y voyait, passé en boucle, à l’aéroport de Roissy, des « naufragés de la neige » se plaignant de leur état, le reportage insistant sur ces infortunés ainsi que sur les mesures prises ou pas prises par les autorités pour cet événement qu’ils qualifiaient de manière obscène de tragédie !
Tandis que je m’éloigne lâchement et vaguement honteux vers la chaleur de mon foyer, je me dis que pour cet homme il n’y aura pas de miracle de Noël, ainsi que pour les milliers d’autres de ces semblables. Putain, je me sens responsable de gober ça sans réagir, jour après jour, toute cette misère obscène, vivement demain.