Prologue
“Je n’oublierais jamais cette nuit du 14 juin”, écrivit Amélia sur un papier qu’elle fit brûler au-dessus d’une bougie assise dans le bureau de son père, avant de laisser se consumer le bout de feuille dans un cendrier. Elle inspira profondément et expira bruyamment, elle finit par quitter la pièce et se dirigea vers le premier étage avec comme destination : la salle de bain. Quand elle pénétra enfin dans celle-ci, elle se retrouva confrontée pour la première fois depuis qu’elle était rentrée chez elle, vingt minutes plus tôt, à son reflet. Elle s’examina dans le miroir : sa robe d’un rouge couleur rubis était en son centre taché et imbibée d’un liquide la rendant bordeaux, voire, noire.
– Une si belle robe, réduite à néant à cause du sang d’un inconnu, soupira-t-elle en contemplant l’étendu des dégâts. Les larmes avaient fait couler son maquillage, la peur et l’angoisse avaient poussé la jeune femme à ronger ses ongles fraichement manucurer. Elle fit glisser les bretelles de sa robe sur ses épaules et fit tomber cette dernière le long de son corps. Se retrouvant maintenant en sous-vêtement face à son propre regard, elle remarqua que le sang avait taché sa peau.
– Je me plains, mais sans lui, je serais morte.
Son corps tout entier se crispa à ses propres mots, les larmes recommençait à lui monter aux yeux, alors dans un geste rapide, elle se plaça sous le pommeau de douche et activa l’eau brulante. La chaleur et la brulure lui faisaient du bien, et lui permettaient d’oublier les évènements de la soirée, même si, comme elle l’avait écrit plus tôt, elle n’oubliera jamais cette soirée, où sa vie aurait pu prendre fin après l’anniversaire de sa meilleure amie, Sophia. Sous la douche, elle baissa la tête et regarde ses mains, perdue dans ses pensées, lorsqu’elle vit sur son poignet gauche, ces lettres imprimés à l’encre noire dans sa peau, une phrase que son défunt père lui répéter sans cesse : “Post tenebras, lux” ; “Après les ténèbres, la lumière”. Cette phrase qui était gravée dans son esprit et au fond de son cœur était la devise de son père. Arrêtant le jet d’eau, elle releva la tête et inspira profondément. Il était trop tard pour aller se coucher, mais trop tôt pour commencer une nouvelle journée, alors après s’être habillée de vêtements propres, elle erra quelques minutes dans les couloirs silencieux de la maison de ses parents avant de retourner dans le bureau de son père, de loin sa pièce préférée dans toute la maison, elle avait passé pratiquement autant de temps ici que dans sa chambre. Amélia se laissa tomber dans l’un des fauteuils qui faisait face au bureau de son père, et se remit à pleurer en silence, pendant de longues minutes.