Une douce brise entrait dans la pièce par la fenêtre ouverte, chargée de senteurs d’herbe sèche et de romarin. Elle apportait avec elle le stridulement des grillons, les seuls êtres vivants du jardin qui semblaient indifférents à la touffeur de ce début du mois de juillet.
Le trop léger zéphyr ne parvenait même pas à faire bouger les majestueux sapins qui, au fond de la propriété, me protégeaient de la route et du monde extérieur. Tout semblait immobile, comme écrasé par la chaleur.
Pourtant, par-delà les insectes chantants, les sapins et la route, en contrebas, sagement alignés en rangs d’oignon, les touristes rôtissaient, enduits de crème solaire bon marché, face à la mer, imperméables aux cris et au chahut des gamins laissés à eux-mêmes et à la bienveillante vigilance des surveillants de baignade. Ce petit manège quotidien avait commencé vers dix heures du matin, et ne prendrait pas fin avant dix-huit heures, dix-huit heures trente.
Quand viendrait l’heure de l’apéritif, chacun tenterait de récupérer sa marmaille gesticulante au milieu des nuages de sable soulevés par les indélicats qui secouaient leur serviette sans se soucier de leurs voisins, hurlant après des mioches qui n’avaient aucune envie de rejoindre les voitures surchauffées qui avaient, elles aussi, eu la journée entière pour prendre le soleil.
Une fois leurs troupeaux rassemblés, les adultes ouvriraient en grand les portes de leurs véhicules pour laisser la température intérieure redescendre sous la barre des cinquante degrés. Pendant que les uns tenteraient vainement de faire rentrer les enfants dans la voiture, les autres tenteraient tout aussi vainement de faire rentrer dans le coffre la glacière, les serviettes, les jouets en plastique « made in China » que les moutards refuseraient de lâcher, avant de se rendre compte que le parasol, mal replié, empêchait la manœuvre. Une bonne âme s’empresserait de faire tourner le moteur et de mettre la climatisation à fond, sans pour autant prendre la peine de refermer les portières ni le toit ouvrant. Il se trouverait peut-être une mouette pour profiter un peu de cette fraîcheur toute relative, aussi artificielle que bienvenue.
Puis, dans un cortège digne de funérailles nationales, au son des klaxons et des noms d’oiseaux, la populace estivale prendrait le chemin de l’hôtel ou du camping, et mon petit coin de paradis retrouverait son calme habituel, au moins jusqu’à dix heures demain matin.
J’ai hâte de retrouver septembre et la tranquille routine de la basse-saison…
Félicitation pour ce premier wikiconcours !
Tu as décrit le calvaire de mes étés depuis looooooongtemps !
Il se trouve que c’est également le mien^^
C’est tellement vrai ! 🙂
C’est bien rythmé. J’aime !