Nouveau Départ – 2. Changement de décor

4 mins

    Le train, c’était très surfait. Et carrément pas « dingue » contrairement à ce qu’avait pu s’imaginer Tarik. Il fallait dire qu’en ayant comme seules références en la matière Harry Potter et Le Pôle Express, la réalité était bien décevante. La gare était bondée de gens pressés qui ne regardaient même pas où ils allaient. La plupart ressemblaient à des automates ou de mauvais remake du lapin trop pressé d’Alice au pays des merveilles. Tarik se sentait oppressé dans cette ambiance bruyante. Heureusement que Madame Virelle gérait la situation, car lui n’avait qu’une envie : s’enfuir de là en courant.

Il se fit violence pour suivre la petite silhouette rebondie de son accompagnatrice sans broncher. Elle emprunta différents chemins, descendit dans un souterrain, remonta sur un quai un peu moins chargé que les autres. Tarik soupira de soulagement en constatant qu’il n’allait pas devoir rester agglutiné contre des étrangers qui faisaient des mouvements trop rapides de la tête, passant de leur smartphone et l’écran qui annonçait l’arrivée prochaine du train. Ils allaient se démettre une vertèbre à cette allure…

Le train entra enfin en gare. Les vibrations à son approche n’étaient pas rassurantes, mais bien moins désagréables que le crissement des freins sur les rails. Le jeune homme grimaça à ce son qui lui vrilla les tympans, puis s’approcha sans se méfier d’une des portes d’un wagon qui ne tarda pas à s’ouvrir. Quelle erreur ! Bientôt il se fit engloutir par un flot de passager qui descendaient à toute allure. Lorsque l’afflux se tari enfin, il ne savait plus où donner de la tête.

Madame Virelle posa une main douce et bienveillante sur son bras. Il retrouva ses repères grâce à elle et monta à sa suite dans la voiture. Ça n’avait rien à voir avec ces vieux trains au charme rétro. Les sièges ressemblaient à ceux d’un bus avec leur revêtement coloré et rêche aux motifs géométriques. Tout le reste était en plastique. C’était si… lisse. Ni vieux, ni moderne, une sorte d’entre deux qui ne faisait pas rêver. Madame Virelle se dirigea vers un carré de 4 places qui était libre. Il suivi le mouvement, tracta sa valise dans le compartiment au-dessus de leur tête et posa ses fesses en face de son assistante sociale.

    Le trajet fut long et silencieux. Pour une fois, Madame Virelle lui avait épargné ses babillages incessants. Elle avait pris avec elle son ordinateur portable puis s’était laissée absorber dans son travail. Tarik avait vissé ses écouteurs à ses oreilles et avait attendu que les kilomètres défilent en regardant distraitement par la fenêtre.

Finalement, ils arrivèrent en gare de Nantes. Après avoir remballé leurs affaires, ils s’étaient frayés un chemin jusque le parvis de la gare. Madame Virelle se frottait les mains et regardait tout autour d’elle. Il ne faisait pas froid, c’était un signe d’agitation. De ce qu’avait comprit Tarik, elle avait déjà rencontré M. Humbert. Pourtant ces retrouvailles la rendait nerveuse. Bien plus que lui, visiblement, qui ne savait pourtant pas à quoi s’attendre. Soudain, l’assistante sociale se redressa et brandie sa main l’air. L’adolescent suivi le mouvement des yeux jusqu’à ce que son regard se pose sur un homme qui imitait sa chaperonne. Ce dernier s’approcha à grande enjambée et ne mis pas 20 secondes à les rejoindre.

M. Humbert était un homme d’au moins 1m90. Il avait des jambes qui paraissaient trop longue par rapport au reste de son corps svelte, bien que légèrement rembourré au niveau du ventre. Ses traits marqués par les rides d’expression. A en juger par les pattes d’oies qui striaient les coins de ses yeux bleus, il devait rire beaucoup. Tarik lui donnait au moins 60 ans, ce qui pour lui se rapprochait dangereusement du 3ème âge. Pourtant, quelque chose dans son attitude le rajeunissait. Il était souriant, dégageait une sorte d’aura de douceur, de calme, de bienveillance. C’était un mix étrange entre l’expérience ressentie d’un vieux sage et la joie de vivre naturelle d’un enfant. Un mélange aussi déroutant que fascinant qui captiva l’adolescent.

    – Madame Virelle ! Stéphanie. Je peux vous appeler Stéphanie ?

    – Bien sûr M. Humbert, aucun problème !

    – Appelez-moi Christian, je vous en prie. Et tu dois être Tarik ?

En plein dans le mille, se dit ce dernier. Il baissa la tête en guise de salutation et bafouilla un « oui m’sieur » à peine audible. M. Humbert -Christian- les enjoignit à le suivre jusqu’à sa voiture. Ils avaient encore une bonne heure de route avant d’atteindre leur destination finale. Christian et Stéphanie entamèrent une discussion a laquelle l’adolescent ne se mêla pas, préférant se perdre dans la même contemplation qu’il avait adopté dans le train.

Ils s’éloignèrent rapidement de la ville pour gagner des paysages bien plus désertés. Enfin, « désert » n’était pas tout à fait le mot, mais pour un jeune qui n’avait jamais rien connu d’autre que le béton des cités, ça avait quelque chose d’aussi mort que de vivant. Peu d’humains au kilomètre carré, beaucoup de champs. Des animaux dans ceux-ci, le long de la route. Des habitations qui se faisaient de plus en plus éparses. C’était un peu inquiétant, mais c’était aussi étrangement rassurant, apaisant.

    – Alors Tarik, comment trouve-tu le changement de paysage ?

Comme s’il lisait dans ses pensées, Christian venait de poser en mot ce qu’il était en train de méditer.

    – Euh… ça change.

    – Oui ! Stéphanie était en train de me dire que tu n’étais jamais venu à la campagne. Tu vas voir, ce n’est pas si terrible que ça en à l’air. On s’y habitue vite.

    – D’accord.

    – Et puis, l’océan est tout près de la maison.

    – Ah bon ?

    – Oui, tu verras.

L’océan ? Ici ? Mais il n’y avait que des champs ! Il n’avait pas du tout l’impression d’être proche de la mer. Cependant, quelque chose dans l’air qu’il était incapable d’identifier lui faisait dire que Christian ne mentait pas.

Madame Virelle se tourna vers lui pour lui offrir un sourire, puis la voiture s’arrêta devant une immense maison qui avait l’air de dater du moyen âge. Tarik se demanda pourquoi ils s’arrêtaient ici. Allaient-ils faire du tourisme avant d’arriver ? Christian descendit du véhicule puis entreprit de sortir leur bagage du coffre. C’est seulement à ce moment que Tarik comprit que cette demeure était celle dans laquelle il allait passer l’année à venir. Il en était sans voix.

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3 Commentaires
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bbbbbbb ccccccccccccc
bbbbbbb ccccccccccccc
2 années il y a

Un vrai conte de fées, campagne, mer et belle demeure, Tarik a bien de la chance!

bbbbbbb ccccccccccccc
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2 années il y a

Il n’y a aucune contrainte, je commente tout ce que j’aime.

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