Tel un éclair qui surgit des nuages mystérieux du passé, je me suis retrouvé au temps de mon premier bisou volé.
Seul, je repassais, des fois, devant les lieux de mes sorties et soirées. Je regardais furtivement du bout des yeux, les jeunes couples qui étaient là. Je leur en voulais de s’être appropriés ma place, mes rires, et mes rêves. Je me disais, qu’il fallait ranger ces histoires dans les tiroirs des souvenirs et de l’oubli,
Jusqu’à ce que…
Déconcertant, je ne savais pas que j’allais retrouver un jour la timidité, la maladresse, et le manque d’expérience de mes premières rencontres, comme si les compteurs se remettaient à zéro, avec elle.
Déroutant, sa présence me perturbait, la concentration me faisait défaut. Le cartésien en moi, est intimidé. Je n’avais plus que des discours hachés, et des propos désharmonieux, devant elle.
Mais aussi amusant, j’avais envie de rigoler avec mes amis d’avoir intentionnellement toucher sa main en marchant, d’avoir fait ça comme par accident, et puis d’avoir enchaîné les accidents, et d’avoir fait le clown, pour elle.
Je survolais mes jours au gré du vent, laissant des plumes, de la joie, et des années sur ma trainée. La vie perdait de son goût, ses couleurs ternissaient, plus rien ne me surprenait.
Jusqu’à ce que…
Ses yeux m’ont fait sortir du train du temps à la station du désir. Ils ont repris à l’oubli, mon bonheur, et me l’ont rendu. Ils m’ont réappris à revoir la beauté dans chaque lever de soleil, mais aussi dans chacun de ses couchers. Ils m’ont conduit dans les ruelles fleuries de ma vie, du temps de mes premiers amours.
Quand on était ensemble, je priais pour que les minutes et les heures avancent lentement, pour qu’elle reste plus longtemps que le temps avec moi. J’essayais de m’empêcher de clignoter des yeux, même une fraction de seconde, pour la regarder tout le temps qu’elle était là.
Une cascade d’images défile devant mes yeux. Elle est au centre, de plus en plus proche de moi, tout est flou autour d’elle, les lèvres se touchent, un fin bruitage discret retentit, qui fait rougir le rossignol du bosquet. Dans l’intimité de ma conscience, je lui ai fait son foyer. Elle est devenue pour moi depuis, ELLE.