Chapitre 59 : Lettre (partie 2)
Alors que je lis les derniers mots de la lettre, tout commence à s’expliquer dans ma tête. Le pourquoi Hilda voulait absolument faire le rituel ce jour-ci, il a été fait par mes ancêtres le même jour. Si le rituel avait été fini, peut-être que j’en serais morte aussi ? La dernière empath a été tuée. Moi je les ai tués. Tuer ou être tuée…
Enfin, peut-être que je n’en serais pas morte….
Elle dit qu’elle n’était pas assez forte, mais moi si ? Je crois que oui. Surtout vu ce qui s’est passé. Je me souviens que George m’avait expliqué que la magie naturelle est celle que beaucoup de sorciers font, que j’ai essayé de faire.
C’est pour ça que ça n’a jamais marché. Car je ne suis pas capable de faire une telle magie. Mais je peux utiliser ma force vitale ? Ce qui s’est passé l’année dernière et hier le prouve bien.
Kara a senti que je la cherchais, et n’a pas hésité à venir me trouver. À me secourir. Elle savait qu’elle n’allait pas survivre. Elle était prête à mourir, a tué sa propre sœur pour que je puisse être en vie.
Elle m’a abandonné pour me protéger…
Et moi qu’est-ce que j’ai fait ? J’ai tout annulé en faisant le sortilège de localisation…Pensé-je alors que ma gorge se noue et sens les larmes monter aux yeux.
Je me force à ouvrir la bouche et prends une grande inspiration. Je respire l’air à grande goulée. Les larmes s’éloignent enfin et je ne peux m’empêcher de lire et relire les mots écrits.
Je ne peux pas me sentir autre que coupable alors que j’ai attiré Hilda jusqu’à moi, si je n’avais rien fait, rien de tout ça ne serait arrivé.
Mais je ne peux pas empêcher de me dire que je l’aie fait car j’en avais besoin. Ça à engendrer tous les événements d’hier mais je peux mettre un visage sur un mot -maman-, et je ne tiendrais pas cette lettre dans mes mains.
Je n’aurais jamais su pourquoi elle m’avait abandonné. Qu’elle s’excusait dans un sens. Que grâce à ces mots, je peux me comprendre un tantinet soit peu.
Elle le dit elle-même, je ne dois pas avoir peur.
XX
Je quitte l’hôpital vers huit heures du matin avec Emil, mais avant qu’il amène à Meldia, je lui demande de me conduire à la réserve.
Je ne suis pas en capacité à prendre le volant pour le moment je crois, je suis trop facilement déconcentrée. Emil est venu et pourtant il a examen cette après-midi.
Moi aussi d’ailleurs…pensé-je alors que j’observe la route montée, nous passons devant le chalet du couple d’ami de Natalie, puis plus haut, l’entrée nord de la réserve forestière.
Nous sommes mains dans la main alors que nous marchons jusqu’au centre de la forêt, une clairière que nous connaissons bien ce présente à nous. Emil me lâche la main alors que je m’avance au centre. L’herbe verte est là avec de nombreuses fleurs colorées qui ont jailli de la terre d’un coup. Le sortilège de Kara, pour effacer toutes les traces de notre passage.
Je respire doucement alors que j’observe la beauté de l’endroit, elle a réussi à transformer l’horreur qui s’est produit, que j’ai produit…. En quelque chose de beau avec les fleurs et feuilles des arbres qui dansent dans le léger vent.
– Ça va ? Demande Emil toujours à l’écart, juste à l’entrée de l’espace vert et fleuris.
– Ça va bien, réponds-je alors que je tourne sur moi-même pour garder en souvenirs ce qui m’entoure.
Ça va mieux que ce que je pensais. Je vois toujours les visages agonisants du groupe de sorciers et sorcières, je sens toujours la colère d’Hilda mais je sens aussi la force, la culpabilité, l’amour de Kara.
Je prends une grande respiration et attrape la main d’Emil avant de nous éloigner et partir à la voiture. Peut-être que j’y reviendrais, peut-être que non. Je voulais voir et montrer à Emil ce que ma mère avait fait pour moi. Lui expliquer la lettre.
Emil me conduit jusque chez moi, je le remercie grandement et le laisse repartir sur le campus. Je lui ai bien sûr dit de me rejoindre que quand ses examens seront terminés.
Quand t’a moi je retrouve le cocoon de ma maison avec mes pères. Je veux me reposer, prendre du temps pour moi. Réussir à me pardonner et à avancer.