Chapitre 8

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                Galras était une ville de taille moyenne, assez commune dans la région. Les remparts, malgré leur taille, n’étaient pas occupés. Après avoir scruté la ville une nouvelle fois, Lizt se rendit compte qu’il n’y avait personne. Les maisons, toutes plus délabrées que la précédente, étaient barricadées. Le sol était gris et sec, comme s’il n’avait pas reçu une seule goutte d’eau depuis des lustres. Une odeur nauséabonde planait dans l’air et le rendait à peine respirable. Svaria fut prise d’une toux dont la violence surprit son compagnon. Ce dernier tenta de l’apaiser en lui tapotant le dos.

« Merci, mais je ne pense pas que ce soit très efficace. Le problème vient de l’air, évite de trop en respirer. » Elle remonta son col jusqu’à couvrir son nez. « Changeons de plan. On trouve des provisions, et on part d’ici le plus tôt possible. Ça te va ?

Le duo avança un peu plus dans les rues vides. Malgré l’état d’abandon avancé des lieux, des bruits provenant des maisons se faisaient parfois entendre. Des grattements, des pas, et même des respirations. Après un certain temps, les deux compagnons atteignirent la place centrale, et y découvrirent la source de l’odeur qui planait sur Galras : Un charnier gigantesque se trouvait ici. Les corps encore reconnaissables étaient tous difformes, et avaient à peine l’air humain. Des pustules couvraient leurs visages dont la forme semblait avoir été façonnée par un artiste fou. Leurs doigts étaient orientés dans des angles impossibles, et leurs jambes étaient soit extrêmement longues, soit ridiculement petites. Parfois, on observait même les deux tailles sur un seul individu. Svaria se demanda quel genre d’endroit avait été cette ville, puis enjoignit Lizt de reprendre l’exploration des lieux.

« Il n’y aurait donc pas d’auberge, ici ? Impossible ! En cherchant un peu plus, nous trouverons bien quelque chose ! »

Comme une réponse, une voix interpela les voyageurs.

« Vous, là ! Vous devez chercher un endroit où manger et passer la nuit. Je me trompe ? »

À l’origine du son se trouvait un petit homme. Si son état n’était pas aussi catastrophique que celui des cadavres, son apparence était définitivement anormale. En regardant vite, il semblait tout à fait ordinaire, mais en l’observant plus attentivement, on pouvait voir tous les défauts de son visage, ainsi que ses proportions hasardeuses, comme s’il avait été assemblé avec des parties venant toutes d’individus différents. Svaria confirma l’hypothèse de leur interlocuteur, qui après leur avoir fait signe de le suivre, s’enfonça dans les rues étroites tout en prenant soin de rester à l’ombre. Après quelques minutes à le suivre, le groupe arriva à une bâtisse à peine différente des autres. Sans guide, ils ne l’auraient probablement jamais trouvée. Sur l’invitation du petit homme, ils pénétrèrent dans un lieu presque privé de lumière. Une odeur différente de celle de l’extérieur régnait. Une odeur de cuisine. Lizt s’aperçut alors que sa faim était grande. Il n’avait en effet pas mangé depuis la veille. Comme pour réagir à cette prise de conscience, son estomac produit un son qui ne manqua pas de faire rire ses accompagnateurs. Au fond de la pièce se trouvait un petit escalier menant au sous-sol. Lorsque Svaria s’en approcha, une dizaines d’hommes similaires à leur guide en sortirent. Un bruit sourd retentit, et Lizt tomba, inconscient. Svaria et revit une dernière fois son guide, la bave aux lèvres.

 

                Lizt se réveilla dans une pièce sombre. Il tenta de se relever, mais comprit vite qu’il était en fait debout, et que ses bras et ses jambes étaient attachés, rendant tout mouvement impossible. A sa droite se trouvait Svaria, qui ne tarda pas à se réveiller à son tour. Encore désorientée, elle se mit à paniquer, puis se calma d’un seul coup après avoir remarqué son compagnon.

« Tu es là, toi aussi… » Elle semblait partagée entre plusieurs émotions. « Tu es réveillé depuis longtemps ? Tu as une idée de ce qu’on pourrait faire pour partir d’ici ? »

Lizt fit non de la tête d’un air désolé.

« Ce n’est pas grave. Cherchons encore, il doit bien y avoir quelque chose que nous pouvons faire. »

Malheureusement, les deux captifs n’étaient pas libres de leurs mouvements, et l’obscurité rendait l’observation des lieux extrêmement ardue. Tout de même, Lizt devina les contours d’une porte à sa gauche. Il remarqua également que celui qui les avait attachés avait bâclé son travail, et qu’il serait capable de se libérer avec un peu de temps.

Mais, par une ironie cruelle, la porte s’ouvrit et laissa entrer quelqu’un. Il était impossible de voir clairement son visage, mais il n’en fallait pas autant pour savoir qu’il était tout aussi hideux que les autres.

« Déjà debout ? Vendig n’a pas été assez rigoureux, il faut croire… Dire que vous êtes de si belles pièces… Quel gâchis… »

Alors qu’il prononçait ces mots, l’homme marcha doucement vers le fond, et y ramassa quelque chose. Lizt regarda Svaria. La peur se lisait sur le visage de la jeune fille. L’homme revint aussitôt et reprit la parole.

« D’habitude, je ne m’amuse pas avec le bétail avant de le tuer… prononça-t-il d’abord doucement, sa voix montant en ton à chaque nouveau mot. Mais je n’arrête pas de penser à ces idiots incapables de me fournir de la viande sans la ruiner ! »

Au même moment, il frappa Svaria avec l’objet qu’il avait dans la main : une sorte de longue aiguille rappelant vaguement un fouet. Elle poussa un petit gémissement, qui sembla motiver leur hôte dans son entreprise. Après quelques coups supplémentaires, il planta à plusieurs reprises le bout de son outil dans l’abdomen de sa victime. Lizt regardait la scène, impuissant. Chaque coup qui était porté à son compagnon l’emplissait de rage. Une rage qui lui rappelait ce qu’il avait ressenti à Amest. Une envie de destruction de plus en plus grande, et qui bientôt ne serait plus satisfaite que par l’annihilation de tout Dihonoya. Il essayait tant bien que mal de se détacher sans se faire remarquer, mais, malgré son grand plaisir, leur tortionnaire ne relâchait pas sa vigilance, ralentissant grandement les efforts du jeune homme. Après un certain temps, celui-ci, semblant se lasser de Svaria, reporta son attention sur l’autre moitié du groupe. Il lui donna quelques coups, puis planta son outil dans sa jambe, lui arrachant un cri au passage, avant de repartir au fond. Il revint avec un couteau particulièrement bien entretenu. Faisant preuve d’une lenteur sadique, il porta sa lame au visage de Lizt, et lui entailla la joue de haut en bas. Puis il se rapprocha et lécha son œuvre avec un plaisir qu’il n’avait même pas cherché à dissimuler.

« Rien de tel qu’un jouet encore vivant ! Il faudra que je pense à remercier ces incapables, tout compte fait… »

Puis il dirigea une nouvelle fois son attention vers Svaria.

« Tu es vraiment un superbe morceau, tu sais… Toute cette viande maigre… Je n’avais jamais vu de femme pareille… Il faut que je garde un bout pour moi ! Les autres n’ont pas besoin de le savoir… »

Aussitôt, il prit une scie et la posa sur la jambe de la jeune femme. Puis il se ravisa, et plaça l’outil juste en dessous de son épaule, et se mit à couper avec une intensité maladive. Les cris suivirent instantanément. Elle tentait de se débattre, faisait de son possible pour échapper à la scène macabre dont elle était le personnage principal. Le barrage intérieur qu’elle avait formé se rompit, et un flot inarrêtable de regrets inonda ses pensées. Sa quête était-elle vaine ? Aurait-elle dû rester à Ystria ? Pourquoi ne s’était-elle pas méfiée dès le début ? Se serait-elle adoucie au contact de l’homme de l’Ouest ? Pourquoi a-t-elle été choisie, plutôt que lui ? Un instant durant, elle voulut le détester, le blâmer pour toutes ses mésaventures. Elle n’aurait eu aucun problème si elle était restée seule. Mais au fond, elle savait que tout était faux. Elle qui n’avait même pas pu sauver son frère. Le seul fautif était, comme toujours, sa négligence.

                Elle regarda son compagnon d’un air désolé, demandant mentalement pardon pour toutes les pensées qu’elle venait d’avoir. Elle put alors voir son visage en détail. Sa mâchoire était extrêmement contractée. Il mobilisait toutes ses forces pour ne pas crier lui aussi. Des larmes épaisses coulaient continuellement sur ses joues, se mélangeant au sang qui suintait toujours de sa blessure. L’homme continuait son ouvrage, toujours plus concentré. Svaria avait arrêté de crier, plus par épuisement que par accoutumance. La scie avait presque atteint l’autre bout, maintenant. Encore quelques secondes, et ce serait fini. L’instant semblait s’étirer encore et encore, comme s’il était sans fin, comme si la souffrance était éternelle. Puis le bruit sourd de la scie qui s’enfonce dans le mur, suivi de celui du sang s’écrasant au sol, encore et encore, et du cri de joie du tortionnaire, brandissant le bras comme un trophée. Il le renifla sur la longueur, puis se mit à boire goulûment le sang qui en coulait. Dans son euphorie, il ne remarqua pas que Lizt avait réussi à se détacher, et qu’il se tenait juste derrière lui, avec dans ses mains le couteau qui avait été laissé par terre. Le jeune homme coupa à l’arrière des genoux, forçant le bourreau à terre. Il le mit ensuite sur le dos d’un coup de pied, et planta sa lame dans chacune de ses épaules, puis les cuisses. Ensuite, il s’attaqua au visage. D’abord les joues, puis les lèvres, et enfin les yeux. À chaque coup, du pus giclait sur le visage de Lizt, mais ça lui était égal. Chaque cri qu’il arrachait à ce monstre l’emplissait d’une satisfaction intense. Après le visage vint le tout du ventre, puis de la poitrine. Tout en prenant soin d’éviter le cœur, Lizt poinçonnait le corps qui se trouvait en dessous lui comme un forcené. Tout le reste avait disparu. Il n’était plus dans un sous-sol de Galras. Il n’était plus nulle part. À cet instant, il n’existait plus que trois choses : lui-même, l’ordure qui leur avait infligé tout ça, et le couteau qu’il tenait dans ses mains. Enfin, lorsque les cris finirent par s’arrêter, il lui trancha froidement la gorge.

                Lizt se releva, vidé, et se dirigea vers Svaria. Les larmes aux yeux, il l’étreignit faiblement, puis coupa ses liens. La jeune femme, peinant à intégrer ce qu’il venait de se passer, se contenta de caresser les cheveux de son compagnon avec sa main restante.

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