Chapitre 29 : Pleine lune (partie 2)
Quand je sors du chalet, je respire fort et plaque mes mains sur mon cœur.
– Ça va Nora ? Me demande Emil alors qu’il me rejoint en un instant devant la porte.
J’inspire et expire doucement, j’essaye de ralentir mon rythme cardiaque, je sers toujours fort les clés dans ma main droite, qui est posée sur ma poitrine, comme pour les protéger. Je ne dis rien, lui aussi, il se place juste à côté de moi, son bras m’entourer les épaules et son autre main caressant mon bras.
– Ça va, dis-je finalement après quelques minutes.
– Tu es sûr ? Dit-il alors qu’on se déplace et que nous nous asseyons sur le banc-balançoire du porche.
– Oui ne t’inquiète pas, j’ai juste eu un petit moment…
Il ne répond rien mais je sens qu’il veut me poser des questions. Mais l’en empêche alors que je l’embrasse doucement.
– Ça va bien, chuchoté-je près de ses lèvres.
Nous sommes donc assis bien confortablement sur les coussins, je pose ma tête sur le torse d’Emil, il passe son bras autour de mes épaules et embrasse mon front.
– Elle va bien aller quand même Natalie ? Demandé-je après un peu de temps.
– Bien sûr que oui, dit-il alors qu’il tourne son visage vers moi et j’ai le loisir de croiser son regard. C’est ça qui t’inquiète ?
– Je ne sais pas…. Elle m’a dit qu’elle fait sa transformation depuis longtemps mais j’ai senti avant de fermer la porte son appréhension.
– C’est différent cette fois-ci
– Oui mais elle m’a dit que certes elle adore courir dans la forêt, sentir le vent, les feuilles et bois qui craquent sous ses pas. Mais elle a aussi dit que tous les os se brisent chacun à son tour, elle ne peut l’empêcher, juste l’accepter pour que ça soit moins douloureux.
– C’est malheureux mais c’est comme ça, plus vite tu acceptes qui tu es, plus vite tu peux vivre bien dans ta peau.
– Oui enfin pour nous trois c’est plus compliqué ! Tu m’as dit que ça n’a toujours pas été facile pour toi et je sais que pour moi, ça ne le sera jamais ! M’énervé-je alors que je me lève d’un coup.
– C’est là que tu te trompes Nora… ça n’a pas besoin d’être plus compliqué parce que nous sommes surnaturels, explique-t-il. Je veux dire que certes c’était compliqué pour moi à une époque. Surtout que j’ai failli revenir dans ce cercle vicieux quand Rosalyn est morte mais j’essaye de faire la paix avec qui je suis.
– Et je suis contente que toi tu as réussi ou en voie de le faire mais ce n’est pas simple pour moi, dis-je doucement et je descends les escaliers.
Je me pose sur la rue les bras croisés, et inspire par le nez. Je sens Emil me rejoindre, il se plaque contre mon dos, ses bras apaisant autour de mon corps.
– Parle-moi, s’il te plaît Nora
– Je suis désolée, je ne peux pas, me résilié-je à avouer mon secret.
Je décroise mes bras et les passe autour des siens et me cale contre son dos, mon visage sur son épaule.
Nous restons collés l’un à l’autre dans la rue, remplis de feuilles mortes de toutes les couleurs, le vent nous caresse gentiment. Il soulève mes mèches, qui me chatouillent le visage mais je ne veux pas bouger mes mains pour les enlever.
Je sens d’ailleurs ses bras me resserrer plus durement, je lève mes yeux sur les siens et pose ma question silencieuse.
– J’entends ses os qui se cassent et ses cognements, dit-il doucement.
– Je suis désolée, dis-je alors que je resserre à mon tour mes bras.
– Ne t’inquiète pas, il faut que je me concentre sur autre chose.
Et nous le faisons, nous nous réinstallons sur le porche toujours dans nos bras, nous parlons et nous nous embrassons dès fois chastement et d’autre plus durement.