Le Corps – Partie 17a

Le Corps – Partie 17a

Acte 2 – Bloc 6 – Recherche de la Solution

Beat 17 – Action

725 mots

   « Ce que j’exige ? » demandais-je. 

     J’aurais aimé défoncer cette tête d’horloge jusqu’à ce qu’il crache le morceau sur l’Esprit, mais il me fallait rester réaliste, j’étais pratiquement seul en territoire ennemi, mes troupes n’ayant pas trop l’humeur de crever pour mon Sylvaniat. « Vous voulez négocier ? Hein ? » L’intendant fit tourner quelques rouages. « Une conversation courtoise entre professionnels, bien entendu ! 

— Disposez-moi a vous écouter. Annulez l’opération spéciale de l’Ange noir. »

     Le masque cliqueta en rafale. Je compris qu’il s’agissait de la peur, format mécanique. « Vous voulez régler l’affaire avant que le cador ne rapplique, c’est ça ? Il ne va pas apprécier votre incompétence, il y a des têtes qui vont sauter ! »

    Le masque me prit par le bras et m’attira à bonne distance des sages dont les yeux brillaient comme des lances flammes. Il parla à voix basse. « Grand Sylvanium, je suis un être puissant, mais je ne pourrai pas les retenir. Ils vous feront parler tôt ou tard. »

    Je le rejetai et ordonnai d’une voix forte : « Amenez la Reine ! »

    L’Intendant retourna le plat de son masque dans ma direction et plongea ses doigts pour faire tourner quelques molettes. Les lentilles devant ses yeux basculèrent, mais il n’eut pas le temps de compléter sa manœuvre que mon sang fit sauter la chaudière. Je l’empoignai par la cage et l’envoyai glisser sur le marbre, ses rouages de tête grinçant à coup de mécanique désorganisée. « Je ne suis pas du genre patient Glenfielden ! » Les sages reculèrent, la cour toute entière exprima sa consternation.

     « Je vais vous faire une démonstration de mon pouvoir ! Amenez-moi Grimmins immédiatement ! » hurlai-je. Le masque se releva et accourut vers les trônes où il se prosterna en miaulant. « Votre splendeur de l’Innocence daigne-t-elle approcher ? » La créature n’attendit pas la réponse et frappa des mains. Une escouade de sabots et de muscles grimpa jusqu’à la Reine pour la déposer à mes pieds. À la façon dont ils la traitèrent, je compris que le règne de l’Innocente n’était qu’un leurre offert à la dérision de tous, une amusette pour griffons naïfs, rien de plus. L’ambiance était devenue nerveuse, le silence épais comme un feu d’huile. 

     J’empoignai le boulet en pendule d’une main et la chevelure de Grimmins de l’autre et l’embrassai comme jamais je ne l’avais fait. Le fer vibra à travers la chaîne alors que la fonte se couvrait de runes incandescentes. Tel que prévu, Grimmins sursauta. La lumière du cristal vacilla, alors que le collier se refermait sur sa gorge. La cour hurla au scandale. Les gardes rappliquèrent, mais il était trop tard, la Reine chutait au sol, la tête emportée par la gravité alors que mon .45 pointait les sages. Cette menace relevait d’une absence de magie, mais elle était simple et létale. La cour au grand complet se figea. 

     « C’est ce qui se produira s’il m’arrive quoi que ce soit, » lançai-je. 

     Le boulet perdit son incandescence. Les mains agrippées au collier de fer, la Reine me retourna un coup d’œil furieux alors qu’elle crachait et toussotait, peinant à retrouver son souffle. Dans la foulée, elle m’appela de son bras pour que je la relève et me glissa une phrase à l’oreille. « Les sages sont d’avis que cette contrainte bloque mon pouvoir de décupler les forces du mal. Je serais bientôt tout juste bonne à jeter au trou. » Je posai le boulet sur le pivot apporté par un eunuque, mais la Reine fit mine de défaillir pour me glisser un second message : « Skylar appelle à l’aide par dragon messager ! Rien ne va plus avec les troupes. » 

     Les serviteurs ramenèrent la Reine sur son trône, les gardes me bousculèrent. Je les repoussai et m’adressai à tous. « Désormais, c’est moi qui dicte les conditions ! Ma mort entraînera la strangulation de la Reine. » 

     J’y allai ensuite d’un nouveau bluff. 

     « Une incantation de ma part entraînera la même réaction où que je sois. » La cour hurla son horreur. 

     Je quittai la salle des trônes conspué par le troupeau complet des suppôts de l’Ange noir. « Je recevrai une délégation qui recueillera mes exigences dans une heure. Gare à vous si vous n’obéissez pas ! » répondis-je, le doigt pointé vers les sages.

   Sitôt les portes fermées, je courus en direction de nos appartements. 

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