Le jour se lève…
Ce matin-là, tu ouvres des yeux émerveillés sur le monde qui t’entoure. Silence. Quelle heure est-il donc ? Tu ne sais, ton poignet est nu. Ta montre est sûrement restée sur ta table de chevet. Seuls les cris de la joyeuse marmaille de l’école maternelle d’en face rythmaient tes journées, ces derniers temps. Tu vivais, recluse, dans ton appartement d’un beau quartier parisien. Aujourd’hui, tu n’entendras pas les enfants.
Tes amis ne te fréquentaient plus guère ou bien était-ce toi qui t’étais éloignée volontairement d’eux ? Nul ne le saura jamais. Tes collègues n’avaient rien perçu. En effet, tu savais sauver les apparences à la perfection. Politesses, sourires, intérêts feints pour des conversations ordinaires, au jeu de la grande comédie de la vie, tu paraissais quelqu’un de parfaitement intégré dans la société.
Les années passaient, un jour succédait à l’autre, tu te conformais aux attentes. Tu faisais la fierté de ta famille. Je t’admirais. Par ton éducation, par ton métier, tu avais à mes yeux réussi à te placer au-dessus de l’ochlocratie ambiante. Tu valais bien mieux que cela, bien mieux, crois-moi.
Ici, les nuits succèdent toujours aux jours, immuablement. Le brouillard cède la place à la pluie, ou au soleil, de façon presque aléatoire. Vingt-cinq années ont passé depuis ce matin de juin où j’ai appris que le jour ne se lèverait plus jamais pour toi. Je m’en souviens comme si c’était hier. Je venais de terminer mes dernières épreuves de bac. Je n’ai versé aucune larme. Tu étais mon modèle, pourtant.
Tu ne nous as pas laissé le temps de passer davantage de moments ensemble. Ta souffrance était trop profonde. Ton esprit était torturé par un tourbillon de pensées ambivalentes. Le syncrétisme de ton for intérieur, tu as tenté de lui survivre de longs mois, des années peut-être que tu luttais contre lui, en vain.
Je suis sûre que tu as donné le meilleur de toi-même pour faire face. Tu avais une forte personnalité. Si tu te conformais à ce que l’on attendait de toi, cela ne t’empêchait pas pour autant d’exprimer le fond de ta pensée. Je t’admirais, tu sais.
Tu as choisi d’emprunter un chemin inattendu. Tu as décidé de ne plus sentir le soleil caresser ton visage le matin, tu as clos à jamais tes yeux bleu dragée sur le monde. J’espère que tu as trouvé la paix, là où tu es.
Tu me manques, cousine.
Bonjour @Cy rène,
Ton Pen est pris en compte pour le concours !
C’est très joli. Quand même triste. Bravo.
Dialogue avec une morte. Vous avez des accents hugoliens.
Belle plume. Ça coule tout seul.
Bonjour @Cy rène,
Félicitations pour décrocher à nouveau cette première place !
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