Quand ils entrèrent dans la maison d’Elleana, ils y trouvèrent leurs parents qui se jetèrent sur eux.
Arthur et Manon se firent gronder sévèrement et Mathéo, lui, récolta des baffes. Les quatre amis ne s’étaient pas montrés depuis plus de deux semaines et le père d’Arthur avait retrouvé son portefeuille vide en se levant le jour de leur disparition, et il avait constaté une baisse de son argent sur son compte.
Jacques ne leur avait rien raconté, mais n’ayant pas d’excuse, il avait préféré attendre le retour des enfants.
– Bon alors, où étiez-vous ? demanda Mme Mallait, la mère d’Arthur. Ce monsieur n’a rien voulu nous dire.
Les trois amis concertèrent Elleana du regard.
– Eh bien. En fait on est allé en Corée du Sud, en Australie, puis en Russie, dit calmement la jeune fille.
Les six adultes n’en revenaient pas. Leurs enfants étaient partis pendant plus de deux semaines en volant de l’argent et quand ils revenaient, ils disaient qu’ils avaient passé des vacances en Corée, en Australie et en Russie.
Mais Elleana leur expliqua que tout était de sa faute. Elle avait eu des problèmes familiaux et elle avait entraîné ses amis avec elle.
Les parents ayant un responsable ne firent pas de commentaires et s’en allèrent en demandant à leurs enfants de prendre leur distance avec les Wai.
Après leur départ Elleana prit son courage à deux mains.
– Jacques, il faut que tu saches…
– Je sais déjà.
– Quoi ?
– Tu as découvert qui sont tes géniteurs.
– Comment tu sais ?
– Eh bien, tu n’as pas parlé pendant une semaine, tu me regardais bizarrement… je n’ai pas eu du mal à deviner.
– Ah.
– Alors, qui sont-ils ?
– Euh… Eau et Vide. Jacques ne s’attendait pas à ça. Vide !
– Mais tu sais ils ne sont pas mes parents, le rassura Elleana, juste mes géniteurs. Tu seras toujours mon père.
Jacques, qui ne trouvait rien à ajouter, la prit dans ses bras.
– Ah et pendant qu’on y est, ajouta Elleana en se reculant, je sors avec Mathéo.
– Oui, ça je l’avais remarqué. Je pense que ce n’est pas un mauvais garçon.
– Merci de lui laisser une chance.
– Et puisque c’est l’heure des révélations, je dois t’avouer quelque chose.
Il avait l’air mal à l’aise.
– Tu ne t’es jamais demandé pourquoi Eau t’as amené à moi ? commença-t-il prudemment.
– Non, il y a une raison ?
– Oui. Il se trouve que je connaissais déjà l’existence des Éléments.
Elleana le regarda, choquée.
– Tu les connaissais et tu ne m’as rien dit !
– Oui, pour ta sécurité. Le mot qui t’accompagnait me l’avait demandé.
– Mais comment tu les as connus ?
– Euh… J’ai travaillé pour eux.
– Quoi ? Tu faisais partie des humains à leur service !
– Oui. J’étais cultivateur. Mais je suis devenu trop vieux alors je suis parti.
Elleana n’en revenait pas, c’était trop d’un coup. Elle devait y réfléchir.
– D’accord. Bon, je vais me coucher.
– Oui, c’est vrai. Après tout, tu as sauvé le monde !
– Oui. Bonne nuit.
– Bonne nuit, fait de beaux rêves.
Jacques la regarda monter, un peu préoccupé, comment allait-elle réagir ? aurait-il dû lui dire plutôt ?
Elle monta dans sa chambre et quand elle se glissa sous sa couverture, elle avait déjà pardonné Jacques pour ses mensonges. C’était son père, elle ne voulait pas le perdre, et elle comprenait ses motivations.
Et, en s’endormant, elle se rendit compte qu’il n’avait pas de meilleure excuse qu’Eau, elle ne voulait juste pas croire que son propre père soit coupable d’un tel acte de lâcheté. Alors elle se promit de laisser une chance à Eau.
******
Trois jours plus tard, les quatre amis se trouvaient dans la Cabane. Ils profitaient des vacances en buvant du thé glacé.
Elleana, Arthur et Manon s’étaient tout à fait remis et ils avaient l’impression que rien de toutes leurs aventures ne s’étaient vraiment réalisés. Mais Eau rendait assez souvent visite à Elleana pour qu’ils n’oublient pas la réalité.
L’Élément avait tenté de renouer les ponts avec sa fille et avait été surprise de découvrir qu’Elleana, comme tous les enfants du monde, avait besoin d’une mère, alors il était possible d’envisager qu’avec le temps, elles puissent avoir un lien plus étroit…
Elleana était plus heureuse que jamais, elle avait une mère, ses amis, Mathéo et des superpouvoirs.
– Et dire que si je n’avais pas révisé mon contrôle d’histoire rien de tout cela ne serait arrivé, remarqua Arthur.
– Je n’en suis pas si sûre, répliqua Elleana, je pense que c’est un hasard si c’est ce jour-là qu’on choisit les Éléments pour venir me chercher. Et puis même s’ils m’avaient trouvée plus tard, je pense qu’on aurait quand même dû affronter Vide, c’était notre destin.
Ils acquiescèrent.