Du néant au frisson. Chapitre 51.

4 mins

Eliya

Je ne savais plus quoi faire ni penser. Les filles avaient bien essayé de me réconforter, Julien de me calmer, rien n’y faisait. J’avais l’impression de vivre un triangle amoureux, dévastateur, qui entraînait tout le monde sur son passage. Il fallait que je me ressaisisse. Que je reprenne les choses en main. C’était trop, parti trop loin. Et je ne voulais pas gérer ça en plus. Je devais prendre une décision, et même si elle paraissait injuste, tout le monde ne pouvait pas être heureux.

Quand les filles et Julien m’ont quitté, j’ai verrouillé ma porte. De toute manière, je ne comptais pas dormir, donc pas besoin de la laisser ouverte.

J’avais posé mon sac sur le lit, et rassemblé tout ce que j’en avais sorti. C’était décidé. Je savais ce que je devais faire. Au bout d’une heure à peine, quand tout le monde est sorti de ma chambre j’ai entendu frapper.

J’avais reconnu la voix d’Axel.

— Eliya, c’est moi, Axel tu dors ?

Silence, je ne répondis pas. Ne bougeais plus du tout. Heureusement, j’avais pensé à éteindre la lumière.

Il essaya d’ouvrir la porte. Je l’entendais pousser, mais rien. Quelques minutes après, je reçus un texto.

Axel : Eliya, je suis désolé pour ce soir, j’aimerai m’excuser en personne, laisse-moi t’inviter à boire un verre demain dans Biarritz. Tu dois sûrement dormir, mais je suis désolé.

Évidement je ne répondis pas. J’ai mis mon portable en charge et j’ai attendu.

J’ai attendu tout le reste de la nuit. Et ce ne fut pas si long que ça.

À 5h15, je suis sorti de ma chambre. J’ai pris mes affaires et j’ai cherché un bout de papier. Faute de rien, j’ai déchiré une feuille de sopalin, et j’ai écrit.

« Salut tout le monde, pas d’inquiétudes. Je suis rentré. Profitez bien. Eliya »

Il n’y avait pas besoin de plus. C’était suffisant.

Je suis sorti, en dégainant mon téléphone, pour appeler un taxi. Le premier train était à 6h09, et je comptais bien le prendre.

J’étais assise devant la maison, quand je les ai entendus. Il était 5h40.

Axel parlait fort derrière la porte d’entrée.

— Elle ne doit pas être bien loin, putain elle n’est quand même pas partie à pied !

— Je n’en sais rien. On va aller voir dehors lui répondit Antoine.

Axel ouvrit la porte dans un geste brusque, et au même moment mon taxi se rangeait dans l’aller. Je me suis levé en trombe.

— Eliya ! Putain non !

J’ai à peine eu le temps de jeter mon sac dans la voiture, qu’il refermait déjà la portière devant moi.

— Eliya !

— Laisse-moi Axel, laissez-moi tous les deux ! Je ne veux pas vous voir.

— Mais Eliya laisse-moi te parler. Tu ne vas pas partir !

— Si je vais partir ! Et à cause de vous deux !

— Non reste, juste le temps qu’il s’explique Eliya et après tu pourras partir si tu le veux.

— Parce que ça y est, vous êtes redevenu les meilleurs potes du monde ? Bande d’hypocrites !

Le chauffeur de taxi s’impatientait, il sortit de la voiture en demandant ce qu’il se passait. Antoine sortit un billet de 50 euros de sa poche, prit mon sac sur la banquette arrière et dit au chauffeur qu’il pouvait repartir que c’était une erreur.

J’étais furieuse.

Je sentais la colère m’envahir, les larmes me montaient aux yeux, j’étais fatigué et plus qu’énervé.

— Je vous préviens je vous laisse deux minutes chacun pour vous expliquer, leur dis-je.

— C’est court répondit Axel.

— Tu veux vraiment jouer maintenant Axel ?

Je le menaçais avec mon regard, qui je l’espérais était le plus noir.

— Non, désolé, écoute, tu es fatiguée, tu n’as pratiquement rien dormis et hier soir, on s’est excusé avec Antoine. Tout est rentré dans l’ordre. Fais-nous confiance.

— Je ne fais que ça Axel, depuis que t’es entré dans ma vie. Mais là, c’est trop. Je n’arrive plus à gérer. Et je ne veux plus avoir à gérer.

Il baissa les yeux et ne répondit rien, Antoine prit la parole à sa place.

— Eliya, tu dois, le croire, enfin nous croire. On a parlé hier soir. On a mis les choses au point. On ne veut que ton bonheur. Mais c’est vrai qu’on aimerait qu’il se passe avec chacun de nous. Laisse-toi la journée pour réfléchir. Tu es fatigué ne part pas sur un coup de tête à cause de nous. Va te reposer, prends le temps de réfléchir, et si tu veux vraiment rentrer chez toi, tu le feras. Mais pas tout de suite. Pas sans dire au revoir aux autres. Pas sans leur expliquer.

— Parce que c’est moi qui devrais expliquer ? C’est moi qui dois justifier tout ?

— Je ne dis pas ça.

— Si tu le dis.

Je pris mon sac qui était posé par terre et je rentrais dans la maison. J’ai grimpé les escaliers, et ils étaient sur mes talons. Je me suis arrêté au premier étage sans me retourner.

— Je vais me reposer. Je ne veux parler ni à l’un ni à l’autre. Pas besoin d’envoyer des messages non plus. Je ne répondrai pas. Quand je serai prête, je reviendrai vers vous. Mais maintenant, vous me foutez la paix.

Ils ne dirent rien. Le silence planait. J’ai rejoint ma chambre, en prenant soin de la fermer à clés derrière moi et je me suis écroulé sur le lit.

Morte de fatigue.

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bbbbbbb ccccccccccccc
bbbbbbb ccccccccccccc
2 années il y a

Incroyable, aucun des trois n’est responsable, c’est ce qui fait la force de ce passage.
Une impasse!

B. Serena
2 années il y a

Laissez la tranquille à la fin, les hommes punaise….

bbbbbbb ccccccccccccc
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2 années il y a

J’adore le "punaise", solidarité féminine, ils sont amoureux et malheureux coccinelle!

DeJavel O.
2 années il y a

…triangle amoureux, dévastateur, qui entraînait tout le monde sur son passage. Il fallait que je me ressaisisse. Que je reprenne les choses en main. C’était trop, parti trop loin.

—>Et je ne voulais pas gérer ça, EN PLUS.

Je devais prendre une décision, et même si elle paraissait injuste… (Le EN PLUS est désigné ici : renoncer à ses parents et affronter la vie seule SEULE sans eux) …tout le monde ne pouvait pas être heureux.

Eliya est, dans son développement personnel, une personne incapable de choisir, car choisir c’est renoncer. Or, on sait qu’elle est en retard dans son processus de deuil, parce qu’elle est incapable de dire adieu à ses parents, comme elle est incapable de dire adieu à Antoine ou à Axel.

J’adore ce roman

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