Deux Joyaux Violets. Chapitre 11,2.

6 mins

Les malheurs de la magie, partie 2.

BASIL

 La semaine se passa rapidement, les jours se répétaient. Je me réveillais pour courir au stade, j’allais en cours, je mangeais, parfois dans les jardins lorsque le soleil s’y prêtait, puis je retournais en cours pour ensuite rendre visite à Clara, puis j’allais me coucher. Ça semblait rébarbatif, mais j’affectionnais pas mal ces quotidiens. C’était tellement différent des journées que je passais avec ma sœur lorsque nous étions que des enfants. Les Psychics étaient des nomades et je ne pensais pas qu’une vie simple me plairait. Pourtant, si Ecclésia était devenu un foyer par nécessité, je devais avouer que c’était agréable de se sentir en sécurité.

 Étrangement, je n’avais pas recroisé la petite Demesse de la semaine. Même le soir dans la salle Principale. Elle se faisait minuscule et je ne la voyais même plus faire ses tours de stade chaque matin. J’étais déçue. Elle était exténuée de sa première semaine de cours, c’était une théorie.

 C’était lors d’un dimanche soir que je l’aperçus enfin. C’était dans la salle Principale, un rassemblement d’élèves était apparu au milieu de celle-ci, se poussant pour observer quelque chose. Alors que je m’approchais, je vis Tori les dents serrées et les traits tirés devant un gamin de première année. Un Sorcier d’après sa tunique. Tout deux se fusillaient du regard et je vis alors la Vampire que j’avais remarqué l’autre fois, suspendue sur l’armoire. Elle était recroquevillée derrière la petite Demesse qu’elle agrippait comme une bouée de sauvetage, le Sorcier avait dû faire quelque chose d’incroyable, et j’ai raté ça.

— Tu crois avoir le droit à la parole, alors que du sang de Démon coule dans tes veines, cracha-t-il comme si Tori ne valait rien.

 Je n’intervenais pas, voulant voir comment elle allait réagir. Elle se mit à un sourire d’un sourire malsain, je fronçais les sourcils.

— Ne me parle pas de parole, Sorcier, je peux très bien te l’ôter en un claquement de doigts.

 La salle se tut, alors que le Sorcier tenta de garder la tête haute. Si Tori voulait se faire respecter comme elle se le doit, elle devait se défendre toute seule. Je ne savais pas ce qu’il avait bien pu faire, mais la petite Demesse était très en colère. Soudainement, le sol de la salle Principale se mit à geler, la moitié des élèves glissèrent, cependant la glace n’attaqua que le Sorcier, elle monta sur ses jambes comme si elle était dotée d’une conscience. Tori ne bougeait pas, son œil était totalement noir, c’était incroyable, elle contrôlait sa glace d’une main de maître.

— Arrête ça ! Se mit à hurler le Sorcier.

— Je ne crois pas avoir entendu des excuses ? rétorqua-t-elle en penchant la tête.

— Excuse-moi Oswin.

— À genoux, ordonna-t-elle et se fut sa glace qui lui obéis, pliant les genoux du Sorciers. Un son étrange de glace qui se craque résonna, comme le son d’un fouet.

— Pardonne-moi.

 La glace qui emprisonnait le première année se brisa et il tomba sur le ventre, avant de prendre ses jambes à son cou. Je jetai un coup d’œil à Tori qui me regardait gravement, son œil était encore noir. C’était étrange, mais j’avais l’impression de ne voir qu’un reflet de moi-même à cet instant. Il était évident qu’elle avait un parent Psychic, ça se ressentait, c’était si puissant, elle était puissante.

— Aide-moi, chuchota-t-elle. Consciente que je pouvais l’entendre.

 La Vampire semblait être dans un mauvais état, je pris son épaule droite tandis que Tori était à sa gauche. Nous la montions jusqu’au troisième étage.

— Rentre, me dit Tori en ouvrant sa chambre avec son pied.

 C’était un petit foutoir, mais ça sentait bon. La petite Demesse déposa la Vampire, qui s’appelait Oswin, sur un des lits. Elle releva sa tunique sur ses cuisses et je vis alors une marque noire lui bouffer la moitié de la jambe.

— Putain, c’est de la magie noire.

— Je me doutais, Cédric lui a fais ça. Tu peux faire quelque chose ?

 Oswin tremblait comme une feuille, mais une fine couche de sueur recouvrait son visage, elle devait avoir de la fièvre. Je réussis difficilement à soustraire mes yeux du maléfice, ce genre de magie appelait beaucoup le monstre qui dormait au fond de moi, mais il ne devait pas être assez puissant pour le faire monter à la surface.

— Moi non, mais Clara oui. Il faut l’emmener là-haut, elle saura faire quelque chose, dis-je alors.

 Tori hocha la tête et nous amenions alors Oswin chez Clara. Les trois étages à gravir avec Oswin sur le dos furent compliqués, mais nous arrivions rapidement chez Clara qui, comme à son habitude, ouvrit sa porte avant que l’on ait besoin de toquer.

 Oswin avait perdu conscience et Clara la déposa sur son lit et appliqua un mélange de plante qu’elle avait transformé en pâte, sur la marque. Récitant deux ou trois incantations quelques fois. Tori et moi étions assis sur le sol, côte à côte, attendant sagement que Clara nous explique la situation.

 Je me tournai vers la petite Demesse. Elle se rongeait les ongles, la mine inquiète. Son nez, vu de cet angle, était fin, mais une petite bosse sur démarquait vers le milieu tandis qu’elle se mordait dorénavant la lèvre inférieure. Je tentai alors de lire dans ses pensées et elle se tourna brusquement vers moi. Je sursautais presque, ne m’y attendant pas.

— Ne commence pas, Basil.

 Je réussis quand même à y entrer sans effort pour y entendre : « Connard ».

 Bon.

— Alors comme ça, tu arrives à sentir une intrusion, mais pas à l’arrêter. Tu en as fait des progrès en une semaine.

— Merci, grogna-t-elle.

— Tu pouvais vraiment lui enlever la parole. Au Sorcier.

 Elle ricana sans humour.

— Bien sûr que non, même si j’aurai bien aimé.

— Tu sais, avec un petit entraînement, les Psychics en sont capable.

 J’avais alors toute son attention.

— En vérité, tu contrôles l’esprit d’un individu, mais à partir de ce moment-là, tu as toute la possibilité de couper la commande qui est reliée à la vue, l’ouïe, l’odorat, et pourquoi pas la parole.

— Bon à savoir, répondit-elle.

— Tu sais lire dans les pensées, alors ?

 Je sentis le cœur de l’Elfe faire un loupé à l’autre bout de la pièce alors que Tori ferma les yeux.

— Je me débrouille.

— Lis dans mes pensées.

 Tori tourna son visage vers moi. Le regard dur.

— Non, je ne préfère pas.

— Fais-le.

— Elle n’a pas envie, Basil, se rajouta Clara sans nous lancer un regard, continuant sa petite affaire.

— Je ne crois pas t’avoir demandé ton avis, toi.

 Clara souffla et un silence s’installa, jusqu’à :

— Vient ici, dit soudainement Tori.

 Je fronçais les sourcils et me rapprochai d’elle, nos genoux se touchèrent alors, le haut de son visage arrivait à la hauteur de mon nez.

— Tu as beaucoup de grain de beauté, on dirait un cookie géant, se moqua-t-elle.

 Je relevais un sourcil alors que Clara pouffa derrière.

— Bon, détend-toi Basil.

 Elle posa ses index et ses majeurs sur mes tempes puis ferma les yeux. Elle se concentra un moment, je lui demandais alors pourquoi elle ne courait plus le matin, par la pensée. Tori finit par ouvrir les yeux et répondit à voix haute :

— Lorsque je cours, tu dors encore.

 Je fis une moue impressionnée.

— Bravo, Tori.

— Venez ici, les enfants, nous appela alors Clara.

 Nous nous rapprochâmes à l’unisson.

— Oswin a été victime d’un petit maléfice de passe-passe, elle va s’en remettre bien qu’elle doit se reposer quelques heures. Mais c’est une chose interdite dans l’école, lancer des maléfices sur les êtres vivants et encore plus lorsque c’est de la magie noire. Si Madalena sait ça, elle va devenir folle de rage.

— C’est Cédric qui lui a lancé, mais nous n’avons pas de preuves, se lamenta Tori en faisant la moue.

— C’est un première année et un petit con, je renchéris. Pourquoi a-t-il fait ça ? Demandais-je en fronçant les sourcils.

— J’en ai aucune idée, mais je compte bien lui demander lorsqu’elle se réveillera, répondit la petite Demesse.

 Elle se redressa et plaça ses deux mains sur ses hanches, visiblement contrariée.

— Clara, il n’y a pas un moyen de trouver la personne qui a lancé le maléfice ? Se renseigna Tori, étrangement très impliquée.

Au fond, ce n’était pas ses affaires.

— Normalement, non, sauf s’il est vraiment basique comme celui-ci. J’ai placé de la Calendula sur le maléfice pour apaiser la brûlure et mes incantations ont brisé le maléfice qui était faible, mais j’ai aussi rajouté et de l’Epiphyllum pour…

— Absorber la signature du Sorcier.

 Clara hocha la tête. Je connaissais cette plante, ma sœur l’avait déjà utilisé pour trouver le Sorcier qui m’avait lancé ma malédiction, mais ça n’avait pas fonctionné, le sort était trop puissant et ancré en moi.

— D’accord, ça suffira à Madalena ? Demanda Tori et je répondis positivement en hochant la tête à mon tour.

 Madalena n’était pas née de la dernière pluie, elle savait reconnaître les élèves qui s’en prenaient à d’autres gratuitement, en ayant déjà fait les frais lors de ma première année.

 Après quelques minutes à discuter, nous descendions dans nos chambres et j’aidais Tori à déplacer Oswin, qui dormait encore, jusqu’à sa chambre. Arrivée à la porte, elle me sourit.

— Merci Basil.

— Pas de quoi, je pinçais les lèvres.

 Alors que je tournais les talons, elle dit :

— Apprends-moi à fermer mon esprit.

 Je me retournais, puis souris.

— Peut-être demain, on verra.

— Tu vas me faire ramer encore longtemps ? Demanda-t-elle sans cacher un petit sourire à son tour.

— Probablement. Bonne nuit, Tori.

 Et je m’en allais.

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1 Commentaire
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bbbbbbb ccccccccccccc
bbbbbbb ccccccccccccc
2 années il y a

Ça se précise entre ces deux là!

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