Hummm….des caramels au lait ! Ceux de mon enfance…Je ne devrais pas céder mais comme d habitude, …je cède ! Ben oui, après tout ce ne sont pas quelques caramels qui vont me tuer, non ? Et la vie ne dure qu un temps, faut en profiter qu ils disent tous. Alors j en profite. J achète le sachet de caramels fondant, et repars le sourire aux lèvres me trouver un coin tranquille telle une fillette qui aurait dérober le pot de confiture pour s en délecter en cachette.
Ah voilà j ai trouvé. Ce petit banc en bois posé au cœur d un ensemble de massifs fleuris , tout proche de la cascade du Daize est parfait. Je m assieds et remarque de nombreuses gravures faites à la hâte ou avec minutie dans le bois tendre. Je ne suis donc pas seule à apprécier cet endroit, cela ne m étonne pas. C est calme. Surtout aujourd’hui. Ils sont tous à la fête du village. Je les rejoindrai plus tard. J ai envie de savourer mes caramels loin des regards…et puis le cœur n y est pas. Il est ailleurs. Loin très loin de ce monde. L an dernier, il s est envolé d ici, et n est jamais vraiment revenu. Il aura suffit d une fraction de seconde pour que ma vie bascule, ce jour-là. Une douleur vive. Le noir. Plus rien. Mon cœur a cessé de battre. Je suis morte.
Enfin je serais morte si personne n était passé par là au même moment. Mais un joggeur est passé. Il a tout de suite compris, et m a sauvée. Mon cœur a recommencé à jouer du tambour. Les médecins m ont expliqué qu il jouait faux, qu il n avait pas la bonne partition. L orchestre avait besoin d un nouveau musicien pour tenir la cadence. Mais on ne savait pas si on trouverait le candidat idéal. On ne l a toujours pas trouvé d ailleurs. Alors je dois suivre un régime stricte, éviter tous les efforts. Je ne vis plus, je survis en attendant…depuis un an tout juste.
Alors j ai bien le droit de manger des caramels pour fêter ça ! Et si je meurs, ben zut quoi…j ai déjà gagné un an de plus sur mon heure fatidique, je devrais être morte, et j en ai marre d attendre le cœur du premier accidenté qui serait compatible avec moi. Attendre la disparition d un être cher à sa famille, pour moi vivre plus longtemps….ça paraît macabre, mais c est pourtant ce que je fais depuis un an, ce qu espère mes proches de tout cœur. Cette idée folle me permet de tenir. Au final, je lui permettrai aussi de vivre en moi encore un peu.
J’ouvre le sachet, prends un caramel et retire du mieux que je peux son emballage transparent un peu englué dessus à cause de la chaleur. Comme mon tee-shirt sur ma peau d ailleurs… je transpire. Je devrais rentrer au village. Oui, …après. Après mon caramel. Je le dépose sur ma langue impatiente. Les premières notes sucrées commencent à danser dans ma bouche. Je savoure cet instant. Un instant bref, intense. Les yeux fermés, je sens le bonbon caramélisé fondre délicatement et se transformer en une pâte mielleuse distillant toutes ses saveurs contre mon palais. Un régal inégalable !…