EMPATH : chapitre 10

Chapitre 10 : Anniversaire

Le samedi je l’ai passé avec Nat à la bibliothèque, nous étions toutes les deux concentrées sur nos révisions.

J’ai passé la journée de dimanche chez mes parents, après-midi jeu de société, et bon repas. Discussions autour d’un thé dans le canapé pour le gouter, je leur parle rapidement des nouvelles rencontres que j’ai faite. Ils ne disent rien et pourtant je vois dans leurs regards qu’ils sont heureux que je retrouve une vie sociale. Moi aussi je dois dire.

Depuis l’incident en terminale, je n’ai pas vraiment osé me rapprocher de quelqu’un, c’est pour ça qu’avec Eva, cela a duré qu’une nuit de proximité. Dès que nous nous sommes rencontrées, j’ai repoussé tous ce qu’elle pouvait me faire éprouver. Cela aurait pu être une relation sérieuse mais je n’en étais pas capable.

X – Mercredi 28 septembre

Mercredi arrive rapidement, nous mangeons toujours ensemble avec Natalie et Emil, ce sont des discussions légères, comme ce que nous faisons avec Emil depuis une semaine par message, depuis notre premier déjeuner ensemble mercredi dernier.

– Comment allez-vous ? nous demande Nat quand on s’assoit sur une table à l’extérieur ; le temps le permettant encore.

– Je vais bien, répond Emil les yeux fuyants, les amphis sont hyper sympas, poursuit-il pour éviter qu’on s’attarde sur lui, et toi ?

– Ça va, on commence déjà à avoir pas mal de chose à faire pour les cours, entre tous les compte rendus…

Elle se tourne vers, et donne un léger coup de tête pour me retourner la question.

– Ça va, j’ai passé une bonne journée avec mes parents dimanche dernier, c’était cool, dis-je avec la même technique.

Dire un « je vais bien » et enchaîne sur autre chose de véridique et large pour éviter que les gens insistent. Les personnes s’intéressent beaucoup trop à la vie des autres, pourtant nous mentons presque tous à la question « ça va ? ». J’avais énormément de mal à gérer mon habilité, cela me demandait trop de concentration et étais très renfermer, donc j’ai beaucoup évité et mentis à cette question. Comment maintenant.

Je ne cherche pas à rajouter des personnes dans mon cercle de proximité, comme c’est plus dur de maintenir hors de portée les émotions des personnes que j’aime et qui m’aiment.

Et pourtant, j’observe ma voisine et mon voisin et je ne sais pas, je suis bien sans l’être vraiment. Est-ce bizarre ?

Bien car je suis apaisée depuis très longtemps en présence de quelqu’un. Et pourtant je repousse quand même les émotions des autres.

J’ai aussi essayé quelque chose de nouveau. Comme la fois avec Emil, j’ai pu voir ses deux couches d’émotions sans pour autant rentrée dedans. C’est donc ça que j’ai tenté de faire hier. Je me concentrée sur une personne, pas trop près ni trop loin de moi, pour voir ses émotions.

Ce n’a pas vraiment été un franc succès, je n’y arrivais pas ou alors je sentais que je pouvais aller trop loin.

C’est bien pour ça que je ne suis pas aller en cours ce matin, j’étais assez fatiguée et me suis couchée hier après un thé et mon somnifère.

Et là, je fais semblant devant mes amis, d’avoir suivis les cours du matin et d’aller bien. Je sais que je n’allais pas bien avant que je rencontre son regard, enfin il a apaisé la tempête qui était prête à s’élancer.

Il serait juste que je m’éloigner, je le sais et pourtant…

X – Jeudi 29 septembre 2022

Je marche dans la rue, tôt matin. Enfin 8h, avec deux tasses sur un reposoir dans ma main gauche, je pousse la porte de son immeuble.

Je ne m’arrête pas un seul instant sur le fait que j’ai ouvert la porte sans le code d’entrée. Je jette quand même un coup d’œil au nom de famille et trouve facilement le sien.

C’est son anniversaire et je voulais faire une surprise avec un café de chez Starbucks, parce qu’il m’a dit par message au détour d’une conversation, qu’il y aller souvent avec ses amis l’année dernière.

Je monte les marches et essaye de ne pas trop réfléchir à tout ce à quoi ça implique.

A son étage, je tombe sur une porte entrouverte, je rentre doucement dans l’appartement et l’appelle.

– T’en bois aussi, ça va t’es un vampire Emil, dit une voix que je ne connais pas.

– Nora ! S’écrie Emil quand il me voit.

L’autre personne se retourne et moi je cours hors de cette révélation.

Je sors de l’immeuble la respire sifflante, je jette les boissons et commence à courir vers l’internat.