Le motel des âmes perdues

10 mins

Cela faisait des heures que je traversais ces contrées abandonnées dans mon minibus. Mes paupières pesaient des tonnes et j’avais le gosier sec. Mon véhicule aussi allait bientôt crever de soif et il n’y avait pas une seule station à l’horizon. Je me sentais abandonné sur ces routes vierges ; je n’avais croisé ni bahut, ni bagnole, ni quelconque attelage depuis des miles. A part des arbres, des buissons, de la poussière soulevée par rafales, quelques oiseaux qui s’envolaient par nuée, des rayons de soleil formant des reflets divers sur le bitume, rien. La route était longue, longue et droite. Droite vers l’infini. Jusqu’à ce, qu’enfin, j’aperçus un panneau publicitaire poussiéreux, sorti de nulle part, indiquant « 5 Miles to Heaven, Gazoline and cold beer ». Voilà une promesse. N’importe quel troquet équipé d’une pompe à gazole serait le paradis.

A l’horizon se dessinait un bâtiment, d’abord flou, qui semblait plus à un mirage, dont l’emprunte persistait sur mes rétines, puis de plus en plus net. Il se dessinait quelque chose qui ressemblait à un vieux motel sorti des années cinquante, aux façades rosâtres ou jaunâtres, dont le crépis fissurait ci et là, s’effritant abondamment. Le motel était surmonté d’une toiture grise, elle-même rehaussée d’un « Welcome to Paradise », étrange enseigne lumineuse, flambante neuve, illuminée de puissant néons verts et jaunes. Au pied de ce motel, il y avait de quoi épancher la soif de mon van. Deux distributeurs de gazole, rouges, attendaient gaiement entre deux piliers en béton cramoisi portant un large couvert en tôle ondulée. A l’entrée de la station, un énorme totem mentionnait « Gaz Heaven, Last stop 200 miles ». Les poteaux d’alimentation électriques de l’hôtel avaient été transformés en porte-bouteilles. Il était temps que je m’arrête, il était temps de boire un verre et de me reposer.

Des nuées de fumée s’échappaient par bouffées rondes, selon un rythme irrégulier, depuis la cheminée du motel, avant de se diluer et se disperser dans l’air, semblable à un langage ancestral. Un langage crypté, intriguant, insaisissable. Je me garais sur le parking du motel, sur lequel étaient stockées des voitures cabossées, carcasses encrassées et quelques motos rouillées, à côtés desquelles mon minibus ne faisait finalement pas meilleure figure. Les volets de l’étage du motel, panneaux de bois peints en rouge, étaient presque tous fermés. Sur les rebords de fenêtre brûlaient quelques bougies ou quelques lampes rouges et roses. Un drapeau arc-en-ciel pendait d’une fenêtre, des draps qui semblaient souillés, d’une autre.
Une enseigne lumineuse montée sur le mur affichait « open » en lettres bleues, vertes et rouges. « Heureusement, ça aurait été le comble », pensais-je, avant d’apercevoir un semblant de vie. Assis sur des chaises en plastique, sous l’ombre du porche d’entrée du motel, une espèce de gros-lard, crâne rasé, joues bouffies, gros nez rond rouge boursoufflé, en guenille et un petit vieux fripé, à qui il restait des touffes blanches de cheveux éparses sur le crâne. Sa peau pendait sur les os. Les deux ivrognes semblaient se distraire avec une bouteille de pinard, un de ces gros rouges qui tachent. En passant devant eux, la seule chose qu’ils aient dit fut un « Hue dada, jeune homme, haha !°», alors que l’autre riait bêtement, roulait ses yeux globuleux en disant « Zizi-panpan ! couic, couic, hi ! hi ! hi ! ». En plus d’être ivrognes, ils semblaient échappés de l’asile.

Le drugstore de la station-service et le comptoir du motel ne faisaient qu’un. Le papier-peint se décollait, dans tous les recoins, quelques cartons vides, des papiers, quelques produits de première nécessité étaient présentés de manière chaotique. Il y avait un grand comptoir en bois, couvert de zinc, qui semblait être là depuis la conquête de l’ouest. Je demandais, en posant les clés de ma bagnole sur le comptoir, si on pouvait faire son plein et surtout si une chambre était disponible. La tenancière, une grosse dame aux joues variolées et recouvert de fard rouges, rouge-à-lèvres violacé, cheveux blonds peroxydés bouclés, me regardait de son œil de verre en me disant : « Coco, ici tu peux faire le plein tout seul, tu n’as qu’à jeter ta pièce dans la fente. » elle toussa, se racla la gorge et cracha, avant de continuer :« Bien sûr tu peux dormir, une demi-heure, une heure ou toute la nuit. Fait comme il te plaira, les chambres sont en accès libre, ça se passe dans l’arrière-salle. ». J’étais trop fatigué pour comprendre ou vouloir comprendre, j’avais juste envie de faire une pause jusqu’au lendemain. Je me souvenais de la publicité « cold beer » et en commandais une à la tenancière. Elle me répondit laconiquement : « Nous n’avons plus ce genre de breuvage depuis des plombes. » Elle me servit à la place, un grand café américain, dégueulasse, amer. Je lui ai demandé de me faire un expresso double à l’italienne. Elle m’a dit : « Nope, je n’ai pas de ça ici. ». « Des sandwiches ? » Elle me jeta alors un bagel au saumon cellophané, « Tout ce qui me reste, ça te va, coco ? ». Alors je lui commandais une nouvelle tasse de son jus de café, que j’agrémentais d’un verre de whisky. Ça, elle avait encore en stock. Je lui mis deux billets sur le zinc. J’engloutis le bagel à la va-vite, puis transvasa le whisky dans son jus de chaussette, que je bus cul-sec, avant d’aller vers l’arrière-salle, où je trouvais un bar feutré.

Il faisait sombre et les néons pendus au plafond ou fixés aux murs, donnait un air de discothèque. J’étais seul. Une petite musique de salon jouait un air anonyme et berçant. Je m’assis devant le comptoir et observait l’espace, vide. Il y avait quelques fauteuils en cuir déglingués, une petite piste de lap dance. Derrière le bar, étaient exposés divers verres et flûtes à champagne sales et ternis par la poussière. Sur un tableau noir, on avait rayé les mentions bières, vins et champagnes, aux prix exorbitants, seul la mention whisky était encore parfaitement lisible. D’ailleurs, une bouteille à moitié vide traînait derrière le comptoir et j’en bus à même le goulot. Soudain j’eus l’impression que les néons s’animaient, s’entrecroisant tels des sabres lasers, projetant des éclairs de couleurs à travers la pièce. On se croyait en pleine bataille de Space-Opera, où les forces de l’armée impériale s’opposaient aux rebelles, bataille au milieu de laquelle des créatures étranges étaient prises en otage. Car je n’étais plus seul. Elles se baladaient devant moi. Les unes, bipèdes humanoïdes, avaient une tête de poisson et des yeux globuleux noir, une autre, hyper sexy, avait la peau rouge lézardée, des cheveux bleus et quatre yeux blancs traversaient son large front. Je voyais des monstres ressemblant à des araignées avec têtes de femmes, il y avait des ratons-laveurs bipèdes au sexe énorme, des lézards humanoïdes, des femmes sans visages, habillées de capes noires, des créatures vertes avec trois seins, d’autres qui semblaient avoir un vagin à la place de la bouche. Il y avait tant d´êtres différents, toutes ces créatures parlaient des langues que je ne comprenais pas. J’étais comme transporté sur une autre planète. Je ne réalisais pas ce qui m’arrivait, alors que mon crâne semblait vouloir exploser. Je cherchais à comprendre ce que la tenancière avait mis dans le café. Car plus je regardais ces figures danser et passer devant moi, plus ma vue se troublait, plus je convulsionnais.

C’est alors que Kelly m’aborda. Elle s’assit à côté de moi et me parla d’une voix douce en me caressant la joue. Je n’ai pas saisi tout de suite, cependant, en me concentrant un peu, j’avais bien remarqué que cette fille était normale. Elle ne ressemblait en rien à ces monstres. Quelles drôles de visions avais-je ? Brune, visage angélique, elle avait souligné ses yeux verts au crayon noir. Elle portait un chemisier blanc légèrement transparent, moulant parfaitement de petits seins de Bakélite et une jupe plissée. Sa peau blanche transpirait un parfum voluptueux. Je dis à Kelly : « Je suis fatigué, j’ai décidé de faire une pause et de trouver le moyen de me détendre. Tu sais, ça fait des heures que je roule aujourd’hui. Et si en plus je peux faire une sieste, ce serait le summum… » Elle me répondit : « Chérie, oh chérie ! Avec moi, tu peux dormir toute la nuit, ça ne te coûtera presque rien, et pis demain, tu seras détendu ! ». Elle sorti une petite boite métallique à cigarettes de son sac à main et m’en offrit une. Elle était roulée finement et sans filtre. J’acceptais. Nous fumions ensemble, assis au bar. La fumée brune que nous expirions doucement me chatouillait les narines, brûlait ma gorge et me cramait les yeux. « C’est fort ! », lui dis-je, « Tu as trouvé ces clopes où ? ». Elle eut un sourire discret : « Je les fait moi-même ! Tu verras après ça, tu seras encore plus détendu… ». Effectivement, je sentis les battements de mon cœur ralentir, et la pression sanguine se réduire dans mes tempes. Mon corps se relâchait. Quelle étrange sensation de flottement ! Et je revis ces flashs, ces éclairs de néons, les tirs laser à travers la pièce. Je ressenti jusqu’au plus profond de mon être chaque tonalité de la musique de fond. Accroché fermement sur le tabouret de comptoir, je me sentis transporté à travers la voie lactée, en route vers une autre planète. Je voyageais à vitesse galactique à travers les galaxies : devant mes yeux, je voyais les étoiles défiler et virevolter jusqu’à leur immobilisation finale.

Devant moi, Kelly, s’était transformée en une créature indescriptible. Ces deux seins étaient devenus deux énormes ogives rouges, tellement grosses que son chemisier avait craqué, laissant apparaître des tétons bleus écarlates. Ces lèvres fines avaient quadruplés de volume, ses yeux s’étaient agrandis et ressemblaient dorénavant à des yeux de mangas, exorbitants. Elle riait à pleine dent, puis se lécha les lèvres. « Viens je t’emmène ! », me dit-elle, « Où ça ? », « Je t’emmène au vent ». Je ne comprenais rien : « Hein ? tu connais mon van ? » ; « Suis-moi, tu verras ! ». Elle me prit mes deux mains, décrochant mes fesses, qui jusque-là, étaient restées collées au cuir du tabouret. Elle me tira sans peine du bar vers le fond de la salle. Elle ouvrit une grosse porte et nous montâmes une dizaine de marches. Sur le palier de l’étage des lampadaires géants se redressèrent à notre arrivée, un rideau de lumière s’écarta théâtralement. Des lampions multicolores égayaient le plafond. La moquette verte du sol était imprimée de cœurs, de trèfles, de carreaux, il y avait des piques. Elle m’accompagna d’un pas lent à travers le couloir jusqu’à la troisième porte, qu’elle ouvrit en moins de deux. « Voilà mon vaisseau » me dit-elle, « Installe-toi sur ce lit, déshabille-toi, je reviens et après on décolle ! » Mes paupières étaient tellement lourdes, j’avais peine à garder mes yeux ouverts. Mon imagination partait dans tous les sens, avec cette impression de vaciller : son vaisseau n’était rien d’autre qu’une soucoupe volante, qui tournoyait follement durant le vol. Avachi sur ce grand lit rond et moelleux, j’enlevais mes boots, puis mon pull. J’arrachais ma chemise, sans y arriver, je n’arrivais pas plus à la déboutonner. Elle revint, elle se tenait nue devant moi, pointant son énorme poitrine aux tétons devenus violets, exposant, devant de grosses fesses galbées, une fente d’obus, énorme, qui semblait parler, me dire : « je t’attend, introduit-toi ! ». L’alter-ego monstrueux de Kelly dégrafa les derniers boutons de ma chemise, dézippa mon jeans et me défroqua. Elle finissait le travail, retirant les derniers textiles, je crois qu’elle ne m’avait que laisser mes chaussettes. Alors que j’étais allongé sur le dos, elle commença par me poser des petits baisers un peu partout, ses grosses lèvres énormes collaient sur ma peau, telles des ventouses. Elle me caressa et me massa chaque centimètre de peau. Même dans mon état second j’étais excité. J’avais sorti mon plus gros calibre, prêt à tirer, mais je me sentais toujours tournoyer. A présent, sa grande langue me léchait allégrement. Puis j’eus l’impression qu’elle devint bifide, je sentais deux parties de son muscle buccal se mouvoir indépendamment, faisant des cercles distincts. Je rouvris les yeux pour comprendre ce prodige, lorsque subitement, la tête de Kelly s’allongea, alors que son corps de serpent s’enroula autours de moi. Elle ouvrit ses mâchoires, sa dentition avait changé, je vis une énorme bouche pleine de bave, équipée de plusieurs rangées de crocs acérés, telle une gueule de requin. Elle poussa un son effrayant, assourdissant. Ses yeux s’étaient injectés de sang. Elle m’avait tétanisé. La gueule du serpent se jeta sur moi, prête à me gober. D’un réflexe surhumain, inexplicable, je protégeais mon visage avec mes avant-bras, lorsque sa mâchoire se referma violemment. Le sang coula abondement. Cette fois, c’est moi qui me mis à beugler, autant de peur que de douleur. Je revenais quelque peu à moi. J’étais enfermé dans un hôtel de monstres ! Je pu me débattre, violemment, je pu repousser l’attaque et me dégager de son emprise. J’étais debout, ensanglanté devant le lit. Dans un éclair de lucidité, j’avais noté qu’elle avait repris une forme normale. Elle me dit : « Tu ne t’échapperas jamais de cet hôtel ! Ce motel, c’est le motel des âmes perdues ! ». La seule chose dont je me souviens encore, c’est comment je m’étais rhabillé, enfilant rapidement mon jeans, rechaussant mes boots. Je crois que je suis sorti comme ça de cette chambre, torse-nu, avec peut-être mon cuir sur les épaules. J’ai couru comme j’ai pu, trébuchant dans le couloir et les escaliers. J’ai eu du mal à ouvrir chaque porte, chacune d’elles semblant être bloquée soigneusement. Enfin je vis la sortie. J’arrivais à bout de souffle sur le parking du motel et grimpais dans mon minibus. Affolé, j’ai eu d’abord beaucoup de mal à lancer le moteur. Je tournais la clef dans le contact, une, deux, trois fois, la mécanique ne voulait pas démarrer. Soudainement, mon minibus se mis en marche et je pu quitter à vive allure cet endroit maudit et monstrueux. J’avais oublié de faire le plein, et par la force des choses, je tombais en panne quelques miles plus loin. Après toutes ces émotions, encore sous le choc, je m’étais évanoui.

Ce furent des sirènes de police qui me réveillèrent. Je vis une dizaine de bagnoles de flics, un cordon sanitaire, j’avais l’impression d’être au milieu d’une scène de crime. Dans ma fourgonnette, autour de moi, il y avait du sang partout. Les sièges, le plancher, le tableau de bord, tout mon véhicule était imbibé d’hémoglobine. Mes chaussures étaient tâchées, mon jeans rouge-brun et puant, le torse et les mains couverts de sang séché. Je me palpais ne découvrant aucune blessure. Je m’observais à travers le miroir de courtoisie, mes traits était tirés, les yeux noirs, enfoncés, du sang avait coagulé dans mes cheveux. J’avais la tête lourde, des douleurs lancinantes derrière les cavités orbitales et aux tempes. Une migraine m’empêchait de penser et comprendre qui m’arrivait. Quand les flics s’approchèrent, les armes braquées, en gueulant « Sors de là, tu es cerné, sors de ta voiture ! », je mis en boule, la peur au ventre. Je n’osais pas ouvrir la portière. Ils avancèrent, pas à pas, en me mettant à chaque fois en demeure de sortir. Enfin, ils arrachèrent toutes les portières de mon bus. Ne bougeant plus, paralysé, laissant les événements glisser, je les sentis me tirer comme ils pouvaient du véhicule. Ils me plaquèrent face contre terre, s’appuyant sur mon thorax, le temps de me poser des menottes et me contraindre les jambes.

Je n’ai toujours pas compris ce qui m’est arrivé. Me voilà en uniforme orange, dans une prison immonde. Un juge m’a accusé de meurtre et cannibalisme sur une autostoppeuse. Quelle auto-stoppeuse ? Il parait que je lui aurais arraché la tête et mangé son cerveau. J’avais pourtant expliqué aux policemen et aux juges mon aventure au « Paradise ». Leur version des faits est parfaitement fausse. Je suis innocent. Je suis, parait-il, un affabulateur, car il n’y a aucun motel à cent miles à la ronde, ni station-service. Ils ont voulu faire une reconstitution, me ramenant à l’endroit où j’avais été arrêté. On remontait la route, sans jamais trouver ce satané motel. Je suis persuadé qu’ils se trompaient simplement de chemin, ils brouillaient les pistes. « C’est un complot ! » leur criais-je à chaque fois. Je me fatiguais à expliquer puis réexpliquer mon aventure, traitant les policiers de menteurs et manipulateurs. Les docteurs m’injectaient à chaque fois des calmants et autres sérums. Puis ils ont arrêté certains médicaments. Il parait que cette consommation excessive accentuait mon comportement agressif. Ils ont alors cherché des psychiatres, j’ai été ausculté, analysé, ils ont employé différentes méthodes. Même les électrochocs. Les psychiatres m’ont trouvé fou à lier, je ne sais plus quels termes scientifiques ils ont choisi. L’un d’eux, s’est emporté : « Vous êtes un furieux meurtrier, complètement fou et drogué, les incurables comme vous méritent la chaise électrique ! » Finalement ils m’ont mis la perpète et incarcéré dans cet établissement psychiatrique au fond du Montana. Et c’est ainsi que s’achève mon récit, car j’ai décidé de ne plus dire un mot jusqu’à la fin de mes jours. De toute façon, je suis innocent, mais personne ne veut me croire. A moins que Kelly ne soit retrouvée, ici-bas ou dans une autre galaxie. Elle seule connaît la vérité. Elle seule saura expliquer les évènements étranges, ce soir-là, au Motel des Âmes Perdues.

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2 Commentaires
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Haldur d'Hystrial
1 année il y a

Pas mal ! Lovecraft n’a qu’à bien se tenir !

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