Le Corps – Partie 4

4 mins

Le Corps – Partie 4

Acte 1 – Bloc 1 – Beat 3 : Réaction immédiate à l’élément déclencheur

762 mots 

La semaine précédant notre départ pour Salem avait été consacrée à la préparation de mes questions pour Mary Grimmins. Le Corps, de son côté, utilisa ma carte de crédit pour son shopping en ligne. Ses nouveaux vêtements militaires lui donnaient un look sexy qu’elle sembla apprécier. Ma sécurité était sa top-priorité, je ne sus dire pourquoi. Heureusement pour ses angoisses, la dernière livraison d’équipement militaire arriva le matin de notre départ. Le livreur annonça, comme à l’habitude, un colis pour « Buddy de la Forge. » Je dûs corriger pour « Body » qui se prononce un peu différemment en anglais. Le Corps déchira le carton avec précipitation pour enfiler sa rutilante MK46 à l’épaule, une mitrailleuse capable de convertir un veau en pâtée de viande. Les deux fusils d’assaut M16 et un AK-47 plus léger allèrent rejoindre les munitions dans le coffre de mon vieux Humvee. Avant de prendre la route, je demandai au Corps de se dresser l’arrière-train, ce qu’elle fit en ajoutant un déhanchement aguicheur. Il faisait bon de la voir se laisser aller à sa bonne humeur naturelle. J’appliquai un ruban adhésif utilisé en plomberie pour sceller un petit morceau du mur peint à la couleur de la peau sur son attache musculaire féminine, celle située au bas du dos, juste au-dessus du bassin. 

    Le Corps se détacha du mur et son premier geste fut de me sauter au cou !

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    Cette démonstration de joie fut de courte durée. Elle enfila son nouveau leggings kaki et se palpa le cul. Satisfaite de sa silhouette, rehaussée par son couteau militaire sanglé à sa cuisse, elle vérifia la chute de sa ceinture à pistolet. Une peinture de guerre sur le visage, des lunettes teintées et tout lui parut convenable. Je la vis flotter un moment et opter pour une caisse de munitions supplémentaire. 

    Nous partîmes enfin.

    La Nouvelle-Angleterre offre un spectacle admirable en automne. Le coloris du feuillage prend des couleurs flamboyantes qui engendrent l’émerveillement de tous. Nous mîmes la radio et je chantai aux paroles de Bob Dylan alors qu’elle claquait des doigts en se tortillant pour m’accompagner, le visage rayonnant de bonheur. Le cœur léger, nous nous enlaçâmes comme les amoureux que nous étions, enfin rieurs et libres d’entreprendre le plus beau projet qui soit, redonner sa liberté à cette âme en errance. 

     J’avouai au Corps qu’elle avait transformé ma vie. J’avais été triste, j’étais maintenant heureux, j’étais refermé et solitaire, j’avais enfin quelqu’un à qui je pouvais tout dire, j’avais été rempli de regrets, je me sentais désormais prêt à lâcher prise. Mon bonheur avec elle était presque parfait. Je l’enserrai avec passion et nous aurions quitté la route à quelques reprises si elle n’avait pas corrigé la direction pendant mes élans de tendresse complètement fous.

    À Plymouth, nous prîmes la route scénique vers le nord pour suivre la côte Atlantique en direction de Boston. Comme je tenais à détendre le Corps, j’arrêtai le véhicule près de la plage municipale de Devil’s beach, momentanément enveloppée dans un banc de brouillard. 

     Le Corps tenta de me dissuader mais devant mon insistance pour aller sur la plage, elle sortit la première en se jetant sur le coffre pour enfiler son hache viande à l’épaule. Je réceptionnai un AK-47 les yeux levés, l’air d’en avoir marre de cette attitude hypertendue qui revenait au galop après s’être calmée une petite heure. C’était le premier conflit que nous vivions en trois mois de vie commune. J’insistai pour marcher sur le sable, main dans la main, malgré son sac de munitions qui nous séparait et le ruban d’alimentation qui lui passait sur l’épaule. 

    Il ne fut pas long avant que nos pas ne se synchronisent, ça nous arrivait tout le temps. Nous nous surprenions souvent à bouger ensemble et ça nous faisait rire. Nous étions comme ça, deux êtres désireux de s’aimer, tendres l’un pour l’autre, parfois un peu trop protecteurs, c’était bien là notre seul défaut.  

    Je ne vis rien venir. 

    Le Corps ouvrit le feu. 

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     Son canon cracha dans la brume opaque. J’aperçus bientôt des taches sombres à travers le brouillard, d’étranges bêtes aux ailes désarticulées hurlant dans les aigües. La plage se couvrit bientôt de boulettes de chair rouge alors que la MK46 balançait ses obus dans un tonnerre assourdissant. Je sortis de ma torpeur et ouvrit le feu. L’air saturé de bruines se remplit d’un mélange de parfum d’entrailles soufrées et d’odeur de poudre à canon. 

     Le silence revint. Même la mer à nos pieds semblait morte. 

    Je relevai ma casquette. « Allez ! dis-je. Nous allons être en retard. »

————

O. veut se rendre à Salem

Mais lui et le Corps sont attaqués par les forces du mal

Alors ils utilisent les armes pour se défendre 

   

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1 Commentaire
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P. Maryse
2 années il y a

Ouh là ça se complique pour eux…arriveront ils entier chez Mary Grimmins ?
Et joli corps dis donc à tes côtés !

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