Chapitre 46 : Bulle
Les jours passent et sont tous pareils, la journée en cours, le repas du midi avec Emil et Natalie quand elle se joint à nous. Je ne connais pas trop les gens de ma promo mais je suis bien dans ma petite bulle.
Je n’essaye pas de refaire de la magie, je ne cherche plus ma famille biologique. Je suis certes un peu déçu mais je suis avec ma famille, ma vraie famille.
De temps en temps, je pense à ma mère.
Surtout que je n’en ai jamais eu. Dans la nuit silencieuse sur le confort du matelas, la question me vient de temps à autre, qu’est-ce que ça aurait changé dans ma vie, si j’avais eu une maman ?
Puis je me retourne et tombe sur un visage doux endormi et je pense que j’ai tout ce qu’il me faut maintenant.
Je passe plusieurs nuits chez Emil, alors une brosse à dents et à cheveux ont pris leurs places dans la salle de bain. Avec toujours deux serviettes sur le reposoir. Une culotte et un t-shirt de rechange sont toujours maintenant dans sa commode.
Il n’a rien dit alors que j’ai commencé à m’installer, et moi non plus. Je suis bien avec lui, tout simplement. Je ne me pose pas plus la question par rapport à nous. Nous vivons au jour le jour. Les amphis, repas, révisions et nuit sous la couette se multiplient à ça nous va à tous les deux.
J’ai aussi expliqué à mes parents pour Emil, avec son accord avant bien sûr, et ce que je pouvais leur dire exactement. Ils savent qu’il est du monde surnaturel, que je l’aime et que je suis bien avec lui. Je sais qu’Emil leur a parlé plus en détail qu’il ne pouvait pas vieillir mais c’est leur conversation à eux trois.
Ça me fait plaisir de savoir qu’Emil trouve une famille avec mes parents. Qu’il peut leur parler. Et que bien sûr mes pères sont prêts à écouter, à apprendre sur ce monde-ci. J’ai essayé de leur expliquer plus sur mes pouvoirs, ils le prennent en compte, s’intéressent.
Je trouve mon équilibre dans ma vie, je souris plus fort alors que je vois tous mes efforts. Je pense certes plus à Alex qu’avant alors que j’essayais d’oublier, mais maintenant, je me pardonne. Je ne suis plus autant envahie par les émotions des autres.
Je suis bien dans ma vie.
Mais pourquoi j’ai comme une impression de mauvais que je n’arrive pas à me défaire depuis quelques jours ?
XX
Dimanche 23 avril
Nous sommes assis sur les coussins autour de sa table basse devant nos fiches de révisions, bien sûr chez lui.
Les examens commencent dans trois jours pour moi et c’est ma chance de cette fois-ci réussir ma socio.
Je regarde l’heure, il ne faut pas que je tarde à rentrer à l’internat. J’ai une dernière séance de révision avec la prof et je veux être sûr d’être à l’heure, je préfère donc dormir dans ma chambre.
Je range mes affaires et place mon sac sur mon épaule, alors qu’Emil attrape ces clés et ferme la porte derrière nous.
– Tu te sens prête pour les exams ? Me demande-t-il alors que nous avançons main dans la main dans les rues noires.
– Je pense…Et toi ?
– Prêt, me répond-il alors qu’il me sert la main et reprend, t’inquiète ne te met pas trop la pression, tu vas réussir.
– Merci, dis-je alors qu’il tente de me rassurer, ça marche un peu quand même.
Je profite de sa main et de l’air frais dans mes cheveux alors que nous arrivons bientôt à l’internat.
Mais d’un coup, je sens Emil se tendre près de moi et avant que je puisse l’interroger sur quoi que ce soit, je le vois tomber à terre après un bruit étrange.
– Emil ! Crié-je alors que j’essaye de le rattraper.
Mais je sens quelqu’un dans mon dos qui m’attrape et me plaque sa main sur mon visage. Je n’ai pas le temps de répliquer, de me débattre contre la personne derrière moi. Mes yeux essayent de rester ouverts mais je respire à plein poumon le chiffon sur mon nez et ma bouche, et tombe à la renverse moi aussi.