Le feu a-t-il l’odeur de la vanille pour vous aussi ?
Voilà une question qui doit surprendre…
Pourtant, désormais, lorsque la caresse chaude d’une flamme vient à moi, c’est cette senteur qui me vient à l’esprit.
Ce parfum, et elle bien sûr.
Elle dont je ne pourrais jamais connaître le visage comme vous le pourriez.
Enfermé dans mon monde de ténèbres, je ne perçois ce qui m’entoure que par mes autres sens.
Mes yeux ne m’ont jamais servis.
Ma mère disait qu’ils avaient été oubliés au montage.
Je n’en ai jamais souffert. Je n’ai jamais “vu”. Comment pourrais-je regretter ce que je ne connais pas ?
Si j’arrive à définir globalement la forme que peut avoir quelque chose, grâce au toucher, les couleurs me sont parfaitement étrangères.
Tout ça est bien abstrait pour moi, en tout cas dans le sens convenu habituellement.
Je n’ai donc aucune idée dont le monde la perçoit. Se retourne-t-on sur son passage ou passe-t-elle inaperçue ? Son image reste-t-elle gravée dans leurs mémoires ?
Je ne sais pas.
Je m’en moque.
Pour moi elle restera la fille aux cheveux de feu sentant la vanille lorsqu’ils glissent entre mes doigts.
Le feu est son terme à elle, quant je lui ai dit que “rousse” ne représentait pas grand chose pour moi… tout comme le “vert” de ses yeux. Elle a alors trouvé cette phrase pour se décrire : “deux arbres plantés dans la plage, cernés par des flammes”.
L’odeur de la résine, de l’iode, et du bois brulé se sont aussitôt mélangés en moi pour donner cette odeur de vanille qu’elle laisse derrière elle.
En cet instant, j’ai su que je l’aimais.
J’ai su que la désirais.
Pour la première fois, j’ai regretté de ne pouvoir admirer le paysage qu’elle me dépeignait. Qu’importe. Chacun de mes autres sens imprègne mon âme de son empreinte, bien plus que mes yeux ne pourraient le faire sur mes rétines mortes.
Elle n’est pas un portrait froid dans ma mémoire, mais un ensemble de sensations.
Le bruit de l’eau ruisselant dans ses flammes lorsqu’elle se douche, le parfum vanillé qu’elle laisse dans son sillage, la douceur de ses lèvres, la chaleur de sa peau…
Et bien plus encore…
J’aime entendre le bruissement de ses habits glissant le long de son corps, frôlant sa peau, précédant sa démarche légère la rapprochant de moi. Elle prend délicatement mes doigts, les entremêlant dans les siens avant de les guider vers les frêles tissus qu’elle porte encore, me laissant le privilège de les retirer. Je tâtonne, prenant mon temps pour trouver la lisière entre textile et peau.
Des baisers légers se déposent sur mes lèvres sans que je m’y attende. Mes doigts se crispent, le tissu est de trop entre elle et moi. Ma prise se referme, épousant la forme des rondeurs libérées de sa poitrine. Au creux de ma paume, la pression de leurs cimes se renforce au gré de mes caresses.
Elle s’éloigne. J’entends les draps se froisser sous ses mouvements. Ses mains s’égarent sur moi, ses lèvres les suivent.
Elle me dévoile, et exerce ses savantes caresses sur mon corps qui n’en a pourtant aucun besoin pour lui démontrer son désir.
Alors je me mue en bête docile attendant sa cavalière. Nos souffles se mêlent au rythme où elle me fait entrer en elle. Mes mains s’égarent sur son corps. J’essaye de lire son plaisir dans les frissons de sa peau glissant sous mes doigts.
Sur mes lèvres, se déposent tour à tour les siennes et la pointe de ses seins. Ses flammes coulent sur mon visage alors qu’elle le piège dans sa gorge. C’est pourtant nos corps qui s’embrasent, se cherchent, s’assouvissent. Nos gestes s’apprivoisent, s’unissent, et se succèdent. Tourbillon de sens auquel ma vue ne manque pas.
Rassasiés l’un de l’autre dans cette apothéose sensorielle, son corps se repose sur le mien. Nos respirations s’apaisent l’une l’autre. Mes mains remontent son dos pour chercher ses flammes, les glisser entre mes doigts, pour qu’émane de nouveau son parfum de vanille.
C’est ce qu’elle sera toujours dans mon esprit. Des flammes aux effluves de vanilles. Elle sera des sons, des sensations, des senteurs…
Elle n’aura jamais aucune image.
L’amour est aveugle.
Oh que c’est joli … j’adore <3
Bonjour Antho CLEST L"amour est aveugle et moi au travers de vos mots je n’y ai vu que du feu. ! Merci !
" Deux arbres plantés dans la plage, cernés par des flammes" ; L’image est magnifique et la plume aussi !