Aux Âmes Défigurées
Le délire sadique de l’Homme
Ne connaît aucune limite ;
Les marques des bourreaux étonnent,
Mais ces cicatrices existent.
Partout s’accomplit le même rituel :
La nuit de cauchemars tient éveillé
Des ombres que la douleur martèle
Jusqu’à la rupture de leur corps enchaîné.
Dans l’Horreur scellée des abîmes,
Pétrifiés dans leur propre épouvante,
Les reclus ténébreux dessinent,
Sur les plaies béantes,
La folie d’un bourreau jamais oublié,
Gravée dans leur chair, leur âme ;
Un goût de sépulcre a défiguré
L’Avenir, que leur Passé condamne.
Les images d’une horreur renaissante
Surgissent dans leur mémoire piétinée ;
Encore et toujours plus fracassantes,
Elles déchirent le Présent vite oublié.
Ce sont des hommes et des femmes,
Confrontés à leur point de rupture,
Là où ils assistent, souvenir du Drame,
À l’indicible déchirure ;
Au-delà de laquelle, ont été transgressées
Les tabous, les interdits,
Où leur dignité a été bafouée,
Malgré les chartes et Amnesty.
Tant d’humiliations exécrables
Leur ont fait perdre leur Humanité,
Le droit de comprendre qu’ils sont estimables,
Des êtres humains singuliers.
Des sombres marches du Trépas,
À l’Obscurité profonde du Néant,
S’avancent des pauvres hères, qu’on oubliera,
Manque d’Envie, manque de temps.
Mais la main de l’Homme sait se faire douce,
Nid de chaleur, d’Amitié accordée ;
Il suffit juste qu’on le pousse
À prendre conscience de son égoïsme fardé.