A la maison, partie 1.
TORI
C’était étrange, je me sentais plus confiante que jamais. Déterminée était le mot. J’avais le profond sentiment que j’avais fait le bon choix. Car au final, j’entamais quelque chose de vraie, quelque chose qui avait un sens pour moi. Et surtout, je le faisais pour moi. Il n’était plus question de mes parents ou de futures études et métiers, juste de moi et de ce que je représentais. J’allais probablement découvrir une toute nouvelle facette de Tori et c’était ce qui me rendait impatiente. Bien sûr, j’appréhendais la difficulté et mon adaptation, mais après tout, n’étais-je pas née pour ça ?
Avant de partir de Chicago, j’avais demandé à Greg de me conduire chez Camille. Durant ces derniers jours, je m’étais rendue compte qu’elle était devenu quelqu’un de très important pour moi. Et partir sans le lui dire me paraissait inconcevable, je lui devais bien ça, pour l’aide et le soutien qu’elle avait été. Camille était une femme remarquablement courageuse et elle se battrai pour la vie qu’elle voulait mener, j’en étais certaine. J’avais vu ses yeux briller de larmes lorsque je lui avais dit que je ne reviendrais sûrement pas de si tôt et probablement jamais, mon cœur s’était serré. Nous nous sommes enlacé de longues minutes puis je suis partis. Pour de bons. Sans un regard en arrière, et sans regrets. C’était ainsi, et même si la famille que je laissais derrière moi allait me manquer, je ne me retournerais pas, car je partais pour aller chercher qui j’étais réellement et qu’elles étaient mes origines. Mes racines, et peut être, retrouver mes parents.
— Tu sais Tori, commença Greg en se grattant la nuque, mal à l’aise, si tes parents t’ont abandonnés un jour, ce n’est sûrement pas pour te revoir débarquer des années plus tard, tu ne crois pas ?
Nous étions en route pour Ecclésia qui se trouvait à Hamilton, dans la province du Québec au Canada. Sept heures de voiture nous attendaient alors autant tuer le temps en papotant. Je n’étais pas contre, j’étais même totalement pour. Greg déciderait peut-être à m’en révéler un peu plus sur le monde Surnaturel maintenant qu’il avait réussi à m’embarquer avec lui.
Contre toute attente, je ne m’attendais pas à cette remarque, et je me rendis compte qu’il n’avait sans doute pas tord. Je n’avais jamais pensé à cette alternative, croyant probablement que mes parents biologiques n’étaient pas aussi cruels. Cette pensée me serra la gorge, j’étais abandonnée.
— C’est vrai. Mais ils n’avaient peut-être pas le choix à l’époque, murmurais-je d’une toute petite voix.
Greg dut remarquer mon trouble, car il s’empressa de me rassurer, sans pour autant me mentir :
— Oui ! C’est une théorie, mais prépare-toi à être probablement déçue, Tori. Je suis jeune, mais je sais que les gens ne sont pas tous remplis de bonnes intentions. La plupart sont vils et ne sèment que le malheur autour d’eux. Tu n’as pas à être triste à cause de ce genre de personne.
Greg, sous ses airs de dur, pouvait se montrer très attentionné et doux. C’était une qualité chez lui que j’avais remarqué à Chicago. Il était très prévenant envers les personnes qu’il appréciait et j’avais parfois l’impression d’avoir un grand frère qui prenait soin de moi.
— Est-ce que tout les Majeura sont toujours aussi gentils avec les nouveaux ? Souriais-je alors.
Un sourire fier naquit sur les lèvres de Greg.
— Je suis le meilleur, c’est pour ça.
Je me mis à rire, il avait probablement raison. J’avais eu de la chance dans ce cas-là. Après presque trois heures de route, je commençais à sentir ma vessie se remplir, alors que nous nous arrêtâmes dans une station essence douteuse, Greg fit le plein de son gros Pick-up, que j’avais trouvé affreux d’ailleurs. Mais il semblait si fier de son bien qu’il m’avait ris au nez en marmonnant que je n’avais aucun goût.
Nous nous remîmes en route alors que la lune était haute dans le ciel. Et ne pouvant tenir en place, ni dormir à cause de mon impatience, je me mis à poser mille questions à Greg. Ce qui avait le mérite de le garder éveillé tandis qu’il conduisait. Même si mon intuition me soufflait qu’il saurait conduire sans soucis jusqu’au lendemain, mais nous étions jamais trop prudent.
— C’est presque la pleine lune, remarquais-je tout haut.
— Hum…
— Vous, les Loups, n’êtes pas attirés par elle ?
Greg se pinça les lèvres avant de secouer la tête pour dire non.
— Et il ne se passe rien ?
Il pouffa et je fronçais les sourcils.
— À vrai dire, c’est plus une question d’hormone, dit-il, restant vague.
— C’est-à-dire ?
Greg souffla.
— Eh bien, si on est lié à une femelle et qu’elle se trouve dans les parages, il y a un besoin naturel, même vital, de se rapprocher d’elle et vice-versa.
— Vous êtes excités, quoi ? Résumais-je en me retenant d’éclater de rire.
Il me jeta un coup d’œil avant de tourner son attention vers la route.
— Exactement, et je t’avoue que là, elle me manque pas mal.
Et j’éclatais de rire juste avant qu’il ne me suive.
— Comment est-elle ?
Greg réfléchit un moment, choisissant ses mots avec une attention toute particulière.
— Elle s’appelle Élise. Elle a de longs cheveux blonds, on dirait de l’or. Et ses yeux sont comme les miens, dorés et encore plus beaux lorsque sa Louve n’est pas loin. Et lorsqu’elle se déplace, elle a cette sorte de prestance qui fait que l’on ne voit qu’elle.
Dire le prénom de sa copine avait détendu le corps de Greg et un sourire idiot était apparu sur sa belle gueule. Il était complètement amoureux, ça se voyait comme un nez au milieu d’une figure.
— Elle a de la chance de t’avoir.
— C’est plutôt le contraire, se mit-il à rire.
Les heures défilèrent doucement, comme le décor. Les sentiers qu’empruntait Greg étaient tous similaires, des sapins à perte de vue, sur une route desserte qui zigzaguait sans arrêt. Nous croisions de temps à autres quelques camions, ou quelques biches qui passaient par là. Malgré l’appréhension qui me montait à la gorge, je commençais à sentir mes paupières se faire lourdes. Parler avec Greg était ce qui me tenait éveillée.
— Qu’est-ce que c’est, une Demesse ?
Il parut surpris de ma question, ou le fait que je puisse tenir éveillée aussi longtemps, je ne savais pas. Ses doigts serrèrent le volant un moment.
Etait-ce si grave que cela ?
Les racines sont-elles plus importantes que l’amitié?
J’adore (entre autres) ‘c’est plutôt le contraire", tes personnages sont inhumains ou trop humains.
Je pense qu’ils ont surtout grandi dans un monde inhumain, mais oui ce sont des bonnes personnes
A l’appétit vorace quand même pour certains.