Du néant au frisson. Chapitre 46.

4 mins

Axel

À peine m’a-t-elle répondu, que j’ai claqué la porte de chez moi. Sur le trajet, je me suis dépêché. Ce que j’avais à lui dire n’était franchement pas vital, mais j’avais l’impression que si je ne le faisais pas rapidement, tout pouvait arriver. À n’importe quel moment. 

Je suis arrivé en même temps qu’elle devant son immeuble. 

— Salut, je croyais que tu ne bougeais pas de chez toi ? 

— C’est le cas, je rentre.

— Indiscret de te demander, ou tu étais ? 

Elle sourit.

— Je te raconterai peut-être, quand tu m’auras dit ce qui ne va pas. 

On entra chez elle, et on se dirigea automatiquement sur sa terrasse. Il faisait beau aujourd’hui et on pouvait profiter du peu de chaleur que le soleil nous offrait. On alluma une clope, tous les deux. Plus je passais du temps avec elle, et plus je remarquais qu’on avait les mêmes réflexes, les mêmes gestes. 

— Alors qu’est-ce qui t’inquiète ? 

— Antoine. 

— Comment ça ? 

— J’ai peur qu’il déraille complètement. Hier, on a passé un grand moment ensemble, du coup on a parlé de ce qu’il s’était passé. Même si j’aurai sûrement réagi comme lui, il a des idées un peu plus extrêmes que les miennes. 

— Il veut le tuer ? 

— Oue… 

— Je sais. 

— Tu sais Eliya, tabasser quelqu’un c’est une chose, aller jusqu’au bout, c’est autre chose. 

— Je sais. Mais il faut que tu saches, que je suis d’accord avec ce qu’il a fait.

— C’est-à-dire ? 

— C’est-à-dire que si tu n’avais pas été là, si aucun de vous n’avait été présent, je l’aurai laissé le tuer. 

Elle avait le même regard que celui d’Antoine. Et j’avais peur, peur pour elle. J’allais devoir redoubler d’efforts pour les préserver jusqu’au procès. 

— Je pensais que tu voulais attendre le procès.

— C’est ce que je veux, je t’assure, mais l’avoir en face de nous, l’entendre parler, dire des choses horribles… Ça ne fait qu’attiser, mon désire de le voir mort. 

— Je comprends ce que tu veux dire. J’ai déjà ressenti ça. Mais d’une manière différente. 

— C’est-à-dire ? 

— Tu commences à me connaître, tu sais mes réactions, la colère que j’emmagasine. J’ai déjà ressenti ça, mais jamais au point de devoir passer à l’acte. 

— Alors, tu ne ressens pas la même chose que nous. Je suis désolé Axel. Mais c’est la vérité. 

— On ne le saura jamais de toute manière. Mais ça n’empêche pas qu’Antoine me fasse peur. J’ai peur qu’il se rende à l’hôpital, et commette l’irréparable. 

— Tu penses qu’il en est capable ? 

— Ce que je pense, c’est qu’actuellement tu es la seule personne capable de l’en empêcher. 

Elle ne répondit pas à ce que je venais de lui dire. On fuma une autre cigarette, avant que je reprenne la parole. J’avais le sentiment que si je la laissais cogiter à ce que je venais de lui dire, elle en prendrait conscience, et elle ferait tout pour l’en empêcher. Quitte à passer tout son temps avec lui. Même si ça me rendait fou, j’avais accepté de lui laisser le temps de réfléchir, pour faire son choix. J’avais pris la décision d’attendre que leur affaire se tasse. Et c’était la meilleure chose à faire pour ne pas la perdre. 

— J’ai le droit de savoir, maintenant, d’où tu revenais tout à l’heure ?

Elle me fixa un moment, je voyais qu’elle pesait le pour et le contre, et j’avais encore plus envie de savoir ce qu’elle faisait. Était-elle avec lui ? L’avait-elle rejoint dans la nuit ? 

— Je suis allé voir notre avocat. 

J’étais surpris par sa déclaration, mais tellement soulagé qu’elle ne l’ait pas rejoint. Mais je compris de suite qu’elle y était allée pour lui. Pour le protéger un maximum.

— Tu y es allé pour Antoine ? 

— Oui. Mais pas que. J’ai sa voix qui tourne en boucle dans ma tête Axel. 

Ses yeux commençaient à briller, ils se gorgeaient de larmes. 

— Je n’arrive pas à faire en sorte de ne plus l’entendre. Alors comme je ne vois pas le psy avant lundi, j’ai décidé de faire la seule chose rationnelle, et qui peut tous nous protéger. En parler à quelqu’un qui pourra démêler la situation. Quelqu’un qui connaît l’histoire, et qui fera en sorte qu’il soit puni pour tout ce qu’il a fait et dit. 

— Et il a trouvé une solution ? 

— Il m’a demandé de repasser à 18h30, il fallait qu’il passe des coups de fil pour en savoir plus. Le fait que Collins n’est pas encore portée plainte était bon signe. Enfin, c’est ce qu’on pense, on ne sait pas dans quel état il est. 

— Oue, je vois le truc. C’est vrai qu’on ne sait pas dans quel état il est. En tout cas, sache que je serai là quoi qu’il arrive. S’il faut plus que ma déclaration aux flics… Et je suis sûr que Kim sera là aussi. 

— Merci. Je suis tellement désolé de t’avoir embarqué dans cette histoire. Si je n’avais pas cherché à te retrouver… À comprendre pourquoi tu te battais… Si je t’avais laissé tranquille…

— Ne dit pas ça, c’est moi qui tenais temps à te parler. N’oublie pas je t’ai adressé la parole le premier. 

Je réussis à lui arracher un sourire. 

— Merci d’être là. 

— Ne me remercie pas, j’ai envie d’être là. Encore plus maintenant que je connais toute l’histoire. 

On passa le reste de la matinée ensemble, sur sa terrasse, au soleil. À midi, on s’est commandé des pizzas. Tout était plus léger. Elle me parlait de ses parents. Je lui parlais des miens. Elle me racontait, que ses parents l’emmené régulièrement en week-end près de l’océan. Et ça me donna une idée. L’idée pour garder tout le monde sous la main. Pour que personne ne vrille. 

— Et si on partait ? 

— Comment ça ? 

— En week-end ! Tous ensemble. On est hors saison ! On trouvera facilement quelque chose à se louer. Et puis ça vous changerait les idées ! On partirait tous les six, près de l’océan. Loin de cette ville maudite, loin de l’autre connard. 

— Tu oublies une chose. 

— Laquelle ? 

— Il faut que tu arrives à tous nous faire grimper en voiture. 

C’est vrai que j’avais oublié ce détail, cinq traumatisés de la route, réunie en voiture. Puis il faudrait prendre deux voitures et je ne sais pas si l’un d’eux se sentirait capable de conduire aussi longtemps. Je réfléchissais à une solution. 

Je me mis à sourire, j’avais trouvé ! 

— Qu’est-ce que tu as derrière la tête ? 

— La meilleure solution ! On n’a pas besoin de voiture pour aller à Biarritz. On a le train ! 

Elle se mit à sourire à son tour, contente de cette trouvaille. 

— J’écris aux autres de suite ! T’es génial Axel ! 

Il ne me restait plus qu’à attendre leurs réponses, et à trouver un truc à louer. J’espérais que ça se fasse. Pas seulement pour eux, mais pour moi aussi. J’allais pouvoir passer plus de temps avec elle. Et ça me viderait la tête à moi aussi. 

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bbbbbbb ccccccccccccc
bbbbbbb ccccccccccccc
2 années il y a

Voilà la meilleure idée possible.
Mais …
Je préfère attendre.
J’espère qu ce ne sera pas trop long.

DeJavel O.
2 années il y a

Cette phrase : « qu’on avait les mêmes réflexes, les mêmes gestes. »
C’est une très belle façon de montrer que les deux s’aiment.

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