Du néant au frisson. Chapitre 35.

4 mins

Eliya

J’ai passé la nuit dans les bras d’Antoine. Je n’avais pas pensé une seule fois à Axel, et je commençais à me poser des questions, sur ma morale. Est-ce que j’étais vraiment ce genre de fille ? Le genre de fille qui couche à droite et à gauche ? Celle qui ne sait pas faire de choix ? 

On avait passé toute la journée ensemble. Et je n’avais eu aucune nouvelle d’Axel. Est-ce que j’avais pensé à lui pendant que j’étais dans les bras d’Antoine ? Non. Est-ce que je pensais à lui maintenant qu’Antoine était parti ? Oui. 

C’est dans ces moments-là qu’on a besoin de ces amies. Mais je n’avais pas le courage de leur écrire. Pire, elle n’était au courant de rien et je n’avais pas envie de prendre le temps de tout leur expliquer. 

Je les aimais, bien évidemment, mais quelque chose avait changé. Moi. Je ne suis plus celle qu’elles ont connue. Je ne suis plus cette fille, qui écoute et ne dit rien. J’ai changé, parce qu’ils m’ont fait changer. Et quand je dis « ils », je parle de tous les gens qui sont entrés dans ma vie sans mon autorisation. 

J’ai regardé plusieurs fois mon téléphone. Je l’ai même éteint et rallumé, pour savoir s’il ne beuguait pas. Visiblement, tout allait bien. Axel n’avait pas écrit. Et puis merde ! Je ne vais pas constamment courir après lui. Est-ce que je l’avais déjà fait ? Non. 

Dans tous les cas, il faudra que je règle cette situation. Je ne pouvais pas garder les deux. Même si l’idée me traversait l’esprit, je n’étais pas comme ça. 

On avait tous rendez-vous, chez la psy pour notre fameuse « réunion groupée ». Ça ne me dérangeait pas. Ou du moins plus. On avait « appris » à se connaître. On en avait vécu des choses depuis la semaine dernière. Trop de choses même. 

Je me suis rendu au rendez-vous, visiblement j’étais encore la dernière, décidément…

— Eliya, on attendait plus que vous. 

Je ne répondis pas au médecin, je me suis installé à côté d’Antoine. 

— Bien, reprit le docteur. J’espère que vous allez tous bien, aujourd’hui. J’ai su que vous aviez eu rendez-vous chez votre avocat hier, comment cela s’est passé ? 

— Vous nous posez vraiment la question lui dit Antoine.

— Oui, je vous la pose. 

— Vous devez déjà connaître la réponse non ? 

Antoine était tendu, je le sentais, pas seulement à sa manière de répondre au médecin, mais à sa façon de se tenir. Il serrait les poings fort, ses phalanges devenaient blanches. 

— Avez-vous quelque chose à me demander Antoine ? 

— Oui ! Pourquoi nous avoir caché que vous aviez fait le bilan psychologique de ce connard, qui a gâché nos vies ? 

Le docteur nous regarda tour à tour, cherchant de l’aide dans l’un de nos regards, mais nous voulions tous la réponse à cette question. Elle prit une grande inspiration avant de répondre.

— Je ne vous ai rien dit, car je suis tenu au secret médical… 

Antoine lui coupa la parole.

— Secret médical j’étais sûr que vous diriez ça. Vous le sortez à toutes les sauces, si c’était tellement un secret, comment ça se fait que nous soyons au courant ? Comment expliquez-vous cela ? 

— Tout simplement, la date du procès a été fixée, et vous êtes en droit de connaître tous les noms des experts. 

— Mais pourquoi avoir accepté de nous suivre et de faire son bilan ? demanda Julien.

— Parce que je suis le médecin référent. Je n’étais pas seule à exécuter ce bilan, nous étions trois. J’ai été désigné comme porte-parole pour le procès. C’était plus simple de faire intervenir le moins d’individus possible. Il faut que vous compreniez que c’est tout à votre avantage. 

— Peut-être, mais vous auriez dû nous le dire, lui dit Maria. 

— Vous sentez-vous trahie par cette nouvelle ? 

Personne ne répondit de suite. 

— À votre silence, j’en conclus que oui. 

— Évidement qu’on s’est senti trahie. On ne vit pas quelque chose de simple ces derniers temps. Vous êtes la personne la plus stable dans notre entourage. Enfin, je parle pour moi lui dis-je. Mais je pense que les autres seront d’accord avec moi. 

— Je comprends ce que vous me dites. Mais il faut que vous compreniez que je n’ai rien fait qui puisse vous nuire. Je suis là pour vous aider. En toute circonstance. 

On prit la peine, de lui expliquer chacun à notre tour, le sentiment que l’on a eu en sortant de chez l’avocat. La non-compréhension, ressentie pour la raison de sortie évoquée. 

Elle nous écouta, comme elle savait si bien le faire. 

On a fini la séance, dans le calme et non dans le chaos comme je l’imaginais. 

Je dis à Antoine que je voulais rentrer seule ce soir. Que j’étais un peu fatigué et que je voulais prendre un peu de temps pour moi. Car les derniers jours avaient été plus que mouvementés. 

Il comprit de suite. Il n’insista pas. 

Sur le chemin du retour, j’ai décidé de prendre le temps, de savourer l’air qui se faisait plus frais aux files des jours. D’admirer le ciel, gorgé d’étoile. J’ai allumé une cigarette, je faisais le point sur les derniers évènements. En l’espace de deux semaines, j’avais plus vécu que ces neuf derniers mois. 

J’arrivais devant le restaurant ou Axel bossait avant. Avant toutes ces histoires. J’ai sorti mon téléphone pour lui envoyer un message. J’avais décidé de ne plus faire ma tête de cochon. Et il me manquait. Puis il fallait que je lui parle. 

Mais en relevant la tête, je l’ai vu. Il était là devant moi. Le bras autour des épaules d’une autre. 

Il ne m’avait pas vu. Je sentais la colère montait en moi. 

Je décidai de quand même lui envoyer un message.

Eliya : Dire que je culpabilisais pour ce que j’avais fait. Mais te voir avec elle, m’enlève cette culpabilité. 

Je le regardais fouiller dans sa poche. Il lut le message et releva la tête me cherchant du regard. 

Quand il me vit, il enleva son bras de cette fille. Mais c’était trop tard. 

Le mal était fait. À l’un comme à l’autre. 

Je suis rentré chez moi, sans même me retourner. 

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bbbbbbb ccccccccccccc
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2 années il y a

Serena a raison, le bouton j’aime ne fonctionne plus.

bbbbbbb ccccccccccccc
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2 années il y a

Ça se complique de plus en plus et à tous les étages, tu as l’art de créer des chutes inattendues.
Pour le "factuel", je partage la colère des victimes, c’est quand même une trahison.

B. Serena
2 années il y a

aah tu vois, je pense que ça arrive mais il faut revenir un peu après et refresh la page :)) super partie ! je les comprends, elle me met mal à l’aise la psy parce qu’elle dit qu’elle fait ça pour eux mais elle fait surtout son travail, c’est une situation énervante

bbbbbbb ccccccccccccc
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2 années il y a

Ça y est, j’ai poussé le bouton, j’aurais été déçu!

DeJavel O.
2 années il y a

Content d’apprendre au sujet du bouton « J’aime » qui tombe en panne. Que d’amour je n’ai pu donner sur ce site alors qu’il fallait juste recharger la page, sans doute était-elle épuisée d’avoir trop donné.

Mais pour ce qui est du chapitre, oui effectivement c’est une excellente chute. Eliya aura beaucoup à réfléchir. Elle pigera peut-être que dans le néant de l’existence, les conséquences existent belles et biens. Et Antoine avec son triste projet… ouf. Et son éminence la thérapeute qui se croit au dessus de la mêlée, qui « comprend », mais qui ne devine rien. Je n’en peux plus. Albert Camus, sort de ce récit !

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