Chapitre 30 : Respire
Mercredi 9 novembre
J’ai tenu ma promesse et n’ai pas ouvert la porte avant neuf heures du matin, j’ai trouvé Natalie recroquevillée par terre, toujours attacher, nue et transpirante.
Emil m’a aidé à la ramener à l’internat, elle s’est couchée directement dans son lit pour reprendre des forces. Je l’ai surveillée toute la matinée, assise à mon bureau, tentant de travailler.
Natalie s’est réveillée vers onze heures, elle a pris une douche puis nous sommes allés manger. Elle m’assure qu’elle va bien et je la lâche devant son bâtiment de cours et m’en vais retrouver Emil que je n’ai pas vu depuis qu’il est parti en cours.
– Salut, dis-je alors que nous nous embrassons.
– Hey, Natalie va bien ?
– Oui elle va bien. Et toi ?
– Parfaitement bien, dit-il un grand sourire au visage.
Je souris à mon tour et attrape sa main, nous nous baladons sans but dans le campus.
– Tu sais j’ai réfléchi et George m’a quelque peu donné l’idée.
– Je t’écoute, dis-je alors que nous arrêtons et nous nous faisons face, toujours les mains liées.
– Les personnes dotées de pouvoirs magiques sont souvent des grandes familles, des lignées, alors je me suis dit que peut-être tes parents sont comme toi et peuvent t’aider. C’est toujours bien de rencontrer des pairs, tu sais Rosalyn a été la première vampire que j’ai rencontré.
– Je sais, j’y ai pensé aussi après le road trip….
Je ne dis rien pour sa meilleure amie et resserre ma poigne pour marquer ma présence.
– Mais j’ai été adopté dans un hôpital sous dossier scellé et puis mes pères, je n’ai pas envie de… Je ne sais pas. S’ils apprennent que j’ai cherché mes parents biologiques…Je ne veux pas leur faire de la peine. Je veux dire, je ne les connais pas, et ils m’ont abandonnée. Papa Éric et Liam ont été là pour moi, ce sont eux mes parents. Et puis t’imagine s’ils m’ont abandonnée justement parce que j’avais des pouvoirs ?
– Tu crois qu’ils savaient que tu étais une empath alors que tu étais bébé ? Demande-t-il.
– J’en sais rien, peut-être qu’eux aussi étaient des empath, dis-je incertaine.
– J’ai les moyens d’obliger le personnel de l’hôpital de nous remettre la copie de ton dossier et si tu veux je peux le lire à ta place et te partager s’il y a des informations qui pourraient t’aider, propose-t-il.
– Merci, je vais y réfléchir et peut-être parler à mes parents, comment tu dis ça aux personnes qui compte le plus ?
– Je ne sais pas, mes parents pensaient que j’étais mort au combat, comme mon frère d’ailleurs, mais tu l’as dit à moi et à Natalie, tu peux très bien le refaire.
Je souris doucement et le remercie du bout des lèvres, puis il me souhaite une bonne après-midi et je rentre dans ma salle pour suivre mon cours de socio.
XX
Mercredi soir après m’être couchée dans mon lit, je retourne ma conversation avec Emil dans tous les sens. Je me concentre sur mon souffle, mon cœur qui bat et essaye de savoir, de trouver une réponse à ce dilemme !
Est-ce que je veux aller à l’hôpital ?
Cette question tourne en boucle dans mon esprit, est-ce que je veux savoir pour mes parents biologiques ? Et si ça entraîner quelque chose de bien plus grave ?
Je sais pas, je sais pas, je sais pas.
JE NE SAIS PAS !
Ça crie dans ma tête et tout ce mélange.
RESPIRE, crié-je à la place.
Respire doucement.
Inspire, expire.
Respire.
Je décide alors pour me mettre au clair de commencer une liste des choses que je sais pour sûr.
– Je ne veux pas faire de peine à mes pères.
– Un jour, je veux leur dire pour moi. Comment et quand, ça, je ne sais pas encore.
Je tourne la tête et tombe sur Natalie qui dort profondément, elle, elle sait qui elle, même si elle continue chaque jour –et durant la pleine lune surtout– à accepter son destin. Pourtant c’est une fille droite dans ses baskets, bosseuse, drôle, de confiance.
Et je pense à Emil, lui aussi est bien dans sa peau –même si ça n’a pas toujours été le cas– et quand Rosalyn est morte, il a failli fuir dans ses vieux démons. C’est pour ça aussi je pense qu’il s’est éloigné quelque temps de George et a changé de ville.
Je pense à papa Éric, qui lui aussi, s’est battu pour être accepté dans sa propre famille. À papa Liam qui a avancé alors que son père l’a abandonné. À eux deux alors que leur début n’était pas des plus facile.
– Je veux me comprendre, pensé-je finalement. Je veux savoir qui je suis.
– Et je ne veux définitivement pas refaire du mal à quelqu’un. Et pour savoir, la clé est de trouver mes limites, et ce que je peux faire.
Et donc de comprendre mes pouvoirs.
Peut-être que le dossier de l’hôpital pourra m’aider….