Eliya
On s’est laissé emporter par notre baisé. J’ai suivi Axel, jusqu’à chez lui. Toujours sans rien se dire. Un accord silencieux, entre nous. Ne rien dire, pour ne rien gâcher. Juste ses mains, les miennes, nos baisers, nos corps. On ne pouvait se détacher l’un de l’autre. Comme l’impression de manquer d’air, si l’on ne se touche pas.
Cette dépendance est née du premier jour. Au premier regard. À la première parole. Même si ni lui ni moi, ne savions encore dans quoi on s’était embarqué. Même si c’est tumultueux, ça en vaut la peine. J’ai tenté de m’en persuader à chaque fois que je l’ai laissé entrer chez moi, après nos colères.
Ici, étendu sur son lit, agrippant ses draps, j’en suis sûr, ça en vaut la peine.
Évidemment, au petit jour, toutes les angoisses refont surface. Le soir, je suis sûr de ce que je veux et ressens, et au matin tout s’estompe. Un retour à la réalité, dur à assumer. Et aujourd’hui mon retour à la réalité porte un nom, il s’appelle Antoine.
Je me souviens, de tous ces livres lus, ou la fille tombe amoureuse des deux garçons. Le sentiment d’incompréhension, que j’avais à son égard, priant, pour que l’auteur fasse le bon choix. Qu’il choisisse le bon garçon. Pour moi, aimer deux personnes de la même manière, c’est impossible. Désirer deux êtres ? Inenvisageable.
Et pourtant, je suis prise entre deux feux. D’un côté, Axel, dont je ne connais pratiquement rien, colérique, violent mais avec qui je me sens vivre.
De l’autre, Antoine, lui aussi je ne connais pratiquement rien de sa vie. Avec lui je me sens aussi vivre, mais pas de la même façon. Et puis, surtout, nous avons un drame, qui nous lie. Pour toujours.
J’aimerais pouvoir avoir les deux près de moi, sans qu’ils ne soient blessés. Mais aller expliquer ça à deux garçons, qui ne se connaissent pas, et qui pour le peu de fois se sont croisé ont failli se battre.
Alors une fois n’est pas coutume, je me suis glissé hors du lit, délicatement, j’ai rassemblé mes affaires et j’ai voulu partir.
— Tu pars encore comme une voleuse.
Je me suis figé devant la porte d’entrée. En me retournant, Axel était debout dans l’encadrement de la porte, en caleçon.
— Je ne voulais pas te réveiller, lui dis-je.
— Tu comptais peut-être aller chercher le petit déjeuner ?
Je le regardais, gêné.
— Pas vraiment.
— C’est bien ce qui me semblait. Tu vas le retrouver ?
J’étais surprise par cette question.
— Non.
Il s’approcha de moi.
— Alors pourquoi tu pars ?
— Je… Je ne sais pas.
Il s’approcha encore plus près, je pouvais désormais sentir son souffle.
— Alors, reste.
— Je ne peux pas.
Il se recula.
— J’te comprends pas Eliya !
J’avais du mal, à accepter ce changement d’humeur.
— Il n’y a rien à comprendre !
Il m’attrapa par les épaules.
— Si ! Explique-moi ! Pourquoi t’es venu hier ? Pourquoi t’es rentré avec moi ? Pourquoi t’as passé la nuit avec l’autre ?! Qu’est ce que tu attends de moi putain ?!
Il me faisait mal, et peur.
— Lâche-moi Axel ! Tu me fais mal ! Arrête !
Il se rendit compte de ce qu’il faisait et me lâcha d’un coup.
— Excuse-moi je ne voulais pas…
Je n’ai pas attendu une minute de plus, j’ai ouvert la porte et je suis partie en courant.
— ELIYA…
J’ai dévalé les escaliers, par chance il ne me suivait pas. Mais je ne me suis pas arrêté pour autant. J’ai couru, jusqu’à ne plus avoir de souffle.
Quand je suis rentré chez moi, je me suis dirigé directement vers la salle de bain. Je suis entré dans la douche et j’ai fait couler l’eau chaude, sur mon corps. Je n’ai pas pu retenir mes larmes plus longtemps.
Une fois, mes larmes et ma peur lavées, j’ai mis la musique. J’avais besoin de bruit. De plus en plus fort. D’une musique entraînante. Une musique sur laquelle je pourrai danser, sauter, crier, oublier. Alors j’ai lancé « Your love — ATB ». Je ne me fiais pas aux paroles, trop d’amour, juste le son.
J’ai pris la bouteille de tequila, dans le placard. J’ai allumé une clope et j’ai commencé à danser, boire et fumer. Je me foutais de l’heure. Je me foutais de ce que mes voisins pourraient dire. Je me foutais de tout. J’étais perdue.
Bon, ça va pas être facile de choisir.
Les deux sont les deux faces de sa personnalité.
Exactement !
Oh ! La scène est puissante ! Wooo j’adore !