Hortense a obéit. C’est ainsi. Dans la vie, il y a des libres et des prisonniers, ceux qui attachent ou sont attachés, les actifs et les passifs. Elle a cherché un petit cabinet dans son quartier, pas trop cher, juste de quoi essayer. Pour voir. Elle a vu.
Le doctor Meller n’est pas de ces grands maîtres de la psychanalyse que l’on divinise dans un dernier espoir. Sans doute voit-il dans la médecine quelques folies hasardeuses qu’une main viendrait à apaiser, mais l’attrait porté à l’espèce humaine dépasse. Peu importe la force et les connaissances, il s’agit de soigner, panser, non de guérir. Cette dernière étape, Meller la laisse au patient. Par modestie, et parce la responsabilité de supprimer une part de soit est dure, et lui fragile. C’est donc ainsi qu’est arrivée un matin une jeune femme au chignon impécable, pâle, presque tremblante. Hortense ne redoutait pourtant pas ce rendez-vous plus qu’une visite à la maison de retraite, mais une fois dans le bâtiment, elle avait été soudainement prise de frissons incontrolables. Une fois assise dans un affreux canapé rouge, elle était pourtant parvenue à se maîtriser, juste assez pour expliquer les raisons de sa venue. Le docteur l’avait écouté sans rien dire, un petit carnet bleu posé à ses côtés. Elle était perdue, voilà tout, perdue dans son monde, sa ville, sa maison. Meller avait noté l’appartenance que sa patiente donnait à chaque nom commum. Ma vie, ma journée, mon métier. Sans juger un éventuel égoïsme, il avait également retenu l’effort fourni par Hortense à parler d’une voix monotone et ferme, comme si son récit s’apparentait à une liste de faits et gestes à réciter. Il n’était pas question de revenir sur un propos ou d’interrompre une phrase. La détermination mise dans chaque mot le surprenait autant qu’elle lui paraissait légitime. Hortense n’était visiblement pas à son dernier souffle et tenait à métriser la situation.
– Je ne suis pas folle, juste perdue.
– Cela tombe bien, je ne connais rien de la folie. Peut-être nous a-t-elle déjà tous atteint, sourit Meller en rebouchant un stylo.
– Je fais quoi ? Demanda Hortense posément.
– Commencez par me dire si vous cherchez une clé ou un chemin. Ensuite on partira.
Une clé ou un chemin ? C’est intéressant comme question.
Hortense et sa parfaite maitrise de soi… elle sent que quelque chose craque. Ce sera intéressant de voir, mais qu’en est-il de son départ pour l’Inde ? Une psychanalyse dure des années… Je suis puzzled, mais je demeure votre dévoué lecteur, chère Maëlle (ou devrais-je dire chère Anonyme_0901 ? – Nous aurions la même date d’anniversaire ! Ça alors !)