Yesterday… Today…
Hier… Aujourd’hui…
C’était Hier !…
— Dis-moi ! Mère-grand, as-tu peur de mourir ?
— Bien sûr, mon chéri !… Tout comme chacun d’entre nous. Même ceux qui clament leur courage sont souvent les plus terrifiés quand l’inéluctable se présente. Mais pourquoi me poser une telle question ? À ton âge, Mylan, on ne pense qu’à s’amuser, à jouir des bienfaits de la vie !
— La raison est toute simple. J’ai une rédaction sur le sujet « La peur de la mort, l’avant et l’après » j’ai pensé que tu pourrais m’éclairer par ton savoir.
— Vaste sujet !!! La mort ne peut provenir que de la vie. « L’Avant » de la vie comme « l’Après » de la mort reste un Mystère que les plus grands chercheurs n’ont pu résoudre.
— Je sais que c’est, et restera, un Mystère, mais toi, ma Mémi chérie, qui a traversé tant de chemins douloureux, donne-moi ton opinion sur la mort, s’il te plaît.
— Ce que je vais te raconter est le fruit de mes réflexions, à toi de penser que ce ne sont que des inepties et ne pas en tenir compte. Il est vrai que j’appréhende la venue de la mort avec moins de crainte, puisque je suis déjà morte une fois.
— C’est insensé !… Voyons ! Tu n’es pas morte !
— Je vais t’expliquer : avant toute vie, nous ne sommes rien. En imageant, on pourrait dire que nous ne sommes qu’une infinie poussière errant dans le cosmos.
Voilà, au moment de la conception, lorsque le spermatozoïde va féconder l’ovule participant ainsi au miracle de la vie, il devient un embryon puis quelques semaines après un fœtus d’où au bout de neuf mois naîtra un être humain.
Inutile d’en dire davantage puisque tu as déjà étudié tout ce processus. Si je te décris l’évolution du commencement de la vie, c’est pour que tu saches que toute vie est liée à la mort.
Donc pour en revenir à ton sujet : lorsque nous naissons, grâce à une ovulation réussie, nous entrons dans la vie fœtale qui va durer neuf mois après quoi il va falloir mourir pour accéder à la vie terrestre. Pour ce faire, nous allons sortir de ce liquide amniotique en traversant un tunnel noir pour naître à une lumière terrestre où tout un monde nous reçoit dans la joie.
Ainsi nous vivons programmés pour vivre un certain temps cette vie terrestre avec comme compagne la Mort qui, toujours présente, viendra un jour mettre un terme à notre existence.
De nombreux chercheurs sont d’accord sur le fait que, à l’instant où nous quittons le plan terrestre, nous pénétrons dans un long couloir sombre qui nous mène à un plan lumineux accueilli par des entités… La ressemblance est frappante entre les deux morts, la fœtale et la terrestre. C’est toujours le passage dans un tunnel ou couloir noir où nous sommes propulsés vers un autre monde pour naître à une vie nouvelle et aboutir au mystère de cet inconnu.
Résultat, nous ne devrions pas paniquer puisque nous sommes déjà morts une fois pour entrer dans notre monde actuel.
— Et comment tu penses qu’il est ce monde à venir ? Ce monde que l’on dit « spirituel », détaché de la matière ?
— C’est un immense sujet, qui relève du Mystère et dont personne n’a pu percer le secret. Ce soir, je suis très fatiguée, nous continuerons demain.
— Bonsoir, Mémi, tu m’as beaucoup aidé, comme toujours.
— Que la nuit te soit bonne à toi aussi, Mylan, et souviens-toi que la vie et la mort sont liées l’une à l’autre, indissociables.
Today…
Aujourd’hui…
Ce matin, 6 heures.
Des portes qui claquent, des bruits de pas précipités dans le couloir, suivis de cris, de lamentations, ont éveillé Mylan qui se lève d’un bond se demandant s’il s’agit d’un cauchemar…
La porte de sa chambre s’ouvre brusquement et Mylan voit sa mère en pleurs et son père tout pâle qui lui tend les bras.
— Maman ? Papa ? Qu’est-ce qu’il y a ?
— Sois fort Mylan ! C’est Mémi, elle nous a quittés ! Elle est morte cette nuit dans son sommeil, sans un adieu, en te laissant à toi seul, sur un papier, elle a noté : « Pour Mylan : Juste un au revoir »
Le chagrin de Mylan était indescriptible. Il prit sa grand-mère entre ses bras et, la suppliant de rester, il se remémora la discussion d’hier tout en lui murmurant des mots qui n’appartenaient qu’à eux seuls.
Fin