11 octobre 2013
Demain ce sera le deuxième anniversaire de la disparition de ma petite sœur, cette fois-ci je serai encore dans un avion qui m’amènera à Lomé, pour l’instant je vogue entre d’Ajaccio et Marseille.
Sur l’eau, pas de tourments d’âmes, je peux souffler, sur un bateau, j’ai la paix, d’ailleurs je me dépêche de couper mon téléphone dès l’appareillage pour profiter pleinement de ce moment.
Je préfère les ports, il y a toujours un bateau qui part et simplement en le contemplant, on peut rêver d’embarquer et se débarrasser d’un petit spleen passager qui disparaît, soudain emporté sur la mer par ce navire entrevu.
Je me demande ce que tu en penses petite sœur, de mon agitation géographique ? Est-ce une fuite ou la poursuite pathologique de la nouveauté ?
12 octobre 2013
L’Airbus d’Air France se pose lourdement sur le tarmac de l’aéroport Gnassingbé Eyadema de Lomé, il est 20H30 à ma montre, 18H30 heure locale, quelques applaudissements de soulagements saluent le retour à la terre après six heures de vol dans une carlingue qui effectivement mérite son vocable de « bus ».
A l’entrée de la salle de contrôle des passeports, l’animation désordonnée peut surprendre le touriste, ici rarissime et je retrouve avec joie mon « facilitateur » habituel qui me fait passer les contrôles sans tracas, d’autant que je n’ai pas pris mon carnet de vaccination et mon visa.
A la sortie du bâtiment, comme toujours, le parfum sauvage de cette métropole portuaire me saute aux narines, et me rassérène, comme l’accolade d’une mère, me ramenant d’un coup à mon enfance et à tous les moments que j’ai vécu ici depuis 2008.
« Bonne arrivée » ! « Bonne arrivée » ! La bienvenue traditionnelle des togolais salue ma venue.
13 octobre 2013
C’est dimanche et le calme du quartier où j’habite, est rompu très tôt le matin par les décibels que les églises, les temples et les lieux de prière, déversent grâce à leur sono, comme si, le bruit produit était le reflet de la ferveur de leurs ouailles !
14/10/13
Déjà deux repas où j’ai mangé « fufu » (prononcer foufou !), j’adore ça, cette boule blanche élastique au grain très fin. Elle est obtenue par battage au pilon de l’igname (c’est une racine pas un lézard !) ébouillanté, à consommer immédiatement car elle ne se conserve pas.
On le déguste avec les doigts, en arrachant une petite portion que l’on trempe ensuite dans une sauce au poisson ou à la viande pimentée à l’extrême, un vrai régal et mon menu habituel ici. Je suis fou de Fufu !
Visite de nos clients sous un soleil torride, inspection des agents, contrôle de procédure, bref la routine.
Demain c’est TABASKI, l’équivalent de l’Aïd el Kébir pour les musulmans d’Afrique du Nord. J’ai acheté un mouton pour fêter ça dignement, mais acquérir un mouton la veille de la fête c’est une folie réservée aux riches, je l’ai payé le prix de cinq !
Du coup, je demande à ce que l’on me le présente en chair et en os, j’ai toujours rêvé de parler au mouton à cinq têtes !
Je paresse sur la terrasse de l’appartement, en regardant passer les femmes porteuses d’eau, qui ont inventé bien avant SFR le « kit mains libres » en trimbalant tout sur le haut de leur tête.
Les tourterelles roucoulent en dialecte local, parfois couvertes par un couinement exotique qui est en fait le pouêt-pouêt des vendeurs de « Fan Milk », sorte de yaourt glacé, qu’ils transportent dans une glacière poussée et montée sur des roues de vélo. La chaleur est orageuse et le ciel est gris, malgré une luminosité violente, avant ce soir nous subirons sans doute quelques averses brutales et puissantes qui s’arrêteront aussi vite qu’elles ont commencé, comme c’est d’usage en cette saison.
Doucement, je m’imprègne, comme un pinceau trempé et tourné dans la couleur, du rythme de l’endroit pour ramener ma perception du temps avec celle qui règne ici, et vivre sur la même tonalité.
Le ”fufu” miam miam. Pourquoi le chiffre 31? Salut du Cameroun. :))
C’est mon trente et unième Pen par ordre de publication.