Le soleil se levait à peine lorsque, depuis sa chambre, Damian l’entendit se lever, se doucher et prendre son vélo. Il ne se leva pas pour la rattraper et lui dire que c’était trop tôt ou quoi que ce soit d’autre. Si elle devait le faire, si cela lui était nécessaire alors qu’elle le fasse, il n’avait pas à l’en empêcher.
Amanda, décidée et déterminée, pédala très fort et très vite jusqu’au village voisin. Elle se dirigea vers ce chemin de terre et de cailloux, roula dans la forêt jusqu’à cette bâtisse. Là, elle descendit de son vélo, attendit à couvert, se dissimulant derrière les arbres et dans leur ombre, observa. Les volets étaient déjà ouverts. Il y avait de la lumière au premier. Soudain, la porte d’entrée s’ouvrit. Belinda sortit portant deux grands seaux en plastique et se dirigea vers l’arrière de cette maison. Amanda l’observa de loin. Elle avait l’air bizarre, fatiguée peut-être. Elle avait l’air d’avoir mal aux jambes, peut-être. Sa démarche était tellement…Elle marchait comme une vieille femme le dos courbé, claudiquant. Chacun de ses pas semblait la faire souffrir atrocement. Amanda en fut retournée. Elle avait envie de courir vers elle pour l’aider, se serrer contre elle et même temps de s’en aller, la laisser tranquille, ne pas l’embêter. Elle n’était pas là pour l’embêter ou lui provoquer des embêtements. Juste qu’elle lui explique c’était tout ce qu’elle voulait. Ensuite, elle la laisserait tranquille.
Amanda la suivit des yeux jusqu’à ce qu’elle disparaisse à l’arrière de cette bâtisse de briques sombres.
Là, la jeune fille sentit son cœur se mettre à battre, le stress monter en elle car elle savait qu’elle allait se précipiter vers elle. Mais elle ne savait pas ce que Belinda allait lui dire ni comment elle allait réagir. Et cela lui faisait peur. Mais encore une fois, tout cela lui était nécessaire.
Amanda observa, encore, les alentours. Elle ne voulait pas que son mari sache qu’elle était là pour ne pas lui créer d’ennuis. Juste au cas où. Elle resta alors dans l’ombre des arbres et essaya de trouver un point de vue qu’il lui permettrait d’observer de loin sans être vue.
Belinda, elle, se rendait vers son étable. Elle repensait à cette journée d’hier. Jamais ils ne reviendraient. C’était peut-être, seulement, une coïncidence, peut-être pas. Peu lui importait. Ils ne reviendraient pas. Damian, en tout cas, ne reviendrait pas. Amanda, elle ne la connaissait pas, plus vraiment. Elle avait grandi. C’était une belle jeune fille. Une très belle jeune fille. Mais la façon dont elle l’avait regardée, elle devait la détester. Et malgré ce pincement au cœur qu’elle ressentit à cette pensée, ce n’était pas grave se disait Belinda. L’important était qu’ils aillent bien tous les deux, c’était le principal. C’était tout ce qu’elle demandait. Et ça avait l’air d’aller bien pour tous les deux. Ils n’avaient pas l’air de manquer de quoi que ce soit. C’était bien. Damian avait fini par monter son cabinet, ça aussi c’était bien. C’était bien.
Et alors qu’elle versait les granulés dans les mangeoires de ses bêtes, elle sentit les larmes naître dans ses yeux. Elle ne les laissa pas couler. Même si elle aurait tellement voulu être avec eux. Être avec lui. Vivre cette vie-là avec eux. Sa vie avec eux.
Tout à coup, la porte de son étable claqua. Elle sursauta et se retourna aussitôt. Amanda se tenait plaquée contre cette porte. Elle la regarda. Son cœur battait tellement fort et pas seulement parce qu’elle avait couru aussi vite qu’elle avait pu. Elle était terrorisée de se retrouver face à elle.
– « Amanda ? Tu… ? ».
Mais elle n’eut pas le temps de finir sa phrase que la jeune fille se jeta contre elle. Belinda en lâcha ses seaux. Il lui fallut quelques secondes avant qu’elle ne laisse ses bras la serrer contre elle. Amanda se mit alors à pleurer comme cette enfant qu’elle était encore. Belinda sentit tout son corps se mettre à trembler et ne retint plus ses larmes.
Elles restèrent un moment comme ça sans rien se dire, juste à se serrer l’une contre l’autre.
Puis, elles s’assirent parmi les chèvres, les brebis et les moutons, parlèrent de tout et de rien. Des animaux. Du collège. Et le temps passa vite. Très vite. Tout à coup, au loin, se fit entendre le bruit d’un moteur de tracteur que l’on démarrait. Aussitôt, Amanda se leva d’un bond. Elle ne voulait pas qu’on la voie là, pour ne pas que Belinda soit embêtée. Alors elle s’en alla. Mais avant de partir, avant de rouvrir cette porte d’étable, elle s’arrêta, se tourna vers Belinda qui la regardait.
– « Je…je peux revenir te voir ?…De temps en temps…c’est pas pour t’emb…
– Aussi souvent que tu veux…[Belinda savait qu’elle n’aurait pas dû. Elle ne put pas s’en empêcher, c’était au-dessus de ses forces]…mais… [aussi vite la jeune fille revint vers elle pour se serrer contre elle. C’était tellement bon de la sentir contre elle, sa chaleur, son odeur et tellement affreux de devoir la laisser s’en aller]…surtout il faut que tu…
– Tu dois pas avoir peur, personne ne me verra, je te le promets ».
Lorsque Damian sortit enfin de chez lui, Amanda était de retour et s’occupait de ses animaux. Elle fredonnait les chansons qu’elle écoutait sur son lecteur de CD portable. Visiblement, cela lui avait fait du bien d’aller là-bas.
Il alla s’asseoir dans l’un des fauteuils de son salon de jardin. Buvant son chocolat, il la regarda cureter le box de Pâquerette qui ne la quittait pas d’une semelle. Elle se tourna alors vers lui et battit alors frénétiquement de la main pour lui dire bonjour, un grand sourire sur son joli visage.
Damian sourit. Elle allait bien et c’était tout ce qui comptait pour lui. Pour le reste…
Chaque jour, dès lors, avant même que le soleil ne soit levé, avant même de s’occuper de ses animaux, Amanda se rendait voir Belinda. Elle prit vite l’habitude de prendre avec elle un thermos de chocolat chaud et d’acheter des petits pains au chocolat ou des croissants sur sa route. Elle se disait qu’au moins Belinda mangerait ça. Ça lui ferait du bien, elle était si maigre. Et tandis qu’elles prenaient ce petit déjeuner, elles parlaient de tout et de rien, rigolaient parfois, s’occupaient parfois des bêtes, ensemble, sans rien se dire.
Bien vite, le mari de Belinda remarqua ces petites allées et venues tôt le matin. Mais il ne lui en dit rien. Cela le distrayait. Pour le moment.
Et puis un matin alors qu’elles prenaient leur petit-déjeuner, assisses dans le foin, Belinda remarqua qu’Amanda n’était pas comme d’habitude un peu plus fermée, un peu plus lointaine le regard fuyant.
– « Qu’est-ce qu’il y a ma puce ?…[Amanda souleva les épaules]…Tu sais…
– J’ai des choses à te demander mais…je veux pas que tu sois fâchée contre moi et que…tu ne veux plus que je vienne te voir…
– Pourquoi je suis partie c’est ça ? C’est ce que tu veux me demander ?…[Amanda acquiesça]…tu sais ma puce, la vie d’une femme c’est parfois compliqué…et il faut parfois faire des choix que…tu ne pensais pas devoir faire, c’est comme ça. Ça ne veut pas dire que je n’aimais pas ma vie avec vous ou ton père…ou que je ne t’aime pas toi…on va dire que j’ai fait ce qui me paraissait…le mieux pour tout le monde, c’est tout.
– Et…t’as eu raison ?
– Je crois, ouais…toi, tu es heureuse ?
– La plupart du temps oui, mais…[Belinda sourit]…tu sais il y a eu des moments où j’aurai bien voulu que tu sois là…papa, il fait tout ce qu’il peut, tu sais mais…il y a eu des fois, c’est de toi que j’avais besoin…et…je t’en ai voulue tu sais…et…je t’en veux encore parfois ». Des larmes commencèrent à se dessiner dans ses yeux comme dans ceux de Belinda.
– Je sais, ma puce, je sais. Et c’est normal. C’est rien.
– Et toi t’es heureuse ?
– En ce moment, oui. Amanda essuya ses yeux, esquissa un furtif sourire et commença à se détendre.
– Tu…tu as…des enfants ?
– Oui…toi.
– Non…je veux dire…
– Non, je n’en ai pas eu d’autres.
– Je…t’es malade ?
– Malade ? Pourquoi tu me demandes ça ?
– Ben tu es toute maigre, t’étais pas comme ça avant. Belinda sourit.
– Comme je te l’ai dit, ma puce, la vie d’une femme c’est compliqué et ça l’est encore plus ici. Ne t’inquiètes pas pour moi, je vais bien.
– T’es sûre ?
– Ouais…viens par ici…[Belinda la prit dans ses bras]…t’inquiètes pas je vais bien…je vais bien ».
Comme tous les jours, Amanda quitta Belinda pour mieux la retrouver le lendemain matin. Et alors qu’elle s’enfonçait dans la forêt, elle était observée par son mari, de plus en plus amusé par ce petit manège. Un sourire se dessina sous sa moustache. Il se dit alors qu’il était dommage que cette gamine soit la seule à profiter de la présence de Belinda. Il se dirigea vers l’étable.
Lorsqu’elle le vit entrer, son regard changea. Belinda savait ce qu’il était venu chercher. Et comme chaque fois, elle lui laisserait le prendre. Il avança alors vers elle, la main sur son entre jambe où se dessinait une monstrueuse bosse. Il se tint alors devant elle. Elle baissa les yeux, descendant bien sagement la double fermeture éclair de sa combinaison de travail. La voir si docile, si soumise, offerte devant lui, il s’en lécha les babines. La bosse dans son pantalon n’en enfla que plus. Il lui caressa alors le visage, doucement d’abord. D’un coup, il l’empoigna serrant ses joues de toutes ses forces. Elle n’eut aucune réaction. D’un coup, il la jeta contre le sol, ouvrit sa braguette, s’allongea sur elle. Il commença à lui lécher le visage, pétrir ses seins dans ses grosses mains poilues. Et même si cela lui faisait un mal de chien, elle ne se plaignit pas. D’un coup, il plongea sa main entre ses jambes. Il sentit alors qu’elle n’avait pas envie de lui. Cela le fit sourire et cela ne le stoppa pas. Il la pénétra, bestial sauvage, violent. Et même si elle avait l’impression qu’une barre en acier était entrée en elle pour la déchirer, elle n’eut aucune réaction. Comme à chaque fois tandis qu’il s’acharnait sur elle, en elle, sur son corps, elle le quitta pour aller loin, très loin en attendant qu’il en ait fini. Cela lui était égal. Bien égal.
Il y avait à peine quelques minutes qu’il était en elle lorsqu’elle le sentit jouir. Le temps de reprendre sa respiration, il se retira d’elle le sourire aux lèvres, satisfait. Et tandis qu’il remontait sa braguette la regardant, tout puissant, elle resta allongée sur le sol. Lui avait toujours ce sourire de démon peint sur le visage. Il la regardait. Elle n’avait aucune réaction. D’un coup, il se racla la gorge et, comme il l’avait fait en elle, il lui cracha dessus, en plein visage. Et cela le fit rire. Là encore, elle n’eut aucune réaction.