On avait loué un van pour le WE.
C’était la première fois qu’on tentait ce genre d’aventure. Choisir une direction au hasard et rouler jusqu’à ce qu’on trouve un endroit sympa pour passer la nuit. C’était original mais pas inédit. Nos réseaux sociaux, remplis de posts de baroudeurs motorisés souriants devant des paysages sublimes, pouvaient en témoignés.
Dans le cas présent, la direction qu’on avait prise n’avait pas les attraits d’une carte postale mais dégageait une aura attirante et mystérieuse.
Le parc régional du Morvan.
Nous aimions bien sortir des sentiers battus avec ma femme.
Au bout de quelques heures de route, nous franchissions les limites de la réserve naturelle et commencions à guetter un spot où prendre l’apéro et éventuellement dormir.
Problème. Il faisait déjà noir.
Nous ne nous en étions pas rendu compte tout de suite mais l’obscurité était tombée rapidement.
Etrange… d’habitude en voiture, je faisais toujours attention à ce qui m’entourait.
C’était notre chat, qu’on avait emmené en cachette, qui nous l’avait fait remarquer.
Il avait d’abord commencé à s’agiter dans son sac alors qu’il avait été calme tout le trajet.
Ma femme l’avait sorti et mis sur ces genoux alors que je réduisais l’allure de la camionnette pour ne pas louper un virage.
Mais ensuite, il avait commencé à gronder et à faire le dos rond.
Nous ne comprenions pas. On essayait de le calmer. Il était captivé et effrayé par quelque chose en face du van.
Pourtant, j’avais mis les pleins phare et rien à l’horizon.
Je blaguais :
” Avec ce genre de conditions, on aurait pas intérêt à tomber sur un sanglier!”
Ma femme avait rigolé mais pas le chat.
Devant nous s’élevait une fine brume de brouillard et la visibilité était encore plus réduite.
La route était sinueuse et aucun panneau ne nous aidait à nous repérer.
Soudain, je cru distinguer des points lumineux qui nous observaient, juste en face de nous. Notre chat était toujours sur les nerfs.
Je dis à ma femme de le calmer mais je n’arrivais pas à détacher mes yeux de ces points lumineux.
Soudain, elle pris le volant et le tourna sur la droite pour éviter un fossé.
Je n’avais pas fais attention mais j’avais quasiment rouler 50 mètres et les points lumineux avaient disparus.
“T’as vu ça?”
Ma femme m’avait répondus que non.
“T’as failli nous balancer dans le fossé, ça va?”
Elle avait proposé qu’on s’arrête dès que possible et j’étais d’accord avec elle. La fatigue se faisait sentir et j’avais toujours cette image de points lumineux en tête.
Une impression de malaise m’envahissait.
Sur la carte du GPS, on avait repéré un étang assez grand pour pouvoir se garer.
Soulagement, quand on avait vu une voiture garée sur une sorte d’emplacement de camping car.
Le moteur coupé, on hésitait à sortir du cockpit. La nuit était noir d’encre et on ne voyait déjà plus l’autre voiture qui était pourtant à côté de nous, quelques secondes auparavant.
“Bon allez, on se le fait cet apéro ?”
Prenant notre courage à deux mains et notre unique lampe frontale, nous étions sortis pour rentrer à nouveau par la porte latérale. Ce n’était que dix secondes à l’extérieur, mais j’avais eu le temps de noter qu’aucun bruit n’avait l’air de sortir de la forêt.
Qu’importe, nous commencions notre repas frugal et profitions de notre WE à l’air frais.
Rapidement, l’envie d’aller se soulager s’était faite sentir et, pas le choix, il fallait sortir du van.
J’ouvris la porte et fis mon affaire derrière un arbre à deux mètres. Des bruits me firent alors sursauter. J’essayais d’éclairer la zone d’où cela provenait mais ma lampe avait du mal à chasser l’obscurité. Pourtant elle avait été chargée à fond avant de partir.
Je me dirigeai vers la porte et…j’entendis de l’agitation à l’intérieur.
J’ouvris et notre chat en profita pour sortir et se cacher dans un buisson tout en miaulant de terreur.
Nous ne comprenions pas ce qui lui arrivait et faisions de notre mieux pour le calmer mais rien à faire. Il était hors de lui et semblait fixer un point précis juste au dessus du van.
Je me tournai lentement et le toit semblait n’avoir rien de spécial.
C’était à ce moment là, que je m’étais rendu compte que le ciel n’avait pas de lune. Ni d’étoiles. Je savais qu’on habitait en ville avec la pollution lumineuse et tout, mais nous n’étions pas censé avoir un ciel dégagé ici ?
Je montrais cela à ma femme mais elle ne semblait pas plus inquiète que ça.
Le chat ne voulait pas bouger et nous n’étions pas à l’aise à découvert.
Tant pis, nous fermions la porte, il gratterait s’il voulait revenir.
Allongés sur le matelas moyennement confortable, j’avais du mal à trouver le sommeil. Je me retournais plusieurs fois et finissait par tomber dans un état second, peu réparateur.
Des bruits de grattement me réveillèrent au bout d’une heure et quelques secondes passèrent avant que je ne comprenne que c’était le chat.
Sale gosse, il avait fini son cinéma ?
Je me relevai péniblement et sondai le van. L’intérieur était sombre et la température n’était pas très élevée. Nous étions en plein été.
Grattements.
Je m’apprêtai à ouvrir la porte avant que le chat n’abîme la carrosserie mais m’arrêtais la main sur la poignée.
Derrière moi, entre les pieds de ma femme endormie, une forme sombre se relevait et me regardait avec des yeux brillants.
Encore des grattements.
Je frottai mes yeux mais, effectivement, quelque chose bougeait. Punaise, c’était quoi ce truc. Je voulus attraper ma lampe mais au moment de bouger, la forme s’anima aussi et s’approcha de moi. Je me raidis. Les grattements était de plus en plus forts.
La forme était à 10 cm de moi et elle… ronronnait. Ronronnait ?
C’était notre chat qui venait se blottir contre moi. Il m’avait fait peur. Je le caressais quand je me rendis compte d’une chose. Il n’y avait plus de grattement.
Mais surtout si le chat était là, qui avait gratté à la porte ?