Chapitre 16 : Le retour
Une fois dans la chambre, la nuit est en train de tombée, George est parti acheter une pizza, Emil est avec moi, assis sur son lit, silencieux, contrarié.
Je m’approche et m’assois à côté de lui, et sépare délicatement ces deux mains qui se grattent et enlace sa main droite avec la mienne.
– Dis-moi à quoi tu penses, chuchoté-je.
– Je ne peux pas, et je ne veux rien faire. Ce Charles, il culpabilise car il sait que s’il n’avait rien dit, les deux hommes ne seraient pas morts. Je ne veux juste plus me battre contre tout ça, j’avais déjà tiré un trait sur tous ces trucs de chasseurs mais j’ai été réentraîner dedans avec la mort de Rosa. Je veux rentrer chez moi et continué la fac, avoir une vie normale…
– Et pourquoi pas alors, tu le veux fais-le, on rentre à Okona, dis-je.
– Je sais déjà ce que va me dire George, la femme tient peut-être les rennes, il faut l’arrête, le fils et le conseil aussi. Et le chasseur qui les a informés !
– Toi et George vous pouvez vouloir des choses différentes, vous êtes amis, vous le serez toujours même si vous n’êtes pas d’accord, d’autant plus que vous l’êtes depuis longtemps.
– Merci, dit-il en me caressant la main à son tour.
Nous restons assis l’un à côté de l’autre je ne sais combien de temps, on se sépare bien vite quand George revient avec la nourriture.
XXX – Dimanche 9 octobre 2022
Après une bonne nuit et une discussion chargée entre les deux amis –où je n’étais pas là—, nous avons quitté Emmitsburg en fin de matinée.
– Donc tu perçois les émotions de tout le monde, dit George au volant.
– Oui c’est ça, des couches d’émotions, la première superficielle et la seconde, c’est le cœur de la personne, expliqué-je.
– Waouh.
– C’est pour ça que je voulais te demander si tu avais déjà vu ça ou tu en avais entendu parler ?
– Je suis désolé, dit-il alors qu’il secoue la tête, je ne connaissais pas avant toi, tu dois être une sorte de sorcière, je sais qu’il existe des congrégations, des covens de sorcières qui peuvent voyager de corps, la congrégation des jumeaux alors pourquoi pas un dont les sorcières perçoivent les émotions, réfléchit-il. Mais ça se passe comment, tu vois des mots ou bien ?
– Non je les perçois, les ressens vraiment, ça me demande justement un effort de les éloigner.
– Je vais demander à une sorcière de confiance, fais attention avec cette révélation.
Nous hochons tous les deux la tête et continuons le voyage rythmé par mes nombreuses questions sur le monde surnaturel, on passe par les différents pouvoirs et faiblesses des vampires, j’apprends aussi ce que c’est une congrégation –un groupe ou une famille de sorciers–, qu’il existe aussi des loups-garous.
X
Nous nous garons devant mon internat vers dix-neuf heures, après huit longues heures de routes.
– Ah enfin, dis-je en sortant de la voiture et je m’étire.
– Bon voyage quand même ? Me demande Emil en me voyant faire.
– Oui, j’ai beaucoup apprécié, la voiture c’est juste long et peu confortable. Mais je suis contente d’être venu avec vous.
Emil souris et sors mon sac du coffre.
– Waouh, c’est beau, m’exclamé-je en me retournant.
Nous sommes certes sur le parking avec plus loin mon bâtiment mais on peut voir le soleil se coucher derrière les arbres qui entourent cette partie du campus. Je vois des jolies couleurs orangé et rosé entre les branches.
– C’est beau, me répété-je tourner vers ce spectacle dont je prends le temps d’admirer.
– Oui, entends-je derrière moi.
Je retire mes yeux de ce décor et me tourne vers Emil, il est beau aussi, avec ces yeux verts envoûtant –certes un peu fatigué aussi– et cette aura apaisante.
Nous sommes tous les deux-là, ne sachant quoi dire ou quoi faire, finalement on avance doucement vers l’entrée. Nous sommes proches, nous mains se cherchent gentiment et je le sens se rapprocher de moi une fois face à face.
On sursaute quand la porte d’entrée claque à côté de nous et que deux personnes sortent. Je vois Emil reculé d’un pas, lâche mes doigts.
– Mumm… Eh bien bonne soirée, on se voit dans la semaine j’imagine, dit-il incertain.
Il se retourne prêt à repartir vers la voiture ou George l’attend, mais je ne sais pas ce qui se passe dans ma tête mais attrape sa main.
Je le tire vers moi, n’hésite pas une seconde et pose mes lèvres sur les siennes.
Il répond à mon baiser et m’embrasse à son tour, s’ensuit une danse sensuelle, je pose mes mains sur ses hanches, et l’embrasse, je ne pense qu’à ses lèvres douces sur les miennes.
Mais d’un coup la réalité me rattrape, je m’éloigne encore sous le choc de ce que je viens de faire. Mais je veux déjà recommencer, on se regarde dans les yeux encore proches l’un de l’autre, ne sachant visiblement pas quoi se dire.
C’est moi qui l’ai embrassé, alors qu’il allait partir. Je baisse les épaules et chuchote :
– Je suis désolée, je ne peux pas, alors que j’enlève mes mains et recule d’un pas.
– Moi aussi, je n’aurais pas dû, et il retire ses mains de mon dos.
Nous voilà maintenant éloignés mais je le ressens toujours près de moi, je me force à penser que je ne peux pas, que c’est pour le mieux alors que je passe la porte après lui avoir soufflé une bonne nuit.