4 minsCHAPITRE 13
Possédé par la psychose, Bob n’arrête pas de surveiller ses arrières. Ils sont à ses trousses, et ne le lâcheront pas tant qu’ils n’auront pas eu sa peau. Sa vie ne tient plus qu’à un fil. Traversant l’avenue Rivoli, il se glisse dans la foule. Voilà un bienfait de la surpopulation. Il est plus facile de se dissimuler. Pour Bob, il ne lui reste plus qu’un seul lieu où il peut se sentir en sécurité : « Le Connolly’s Pub ». Dans la bouche du métro, les gens sont entassés. Un passant prévient Bob que son nez se remet à saigner. Il fait pression avec un mouchoir. L’ancien pansement à du se décoller à cause de l’explosion. Il s’en recolle un nouveau sur son arrête. En fixant la vitre du métro, il fait face à son reflet. Sa gueule cassée n’est pas belle à voir. Lorsque il remonte à la surface, il est satisfait de constater que malgré l’heure tardive, les ruelles sont toujours autant bondées. Il déambule une clope au bec. La luminosité des lampadaires, l’empêche d’ouvrir pleinement les yeux. Les Klaxons et les bruits des moteurs lui provoque un de ses mal de crâne, pas aidé par la fumée suffocante. A chaque fois qu’une voiture s’arrête à proximité, son corps se tend, perturbé par l’idée qu’une balle va traverser son crâne à un moment ou un autre. Il se sent comme une proie chassé par une menace imperceptible. Enfin, il met pied à destination pour son plus grand soulagement, surveillant une dernière fois que personne le suit. Il s’assoit à l’écart dos au mur et bien en face de l’entrée. Il dépose son béret sur le comptoir et sort les dernières pièces qui traînent au fond de sa poche. Bob est plus qu’étonné lorsque un barman fait son apparition derrière le comptoir.
-C’est pas Nathalie ce soir ?
-Je l’a remplace. Ca fait quelques jours qu’elle ne se sent pas bien.
Bob est contrarié par cette annonce. Voir un visage familier et bienveillant lui aurait fait le plus grand bien. Il commande son habituel gin tonic dans l’espoir que cela lui procure un léger réconfort .
Bob ne pouvait rejoindre son bureau. C’était bien trop dangereux. Après avoir pris toute les précautions possibles pour ne pas se faire traquer, il rejoint l’appartement de Nathalie en espérant qu’elle voudra bien lui offrir l’hospitalité. Il n’a pas trouvé d’autres solutions plus fiable. Personne de malveillant n’est susceptible de savoir qu’il entretenait une relation avec elle. Et surtout, il ressent une intense envie de la voir. Malheureusement, jamais elle ne l’avait accueillit avec tant de froideur. Après qu’elle lui est demandé d’où venait toute ses blessures apparentes sur son visage, plus aucun mot n’est sortie de sa bouche. Elle semble absente et vide lorsque elle prend place en face de lui, assise autour de la table Ikéa boiteuse. Le détective souffle dans sa tasse de café pour le faire refroidir. Il espère que l’atmosphère pesante s’apaisera vite. Gêné il se gratte le haut du sourcil avant de prendre la parole.
-Je suis désolé de venir à l’improviste et te demander ça, mais j’ai quelques soucis en ce moment. Est-ce que je pourrais crécher quelques temps chez toi, le temps que je puisse me sortir de toute cette merde ?
Sans prévenir, Nathalie s’effondre en larme. Devant une tristesse si soudaine et si profonde, Bob se surprend d’éprouver au fond de lui, une grande peine. Après le probable décès de son fils puis de son divorce avec Julie, il s’était juré de ne plus s’attacher à personne. En ce moment même, il constate avoir échoué. Il passe sa main sur la sienne et lui demande ce qu’il ne va pas. Nathalie déchire une feuille d’essuie tout pour sécher ses larmes.
-Dominique… Il a disparut… Quand je suis partit le récupérer chez son ami, il n’était pas là. Il n’y a jamais été… La police pense que c’est une fugue. Mais je connais mon fils, jamais il en serait capable…
-Tu penses à un enlèvement ? Lui demande Bob, la voix tremblotante.
-Oui, je ne vois que ça de plausible. Répond t’elle en tombant de nouveau en sanglot.
Bob s’excuse et se lève brusquement de la chaise les jambes flageolantes. Il se réfugie dans la salle de bain. Après avoir fermé la porte, il s’agrippe sur le lavabo. Sa respiration devient de plus en plus difficile. Ses poumons sont entrain de le lâcher. Asphyxié, sa vue se trouble. Nathalie frappe contre la porte demandant de ses nouvelles. Bob trouve la force d’y répondre qu’elle n’a pas à s’inquiéter. Pour essayer de se calmer, il s’efforce à se faire resurgir des souvenirs agréables. Malheureusement, ils se trouvent bien loin derrière lui. Ils ne sont plus que des fantômes lointains d’un passé maintenant inaccessible. Des chimères inexorablement trépassées à jamais. Il s’écroule sur ses genoux, puis se recroqueville sur lui même. Pour se détendre il compte dans sa tête à chaque expiration. Au bout de longues minutes atroces, sa respiration redevient à la normale. Il se passe un coup d’eau sur le visage, et prend une grande rasée de sa flasque à whisky. Malgré qu’il soit encore pâle, il rejoint Nathalie assise dans son canapé, la tête plongée dans les paumes de ses mains. -Nathalie… Je sais des choses… L’élégante brune rapproche son visage du buste de Bob. ses grand yeux marrons embués de désespoir sont plongées dans les siens.
-Que sais tu ? Dis le moi !
Bob la serre contre lui.
-Je ne peux rien te dire. Je ne peux pas t’impliquer dans cette affaire. C’est bien trop dangereux pour toi et c’est bien trop tôt pour savoir si elle implique ton fils…
-Tu as une idée de ce qui lui est arrivé?!
-C’est trop tôt pour en parler… Crois moi
Nathalie lui passe une photo de Dominique.
-Fais moi la promesse de le retrouver.
Bob tremble. Il y a quelques années, Julie lui avait demandé de faire la même promesse. Il avait échoué.
-Je te le promet. Dit-il.
Sachant pertinemment au fond de lui que s’il échoue. Il n’aura plus aucun échappatoire et ne ressortira plus jamais des enfers.
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