Les touchers rectaux

Je sais que ce n’est pas flagrant mais dans la vie je fais des études de médecine. Je trouve que c’était un super choix de filière parce qu’on y apprend plein de trucs. 

Par exemple, moi j’ai appris à faire des fax, par la même occasion j’ai appris que les fax ça existe. J’ai aussi appris que les patients déments adorent décorer leur chambre … avec leurs excréments. Mais j’ai aussi appris des gestes techniques et utiles dans la vie de tous les jours, comme le toucher rectal. 

Alors mon 1er toucher rectal, j’avais 20 ans. J’arrive dans la chambre du patient avec mon tube de vaseline dans une main et mes gants dans l’autre. 

Je croyais que le tube de vaseline était un assez bon indice mais visiblement le patient avait décidé de pratiquer le déni, et il me demande donc ce que je fous là. Je lui explique alors qu’à l’hôpital chaque patient âgé de plus de 60 ans n’ayant pas été à la selle depuis plus de 3 jours se verra faire un TR, et je ne parle pas de Ticket Resto. 

Maintenant qu’on est bien gênés tous les deux je dois encore lui expliquer la position dans laquelle il va devoir se mettre. 

Mon chef m’avait strictement interdit de positionner le patient en levrette, position très pratique pour dégager la région anale si vous voulez mon avis. Mais je voulais valider mon stage donc je lui demande de se mettre en position latérale de sécurité en ramenant les genoux le plus proche possible de sa poitrine afin de dégager le chemin qui me mènera à son anus. 

Nous en sommes alors au moment où je me retrouve avec un mec qui a l’âge de mon grand-père, cul-nu, en position fœtale de victime devant moi. Je mets mes gants, une noisette de vaseline sur le doigt et je lui dis “Attention ça va être froid” et bim j’insère mon doigt. Et c’est à ce moment-là que je me rends compte que … j’ai aucune idée de ce que je suis censée faire. J’essaie de me rassurer et je me dis que le principal c’est que le patient y croit. Je récupère mon doigt et me barre le plus vite possible de cette chambre des enfers. C’est bon, c’est fini. Mais c’était sans compter sur le chef qui me demande un compte rendu. Alors j’avais vu une phrase qui faisait bien dans ce genre de cas dans les livres : “Selles dures au doigté” 

Traduction : Le patient à un amas de merde fossilisée empêchant toute possibilité de déféquer. 

Ce à quoi le chef me pose une question qui n’était pas dans ledit livre :  

“Mais… T’as essayé de gratter pour le déboucher” 

Ah bon ? Nan parce que moi je croyais qu’on avait des médicaments pour ça et que ça s’appelle des lavements !  

Évidemment j’ai pas du tout dit ça et je me suis excusé platement telle la grosse victime que je suis et le chef m’a donc ordonné d’y retourner. Me voilà donc repartie pour une deuxième session de spéléologie.