Yelena s’éveilla doucement. La jeune femme était allongée sur un sol poussiéreux et commença à sentir des picotements le long de sa colonne vertébrale.
Où suis-je ? Comment ai-je pu m’endormir ici ? Son esprit était encore embrumé.
Aussi, elle sentait une présence tout près. Lorsqu’elle ouvrit les yeux, elle vit d’abord une silhouette lumineuse, puis elle distingua clairement l’homme qui se tenait au-dessus d’elle.
Yelena ne put s’empêcher de sursauter, et se redressa légèrement en s’aidant de ses bras. L’homme demeura immobile à ses côtés. La jeune femme jeta des regards inquiets autour d’elle, une étendue désertique les entourait, une maison se trouvait à quelques mètres, mais il y avait plus perturbant encore, comment avait-elle pu atterrir et s’endormir dans un endroit pareil ? Cela n’avait aucun sens dans l’esprit de la jeune femme.
Soudain, Yelena reprit conscience du regard de l’homme sur elle et releva la tête dans sa direction.
Ce n’est pas Gavin.
Elle ne connaissait pas cet individu, mais elle avait l’intuition qu’il ne lui ferait pas de mal.
Il portait des vêtements blancs en lin, son regard était doux selon Yelena, deux yeux bleus clairs expressifs.
– Suis moi, dit-il doucement. Il lui tourna le dos et se dirigea à pas lents, vers une petite maison en bois montée sur pilotis.
Yelena ne répondit rien, l’homme se retourna et lui fit signe de la tête qu’elle le rejoigne, avec un air bienveillant, pour autant la jeune femme doutait de ses intentions.
Je ne sais même pas où je suis, et si c’était un piège ? songea t-elle.
Finalement, Yelena se décida à le suivre, avait-elle un autre choix ? il n’y avait nulle part où aller de toute manière, et puis, il aurait très bien pu s’attaquer à elle, lorsqu’elle était encore inconsciente.
Au contraire, il avait patiemment attendu qu’elle se réveille.
Non, il n’avait pas l’air mauvais, peut-être qu’il y avait le téléphone dans cette maison, et qu’il l’aiderait à rentrer chez elle.
Yelena soupira et se dirigea vers la maison à son tour.
La porte émit un long grincement désagréable en s’ouvrant. Yelena regarda à l’intérieur, à sa grande stupéfaction, il faisait très sombre et l’homme n’était pas à l’intérieur.
La jeune femme déglutit et avança timidement.
– Il y a quelqu’un ? Où êtes-vous ? Appela t-elle.
Tout n’était que silence, la jeune femme remarqua également que la pièce principale était entièrement vide, à l’exception d’une vieille armoire située à sa droite. Yelena avait dû mal à s’adapter à l’obscurité de la pièce, l’angoisse commençait sérieusement à monter en elle.
Je dois partir, je dois partir.
Alors qu’elle s’apprêtait à se diriger vers la porte encore entrouverte, Yelena s’arrêta net en entendant un son familier, quelqu’un respirait bruyamment dans son dos.
La jeune femme eut l’impression qu’une décharge électrique traversait son corps. Au moment où elle se retourna complètement, une silhouette obscure et massive sortit de l’armoire pour se jeter sur elle.
Yelena poussa un cri en tombant.
Etait-ce le même homme qui avait patiemment attendu qu’elle se réveille ? Non, il n’était pas aussi grand, ou peut-être que si, la panique l’empêchait de résonner. En tout cas, cet homme- là était semblable à un ours.
La jeune femme tenta de se débattre en donnant des coups de pieds, mais son agresseur était plus fort et rapide. Il l’immobilisa facilement au sol en lui serrant très fort les poignets.
Yelena voulut crier de nouveau, mais elle craignait qu’il ne lui brise les os. Elle ravala ses larmes et se concentra pour déchiffrer le visage de l’agresseur qui demeurait encore dans l’obscurité.
Il se pencha sur elle, Yelena ferma aussitôt les yeux par réflexe, une larme se mit à couler le long de sa joue. Elle ne voulait pas le voir, sentir son souffle aussi près de son visage la faisait frémir de peur, c’en était trop.
Soudain, il l’empoigna par la gorge et dit sur un ton menaçant : « regarde » !
Yelena s’exécuta et étouffa un cri d’effroi en distinguant enfin le visage de son agresseur.
Il était chauve, la peau de son visage était grisâtre, ravagé de cicatrices de brûlures, comme si il portait une sorte de masque, mais le pire était ses dents, certaines avaient un éclat argenté et étaient légèrement pointues.
– Regarde, rugit-il de nouveau en collant son visage contre le sien.
Yelena étouffa un cri en plongeant son regard dans le sien. Son œil droit était opalescent, comme leurs visages étaient proches, elle pouvait clairement distinguer des reflets à l’intérieur, comme une sorte de labyrinthe translucide. Elle se sentit soudainement étrange, elle ne sentait pratiquement plus ses membres, un bourdonnement se mit à résonner de plus en pus dans son esprit et sa vision se troubla.
Le visage monstrueux de l’homme commença à se déformer puis se fragmenter sous ses yeux, jusqu’à devenir une sombre abstraction.
– Yelena ! Yelena, est-ce que tu m’entends ?
Gavin ?
– Yelena, je suis là, ça va, ça va, murmura une voix familière.
La jeune femme ouvrit les yeux, Gavin était aussi sur le lit près d’elle, il lui caressa doucement la tête, ils étaient dans leur chambre.
– Eh bien, ce devait être un sacré cauchemar, dit Gavin en riant.
– Je ne me souviens de rien, dit Yelena incrédule.
– Voilà qui est curieux…tu gémissais et puis, d’un coup tu t’es mis à te débattre. Tu n’arrêtais pas d’agiter les bras dans tous les sens, j’ai failli me prendre un coup.
– Oh non, je suis désolée, murmura la jeune femme embarrassée en cachant son visage entre ses mains.
Gavin émit un petit rire amer, puis dit : « sérieusement, il faut que tu te reposes Yelena. Je sais que tu penses encore à ce qui est arrivé à Allie, mais il faut que tu cesses de te culpabiliser ».
– Je sais, tu as raison, murmura la jeune femme.
Gavin jeta un coup d’oeil à sa montre, il embrassa Yelena et dit : « je reviendrai tôt ce soir, on pourra dîner dans le jardin, qu’en dis-tu » ?
– Oui, c’est une excellente idée, dit la jeune femme en se forçant à sourire.
Gavin n’y vit que du feu et lui rendit un sourire radieux.
– Vraiment, le jardin est magnifique, Nora a fait un boulot extraordinaire, tu vas adorer. A ce soir, Yelena.
Gavin n’avait pas menti, le jardin était effectivement magnifique. Le temps était parfait pour une promenade. Il faisait beau et chaud, la lumière du soleil donnait de l’éclat aux fleurs et aux plantes.
Yelena profita de la quiétude du lieu pour se recentrer sur elle-même. La jeune femme avait connu une année particulièrement difficile, sa grande sœur Ally avait disparu subitement, sans explication.
Yelena s’en voulait terriblement, même si cela faisait quelques années qu’elle avait quasiment coupé les ponts avec sa sœur aînée. La jeune femme pensait qu’elle aurait dû sentir qu’il y avait quelque chose d’anormal, Gavin avait beau la rassurer et lui répéter que personne ne pouvait anticiper ce genre de choses, la culpabilité la rongeait de l’intérieur.
Alors que la mélancolie commençait à la gagner, Yelena fut attirée par un bruit semblable à un tintement. La jeune femme traversa le jardin, et aperçut une femme brune derrière le portail de la villa, elle adressa un sourire étrange à Yelena.
– Bonjour, nous ne nous connaissons pas, je vis de l’autre côté de la rue, dit-elle avec un lourd accent étranger en pointant du doigt au loin. Je passe souvent dans le coin, nous avons déjà dîné avec Elizabeth et Tomas, vous les connaissez j’imagine.
– Oui, ce sont mes beaux-parents, ils sont en déplacement, Yelena se sentit bizarre en disant cela.
En fait, elle ne les avait encore jamais rencontré.
– Oh c’est merveilleux, puis-je entrer un instant ? Je ne vous dérangerai pas longtemps, c’est promis, Elizabeth et Tomas savent que j’aime beaucoup leur jardin. Je leur ai donné des graines de coquelicots il y a quelques mois, j’aimerai voir comment ils ont poussé.
Yelena hésita un instant, elle trouvait cette femme un peu étrange de se présenter ainsi, à l’entrée de la villa, mais après tout elle n’était elle-même qu’une invitée, il n’y avait aucune raison de refuser ce petit plaisir à cette femme.
– Oui, entrez, j’ai préparé une limonade.
– Merci beaucoup, j’en prendrai volontiers. Au fait je ne me suis pas présentée, je suis Mira.
– Enchantée, je m’appelle Yelena.
Après leur promenade au cœur du jardin, les deux femmes s’installèrent sur la véranda pour se rafraîchir. Mira sortit un éventail de la poche de sa robe, Yelena émit un petit sourire admiratif. Dès qu’elle l’avait vu, sa première pensée fut : cette femme a de la classe.
Mira avait des cheveux bruns mi-longs, elle portait un collier doré très fin et une robe vaporeuse en mousseline, elle avait l’air d’une bohème, tout droit sortie d’un conte fantastique.
Mira remarqua l’attention de la jeune femme sur sa personne et sourit en s’éventant.
– Je n’est pas tout à fait été honnête avec vous, dit la brune sur un ton étrange.
Yelena but une gorgée de limonade et la regarda sans rien dire, attendant la suite.
– Je ne suis pas venue uniquement pour profiter de la beauté du jardin. C’est vous que je voulais voir.
– Mais, pourquoi ? Dit Yelena avec un sourire gêné.
– Depuis combien de temps êtes-vous ici ?
– Nous sommes arrivés hier soir, mais pourquoi cette question ? répondit Yelena avec une pointe d’inquiétude dans la voix.
– N’ayez crainte ma chère, je ne suis qu’une simple messagère. « Il » m’a dit que vous l’aviez vu en rêve, vous êtes une personne réceptive Yelena n’est-ce pas ? Vous pouvez sentir et voir des choses que la plupart des gens ne perçoivent pas.
– De quoi parlez-vous à la fin ? Vous vous trompez sur moi, répondit froidement Yelena.
– « Il » est très intéressé par votre personne, je me mets en danger pour vous prévenir. Cette demeure regorge de secrets, deux options s’offrent à vous : soit vous quittez ce lieu sur le champs, soit vous acceptez votre sort, répliqua Mira en fixant la jeune femme.
Yelena sentit sa gorge se nouer, elle voulut répondre mais aucun son ne sortait de sa bouche.
Mira se pencha et murmura : « vous savez de qui je parle Yelena, vous avez vu… son visage ».
– Comment le savez-vous ? Et qui est cet homme ? Souffla la jeune femme, en se remémorant des scènes furtives de son cauchemar.
– Je sens ce genre de manifestations, c’est tout. Il s’est passé des choses inimaginables en ces lieux. « Il » est une entité, il est partout et nulle part à la fois, vous feriez mieux de vous méfier. « Il » est capable de prendre plusieurs formes différentes, à votre place je m’en irai rapidement.
– Mais…c’est insensé…et Gavin ? Ses parents ? Ils sont au courant des mensonges que vous proférez ? Vous êtes démente, dit froidement Yelena.
Sur ces mots,la jeune femme se leva brusquement de la chaise et tira Mira par le bras.
– Je vous interdis de revenir ici.
– Yelena, je n’ai aucun intérêt à vous mentir, mais croyez-moi, je ne reviendrai pas ici. Je suis certaine d’une chose, vous avez un don caché vous aussi. Faites attention à vous.
Yelena secoua la tête et ouvrit le portail, Mira s’en alla d’un pas pressé, mais lui adressa un dernier regard énigmatique.
Lorsque Mira disparut dans la rue, Yelena se prit la tête entre ses mains, puis pouffa de rire.
Cette Mira était une illuminée c’était sûr et certain. La jeune femme retourna sur la véranda et commença à débarrasser les verres, quand soudain elle vit une silhouette sombre entre deux chênes. Yelena lâcha les deux verres de ses mains, ils éclatèrent en plusieurs petits morceaux à ses pieds.
La jeune femme fut prise d’une peur panique. Elle avait déjà vu cette silhouette, cet espèce d’ogre sadique… son cauchemar de la veille lui revenait à présent en pleine figure.
Elle resta debout interdite, incapable de faire quoique ce soit.
Yelena reprit conscience d’elle-même quelques secondes plus tard, l’inquiètante silhouette avait disparu. Mais cela ne pouvait pas être une hallucination. La jeune femme se rendit compte avec terreur que Mira avait vu juste.
Elle se pencha pour ramasser les bouts de verre, elle rentra dans la maison et s’enferma à clé.
Sur le fond rien à dire, j’aime la description du personnage mystérieux, Mira est légèrement caricaturale comme bohémienne, et j’imagine que c’est voulu (je m’attendais à un vampire tellement tu as fait de focus sur la demande de permission à entrer)
J’ai envie d’en savoir plus, la situation est intrigante !
La forme mérite un peu de vernissage, si tu as besoin d’un coup de main, n’hésite pas sur le forum
Merci pour ton commentaire, je me suis fait plaisir en l’écrivant, mais je suis d’accord que cela a besoin d’être étoffé, je vois ce texte comme une ébauche.