De retour de batailles, il cherche la saveur d’une soupe. Il marche entre brins de thym, épis de lavande et marjolaines qui tapissent les allées du parc savamment laissé à l’abandon.
Il arrive sur la place du marché, éclairée par un soleil tiède. Il y guette les cabas, les foulards, les messes basses, les oreilles tombantes d’un chien, le vol des samares, les velours côtelés et les casquettes brunes. Toutes ces baskets…
Puis il repart, entre ville et campagne, arpenter sans compter ses souvenirs au gré du macadam bosselé et des sentiers herbus.
La nuit tombe. Au dessus d’un banc de pierres, le ciel tire le fil des quelques étoiles qu’il connaît. La marche nocturne d’un long nuage presqu’invisible les voile avec lenteur.
De retour de batailles, la guerre se redessine.
La portée du canon. La bravoure du soldat. La frontière des désirs. Comme la bise qui siffle, elles ne suffisent pas à couvrir le pas lourd et cadencé de son cœur.
Les cloches de l’ancienne église ont depuis longtemps disparu de ses tours aveugles et la masse inerte de ce vieux monument s’offre par lambeau au clair de la lune.