Chapitre 9 : Forme bizarre
Samedi 17 septembre – dans la rue – 22h
Il est à peine 22h, nous étions arrivées à la soirée tôt, mais n’en pouvant plus, je me suis enfuie rapidement. Je sors mes écouteurs et les branches à mon téléphone. Je vais directement sur ma playlist de musique calme, elles vont me permettre de mieux me recentrer. Je cours presque pour revenir dans mon cocoon qu’est mon lit mais encore une fois je percute quelqu’un.
Nous grognons en même temps sur l’impact, je veux crier sur la personne mais tombe rapidement sur un regard vert envoutant.
– Emil, dis-je, alors qu’il dit Nora lui aussi en même temps.
On se fixe dans les yeux quelques secondes avant que je me rende compte qu’il m’a appelé par mon surnom.
– Nora ? dis-je, ne lui avant pas dit ce surnom, que seul mes parents l’utilisent.
– Oh désolé c’est sorti tout seul…
– Non non c’est bon, tu peux utiliser le surnom, dis-je surprise de moi-même. Qu’est-ce que tu fais là ? lui demandé-je en rangeant mes écouteurs.
Je suis de nouveau surprise alors que j’engage une conversation alors que je voulais absolument rentrer dans ma chambre. Mais il a fallu un regard vert et une couleur grise pour que je sois apaisée.
– Balade, dit-il simplement, j’avais envie de prendre l’air. Je faisais beaucoup ça avant avec ma meilleure amie, rajoute-il sur un besoin de se confier j’imagine. Et toi ? en fronçant les sourcils voyant sûrement les restes de mon trouble.
Deuxième fois que cette fameuse meilleure amie est mentionnée mais malheureusement au passé, je ne dis rien et espère rien de grave pour cette amitié.
– Je rentrais d’une soirée.
C’est à son tour de levé un sourcil, j’imagine qu’avec le mot anxiété, il ne s’imaginer la petite Nora aller en boîte de nuit. Je me vexée légèrement mais il faut se l’avouer je suis du genre timide, dans son coin, pas vraiment à sortir.
– Je suis allée avec ma coloc mais je ne me sentais pas bien, dis-je avant de rajouter que j’ai eu mal à la tête.
On se regarde encore dans les yeux. Je ne sais pas vraiment pourquoi ces yeux m’attire autant. Il détourne les yeux avant et me dit qu’il peut me raccompagnée.
Et c’est ce que nous faisons, en silence dans la nuit, il me ramène devant mon immeuble. Ces dix minutes dans le silence ne nous dérangent pas. J’imagine qu’on se retrouve toutes les deux dans nos pensées. Les siennes sur sa meilleure amie et les miennes sur moi, sur mes émotions. Je compte mes respirations et pense à une joie quelconque dans ma vie pour me recentrer sur mes émotions.
On se tient à quelque centimètre et peut-être que ça aide à ne pas trop plongée dans notre monde et restée dans la réalité.
Petit à petit ça marche, je ne ressens plus les émotions des autres qui peuvent rester encore après que je les ai ressentis et ça tombe bien car on arrive devant l’entrée. Après une bonne nuit et un bon dimanche échangé, je rentre et le regarde s’éloigner.
Je gravis les escaliers et vais directement me coucher après cette longue journée.
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J’ai passé mon dimanche devant l’ordinateur échangeant entre relecture de cours et séries, le weekend se fini rapidement, à mon désespoir, je pourrais rester tellement longtemps dans mon lit sous ma couette.
Les cours et journées de lundi et mardi passent lentement, je n’ai pas de nouvelle d’Emil et n’ose pas lui envoyer un message. Nous avons pris l’habitude de manger ensemble le soir avec Natalie. On mange assise l’une devant l’autre au restau universitaire parlant de tout et de rien.
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Ce n’est que mercredi que je croise finalement Emil dans les couloirs à la pause déjeuner.
– Salut, comment vas-tu ? me demande-t-il alors qu’on s’assoie tous les deux sur une table en bois à l’extérieure devant la cafète.
J’achetais un sandwich là-bas quand je n’ai pas beaucoup de temps pour le déjeuner pour aller au restau, comme aujourd’hui où je dois enchaine plusieurs travaux dirigées juste après pendant toute l’après-midi.
– Ça va normal, dis-je par habitude passant mes jambes par-dessus le banc pour m’assoir.
– Comment ça ? me demande-t-il directement après.
– Eh bien ça va bien mais sans plus, un peu fatiguée par les cours de ce matin et pas spécialement hâte pour ceux de l’après-midi, j’avoue que je ne les ai pas beaucoup préparés. Il n’y a rien qui fait que ça ne va pas particulièrement bien ni pas bien, expliqué-je.
Il sourit légèrement et je peux admirer ces fossettes sur ces deux joues.
Nous parlons tranquillement, je ne peux m’empêcher de regarder ses yeux, il m’attire. Pourtant je sens quelque chose qui me dérange mais je ne sais pas comment l’exprimer, ni le nommé.
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Et se fut ainsi dès que je croise Emil dans les couloirs devant un amphi ou une salle, je me plonge toujours autant dans ces yeux verts mais en plus de leurs beautés, il y avait quelque en plus.
Le vendredi de notre option, nous sommes assis l’un à côté de l’autre, je tourne la tête de temps en temps et observe ses mains taper à toute vitesse sur son clavier d’ordi.
Il sent que je le regarde, c’est-à-dire deux secondes après, qu’il recommence à taper à une vitesse plus normale. Puis il plonge son regard forêt dans mes yeux bruns et me sourit avant de se reconcentrer sur le professeur. Ce petit jeu dura tout le cours puis le déjeuner mais avec l’arrivée de Natalie, je me concentre sur un autre regard.
Après avoir mangé et les remerciant d’avoir fait cela avec moi, je pars vers mon cours d’art. La salle étant ouverte toute la journée nous pouvons y aller quand nous voulons dès le cours d’introduction passé.
Emil rentra dans son appartement et Natalie alla à la bibliothèque avant de rejoindre son option, qui est plus tard dans la journée.
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J’entre dans la salle et salue ma professeure, je prends le nécessaire et m’installer devant une grande feuille blanche, un crayon à papier à la main. Je pose enfin la pointe du crayon et laisser court à mon imagination.
Le dessin tourna finalement dans un besoin d’extérioriser mes doutes sur Emil, un visage facilement reconnaissable comme le sien, avec une forme bizarre autour de lui.
Je me concentre sur le dessin, je peux voir ce regard si intense et cette forme au-dessus de sa tête, qui l’entacher, ce n’était pas un danger pour moi puis-je voir plus distinctivement. C’est assez en comparaison avec l’émotion que je perçois de lui. Un gris. Gris qui me semble apaisant.
Enfin, il est toujours apaisant pour moi mais je crois comprendre une certaine balance dans sa vie. Un équilibre entre les bonnes et mauvaises choses, d’où le gris. Mais cet équilibre peut-il être déranger ?