Un célèbre philosophe français dit ou disait :
“Un matin comme tous les autres, Un nouveau pari, Rechercher un peu de magie, Dans cette inertie morose…”
Alors avec tout le respect que je vous dois Monsieur Daho, un matin comme tous les autres, on peut pas dire que ce matin-là fut un matin comme tous les autres. Et d’une parce que je crois que ma tenue ressemblait à une œuvre de Picasso. Tous les cartons étaient mélangés, j’ai pas retrouvé toutes mes affaires, et bien entendu anticiper ah ben ça j’avais pas prévu. Et de deux parce que je le sentais pas super ce premier jour je sais pas pourquoi.
Pour le nouveau pari, je confirme effectivement, un nouveau pari. Mais pourquoi ?, je suis pas très joueuse en réalité. Mais qu’est ce qui m’a pris ?!
Rechercher un peu de magie, mais est ce que là nous sommes au stade de magie, non je parlerais plus de miracle.
Mais qu’est ce que je fous ici, fut ma première idée, à peine les portes du bâtiment passées.
Dans cette inertie morose, ah ben là je sens qu’on est pile poil dans l’inertie morose, j’en ai déjà des angoisses.
Tout comme un bateau en plein naufrage, je cherche désespérement les secours, pour me sortir de cette situation. C’est à peine rentrée dans le bureau du manager que j’avais vu en entretien, j’ai su que ma place était partout sauf ici.
Il commence à me décrire tous les projets, tous les serveurs et les solutions mises en place. Hein ? qui a dit tu vas prendre un poste plan plan, tu vas te cacher là en attendant la retraite ? Qu’il vienne me le dire en face ? qu’il vienne avec moi dans cette galère …
Je me rends compte alors que le gap entre mon expérience technique et le travail et l’attente qu’on a sur moi est plus qu’un gouffre. Je suis maintenant certaine que ça va être dur et que ma période d’essai est loin d’être validée. Je m’aperçois là que je suis tout bonnement dans la merde. Bien entendu quand je dirais ça à ma famille le soir, ils diront mais non tu exagères. Les mots que tu aimes pas entendre car ils te mettent encore plus la pression. Et mon “je vous l’avais dit” passera comme, non ça c’est une nouvelle info, tu l’avais pas dit.
Il me présente un sujet pour lequel j’ai bien senti que c’était un dossier foireux, un peu pourri. Il se pourrait bien que je sois pressentie pour en être responsable (hé pardi). Je sens qu’on me teste.. je sens que je peux pas refuser, je sens à ce moment même que que je suis en période d’essai.
En même temps je me dis c’est cool vu que je vais être larguée sur tous les autres sujets pour lesquels on pense que j’ai les compétences alors autant repartir de 0 sur un nouveau sujet qui n’a rien à voir avec les autres. Mais je me sens pas au top de ma forme et ma santé mentale est un peu en berne. Je sens que je me suis mise dans une sacrée merde.. les prochains jours vont me le dire.
Quand soudain, on toque à la porte, et un responsable pointe le bout de son nez, il a été embauché une semaine avant moi et c’est mon responsable d’équipe qui me dit qu’on m’attend au sous-sol. Ah oui direct au sous sol ? mais . mais .. pour une .. une formation ? soulagée je le suis mais je suis perplexe .. une formation pour mon premier jour comme ça direct !
Stratégiquement, je me dis que ces quelques jours de formation, vont me permettre de gagner du temps sur les sujets du quotidien. ça sera toujours ça de gagner.
Mais à peine arrivée, je m’aperçois qu’ils ont commencé la veille, donc j’ai raté tous les préceptes des bases.. la présentation et me voilà dans le vif du sujet mais dans le plus grand inconnu. C’est comme si j’avais raté les cours de chirurgie pour ouvrir un corps et qu’on me dit allait vas y opère.
Tout le monde se découvre ou me découvre dans une indifférence la plus totale autour de la table. Des personnes semblent faire partie de mon équipe et d’autres non. Aucune présentation, la formation continue comme si personne n’était arrivée en plein milieu.
Hé salut les gars, en fait vous en avez rien à foutre que je sois là ou pas ? Et si on faisait un petit résumé de ce que vous avez vu hier en formation ? Non ? on continue ! On y va direct comme ça sans préliminaires ? Ok ok, me voilà dans une formation ou je ne comprends rien. J’arrive même pas à raccrocher un seul wagon et il semblerait que nous ayons cette formation jusqu’à la fin de semaine.
Je me dis, bien ça, ça va me permettre de gagner du temps avec les sujets du quotidien.
Mais cette formation me rappelle à quel point je suis en retard sur de nombreux sujets auxquels je devrais être confrontés dans les prochains jours et mois s
Un stress m’envahit, une petite voix me dit “Merci d’avoir joué avec nous, même joueur rejoue encore”
Pause café (enfin), ça me permet de voir un peu l’ensemble de l’équipe avec laquelle je suis censée travailler. En grande partie, ils ont l’air sympas. Une personne sort du lot, je ne sais pas quoi penser de lui, il semble bienveillant. Mais un truc me gène. Il est un peu bizarre quand même, il s’appelle Arthur.
Mais, ça sera le seul au retour de la pause qui me fera un petit récap de ce qui avait été dit la veille.
Enfin, un peu d’humanité, je suis finalement un peu rassurée.
Après une petite pause café de 45 min. Oui une petite pause café, le formateur nous attendait (non sans blague) et de multiples allusions appuyées par certaines personnes, m’indiquant que pour assurer une bonne intégration, il fallait peut être se rendre à la boulangerie demain matin, nous voilà reparti en enfer. Mon collègue direct, ne parle pas trop. Il est super sportif comme une grande partie des personnes ici visiblement.
Note à moi même, se remettre au sport peut être pourrait aider mon intégration. A voir..
Je glane plus de précisions (enfin j’essaye), mais il semblerait que la coutume ici est de faire de la rétention d’infos.. sur le boulot et ce qui se passe autour. Mais oui ça serait pas marrant d’avoir une information claire et complète du premier coups.
Je me sens fébrile intellectuellement et physiquement. Je mets cela sur le coup du stress, du déménagement sous le déluge, enfin de tous ses derniers changements. Mais je ne veux même pas penser que je pourrais être malade à ce moment là de ma vie. Impossible d’être malade maintenant, en pleine intégration, alors je continue à faire des journées de folie pour essayer de me mettre à niveau, pour essayer de répondre à un challenge que l’architecte de cette entreprise m’a demandé de relever.
Il s’agit d’une nouvelle solution que je dois mettre en place sur une nouvelle technologie, alors je dois dores et déjà, oublier l’aide le joker “Aide d’un ami”. Car bien entendu, personne autour de moi n’a déjà réalisé ça. Et, c’est comme de par hasard que c’est tombé sur moi. J’ai choisi alors le joker 50/50, je vais bien finir par trouver un truc sur le net ? non !
Quand j’essaye d’en parler à mon collègue qui semble méga bon mais pas très causant, il ne sait pas répondre, ou répond avec un seul mot. Je me demande alors si je comprends vraiment rien mais dans ce cas là, ça voudrait dire ne plus comprendre le français, ou peut être qu’il est fan de pyramide, en trois briques, je dirais … Parfois, il ne prononce qu’un seul mot … je le regarde perplexe et en espérant qu’il réfléchit seulement à comment formuler le reste de sa phrase, mais non, c’est tout il n’ en dira pas plus. Alors, je me dis que peut être que c’est un mot clé, méga technique et qu’en cherchant sur Google j’aurais des pistes. Mais non j’ai rien trouvé je n’ai jamais été méga forte en devinette, mais là je pense vraiment qu’il se fout de ma gueule.
J’ai alors tout essayé pour trouver un semblant d’éléments pour essayer de commencer ce chantier. Je faisais des journées de 20h, j’étais désespérée car même si elles faisaient 48h ces journées ça ne m’aiderait pas à avancer. J’ai l’impression que je suis en train de littéralement me noyer. Je n’arrive pas à m’accrocher à un semblant de branches. C’est la catatrosphe.Le seul truc qui me sauve c’est que le gars qui a été embauché en même temps que moi en tant que chef est aussi à la ramasse que moi. En effet, il a été embauché pour être responsable d’équipe et faire aussi de la technique. Le pauvre je le plains car rien qu’en terme de technique, je crois qu’on est tous les jours en pleine dérive.
Niveau responsable ça se voit qu’il a jamais fait ça.. et parfois il est méga maladroit.. voire limite.
Et puis un jour, mon corps a dit Stop. Maux de tête, fièvre, toux de fumeuse de Malboro sans filtre, je n’arrivais même plus à rester debout. Le soir, je recherche désespérément un médecin dans le village et autour, rien, personne ne veut prendre de nouveaux patients. J’adore l’accueil que l’on réserve aux nouveaux arrivants, ici.
Le chef que j’avais eu en entretien me demande comment ça se passe. Impossible de lui dire que j’étais complètement à l’ouest et perdue, mais par contre, je n’ai pas pu lui cacher que j’étais littéralement malade.
Il me demande si je me soigne .. ah ben je voudrais bien me soigner, mais d’une quand je sors de ce Goulag, les pharmacies sont fermées et quand j’essaye d’avoir un RDV chez le médecin, on me dit retourne à Toulouse voir si ton médecin veut bien t’ausculter.
Ni une ni deux, il mandate la secrétaire, de me trouver un médecin et par miracle, elle m’en trouve un sur Montpellier qui pouvait me prendre en fin de journée.
Par miracle, je l’ai lu dans les yeux de ce manager. Mais aujourd’hui je comprends les raisons. On peut dire que cette secrétaire, hormis essayer de coincer le mec des moyens généraux au sous-sol ou de faire des extras cam dans le bureau, (ce validé par la direction vraisemblablement,), il m’est difficile, quel est son périmètre d’action je vais dire professionnel dans cette entreprise pour être plus précise.
Je dois dire quand même au vue de la réaction du chef, que je me suis rendue encore plus fébrile à ce RDV. Tout ça paraissait trop beau pour être vrai. Mais me voilà face à cette médecin qui est plus jeune que moi avec calot et blouse comme si elle allait entrer au bloc opératoire. Je viens de me rendre compte que je n’ai pas bien regarder sa plaque devant la porte, et j’ai soudain un doute quant à la nature de ce médecin. Est ce que la secrétaire a bien compris que je cherchais un généraliste ?
Tant pis je me lance et je réponds à la question qu’est ce qui vous amène ici, pas le temps de finir ma phrase, qu’un long monologue était parti, comme si elle était encore plus stressée que moi, comme si elle récitait ses cours d’anatomie, à haute voix, comme si elle était plusieurs dans sa tête et partageait avec ses autres, son avis sur le diagnostic.
J’étais HS, je ne comprenais rien à tout ce qu’elle me racontait.. Je répondais comme un robot … mais je n’en pipais rien.
Elle me demande de faire une prise de sang, pour vérifier sa suspicion de diagnostic qu’elle ne voulait pas dévoiler avant d’en être sure. SURPRISE ! mais oui voyons. J’adore les surprises c’est bien connu. Et puis c’st vrai qu’il me manquait un peu d’inconnu dans ce moment là de ma vie.
Ce n’est que quelques jours après que je reçois un soir, l’appel de cette médecin, qui m’indique qu’elle avait bien reçu mes résultats et que je devais venir au plus vite au cabinet pour me donner le traitement adéquate.
Hein, quoi ? mais j’ai quoi ? Je vais mourir ? Comme sur Montpellier il y avait un traitement contre la morte, je vous l’accorde.
Vous avez une toxoplasmose et une mononucléose.
Heu pardon, vous pouvez répéter le temps que j’essaye de me souvenir dans mes souvenirs des cours que j’ai suivi car si je m’en souviens bien… si ..si
Vous êtes en train de me dire que j’ai une maladie transmise par les chats et une autre par les baisers.
Vous avez les bons résultats ? car moi je vous explique, j’ai un chien qui est en convalescence chez mes parents depuis quelques semaines et je suis célibataire limite vieille fille, donc là je pense qu’on se fourvoie non ?
Je tombe des nues, j’ai l’impression que cette nouvelle vie, me réserve de petites blagues et que je ne suis pas au bout de mes surprises.
Pas le moindre poils en tout genre depuis des mois à la maison, de chat, de chiens et pubiens masculins … Mais de quoi elle me parle ??
Non mais là c’est l’incompréhension totale. Je ne sais pas où j’aurais pu attraper ces merdes. Est ce que la nuit je vais embrasser des chats et de surcroit je leur roule des mégas pelles. Là je vois pas du tout.
La médecin m’explique que des aliments crus peuvent les transmettre. Non mais on est sérieux, finis les sushis … et autres produits crus ?
Ils m’étaient donc interdit de cracher sur mes collègues. Bien entendu, je n’ai jamais rien dit sur la nature de mes maladies autour de moi, mais juste une simple grosse angine. Mon collègue qu’on appellera Pyramide, me voit comme ayant la peste, il espère pas que j’aille mieux, mais que je ne lui refile pas. Il me dit alors et c’est bien là la première phrase qu’il me prononce avec un sujet, un verbe et un complément que j’aurais du rester chez moi.
Fallait pas que je passe au grade de pestiférée maintenant. Et puis dans ma tête, il était hors de question que je m’arrête pour éviter de passer pour la glandeuse de service au bout de ces 2 interminables semaines de ma vie .. pardon de boulot.
Merci la vie. Je ne sais pas encore mais ceci est un petit début de ce qui m’attend dans les prochains mois voire semaines … Mais ça je ne le sais pas encore.
A vous de continuer à me suivre pour en connaître les moindres détails.