C’est alors que les années passèrent laissant derrière eux les meilleurs et les pires souvenirs, remplis de bonheur et de tristesse. Cette lointaine nostalgie leur a laissé une empreinte sur le cœur. Tant de méfiance s’est installée chez eux.
Le temps passait, mais ces hommes refusaient d’avancer sûrement fatigués par la dureté de la vie. Alors ils traînaient de rue en rue, de ville en ville à la recherche de leur mission de vie, ils étaient encore jeunes pour trouver leurs repères dans la vie.
Leurs proches se mariaient et commençaient à fonder une heureuse famille. Cela les rendaient tellement malheureux et renforçait au plus profond de leur être, cette solitude qui leur pourrissait la vie jour après jour.
Je les voyais roder, les bras ballants et le regard triste :
– Un jour, j’ouvrirai cette porte du bonheur, la porte de la libération ! me disaient-ils
Au fil des mois, rien ne changeait, ils broyaient du noir. Cigarette, alcool et télé, les seules activités qui occupaient leur vie dépressive. Leurs tenues négligées laissaient apparaître l’intense mélancolie qu’ils portaient en eux, leur conscience envahit par une douleur morale empêchant de se réjouir du reste.
Ces hommes n’avaient pas peur de tout perdre.Un frais matin d’automne, un peu avant l’aube, j’ai compris qu’ils avaient franchis cette porte quand ils m’ont dit :
– « Un individu n’ayant pas peur de perdre ses biens, ses opinions ou sa vie possèdent les biens les plus précieux, la liberté et la sagesse. »
La fameuse porte de la liberté. Elle était le remède de cette vie qu’ils considéraient malheureuse. Il est vrai que cette porte a cessé leur solitude permanente en faisant place à un profond sentiment de légèreté et de bonheur.
En réalité, cette porte leur a enlevé la vie.
La porte de la libération, autrement dit la porte du suicide.