Deux Joyaux Violets. Chapitre 12,2.

9 mins

La peur d’un professeur fou, partie 2.

TORI

 C’est lorsque Cédric avait lancé un sortilège sur Oswin que je compris qui était son persécuteur. C’était un Sorcier de première année qui se prenait pour l’élite. Il était dans ma classe d’Histoire du Surnaturel et on m’avait dit que Cédric été issu d’une grande famille de Sorcier, respecté par le Conseil. Bien sûr, il incarnait tout ce que je ne supportais pas, alors le remettre à sa place avait été plus qu’aider Oswin à ce moment précis, ça avait également été un petit plaisir personnel. J’attendais qu’elle se réveille pour lui en parler. Je me savais fatigante, peut-être qu’elle m’enverra me faire voir chez les Grecs pour la troisième fois, mais j’étais vraiment décidée à l’aider. Et si elle refusait cette aide, j’accepterais de la laisser tranquille comme elle le souhaitait.

 D’aussi loin que je me souvienne, j’avais toujours été très curieuse et joueuse. De quoi vouloir aider n’importe qui, n’importe quand. Ça m’avait valu pas mal d’ennui d’ailleurs, mais je ne me suis jamais arrêtée, j’appréciais me rendre utile.

 Oswin dormit toute la nuit, et même lorsque je partais faire mon jogging habituel, elle pionçait comme une masse.

 Alors que je rentrais de la douche, je vis qu’elle se réveillait doucement. Élise venait de se changer et me fit un baiser sur la joue avant de faire un signe à Oswin pour nous souhaiter une bonne journée, c’était sa marque de fabrique, puis elle partit déjeuner.

 Oswin se massa les tempes, encore dans les brumes du sommeil.

— Tu auras mal à la tête quelques heures, ce n’est rien. Prend ça, ça te soulagera, dis-je.

 Je lui tendis un cachet que Clara m’avait conseillé. Pour une fois, la Vampire ne fit pas d’histoire et le prit.

— Qu’est-ce qu’il s’est passé ? J’ai pas autant bien dormis depuis des années.

 Je lui souris, et m’assis dans le lit, face à elle.

— Cédric t’a lancé une malédiction, mais on l’a levé, il n’est pas si puissant qu’il en a l’air en fin de compte, ajoutais-je. Et puis une amie à moi t’as aidé à dormir pour reprendre des forces.

 Elle hocha la tête, se frotta les paupières et souffla.

— Merci Tori.

 Je fus tellement surprise que je ne répondis que quelques secondes après, le temps que l’information monte au cerveau.

— Mais de rien ! C’est normal. Je sais que suis intrusive, hésitais-je un moment, mais si tu veux que je t’aide, j’ai besoin de savoir pourquoi il t’as fait ça.

 Oswin releva sa couverture et vit une pâte verte qui se décollait de sa cuisse où été auparavant le sortilège. Alors qu’elle tentait de l’enlever, je m’exclamai :

— Attends ! Il faut que j’en prenne un échantillon.

 Je découpais soigneusement un bout de la pâte sous les yeux attentifs de ma camarade et fis comme Clara m’avait enseigné, je l’enfermai dans un bocal pour l’emmener à l’Elfe.

— Qu’est-ce que c’est ? Demanda Oswin, curieuse.

— Des plantes pour reconnaître la signature du Sorcier qui t’as fais ça. C’est notre preuve, Oswin.

 Oswin fut si rapide que je ne compris rien, en moins d’une seconde, le bocal était en sa possession. Maudit Vampire.

— Laisse-moi gérer ça, tu veux, dit-elle en le gardant près d’elle.

 Elle redevint alors agressive et je soufflais. Elle était complètement lunatique, et c’était pour moi un vrai défi de l’approcher, c’était comme dompter un animal sauvage.

— Oswin, il sera punit sévèrement. Madalena ne fait pas les choses à moitié.

— Tu ne comprends pas…

— Alors explique moi.

 Elle secoua la tête en fermant les yeux. Ça lui coûtait, je le voyais très bien.

— Cédric fait partis d’une grande famille de Sorcier, son père est Conseiller. Il est alors capable de tout et il connaît mon père et ma sœur à New York, il peut très bien s’en prendre à eux si je balance. Et puis si j’en suis là, c’est aussi de ma faute, à moi d’en prendre les responsabilités. Alors je le répète : laisse moi gérer ça.

 Elle se frotta le front en fermant les yeux.

 Je fronçais les sourcils. Oswin ne m’avait jamais parut aussi fragile qu’à ce moment là. Elle protégeait sa famille. Je me mis à sa place une minute et je compris alors, elle ne pouvait rien faire et même si ça lui faisait du mal, elle continuera a protéger ceux qu’elle aimait. Et j’aurai fais le même chose à sa place.

— Je comprends, je chuchotais presque. Mais je suis certaine que ce n’est pas de ta faute, Oswin.

— Je ne pense pas non, me répondit-elle alors, de la colère dans la voix.

— On peut trouver une solution, s’il te fait chanter, tu peux en faire de même.

 La Vampire se mit à rire nerveusement en levant les yeux.

— Je n’ai rien, que veux-tu que je fasse ?

 Je réfléchis une seconde, mon père m’avait toujours expliqué qu’il y avait une solution à tout. Ça ne sera peut-être pas la meilleure, mais il y avait une solution, j’en étais certaine.

— Je connais certaines personnes qui pourrai l’effrayer, tentais-je.

 Après quelques secondes à débattre, Oswin capitula, et nous montions alors notre plan d’action.

 Les cours me semblaient de plus en plus difficile, ils devenaient plus condensés et plus longs. À chaque fin de journée, ma tête était remplis de nouvelles informations. J’espérais qu’elle allait tenir le coup jusqu’à la fin de mes études.

 J’allais également donner mes lettres à la secrétaire. Il était temps, afin d’expliquer à mes parents et à Camille comment Ecclésia était incroyable et surtout, de leur informer que j’étais encore en vie.

 Je me rendais à la cantine et vis Gabriel avec Greg et Élise, je m’installai à leur table. Quelques minutes plus tard, Aiden et Basil nous rejoignirent. Je souris en nous voyant ensemble, ça faisait quelques semaines que nous nous étions pas vu tous les six.

Alors que je croquais dans ma pomme, je vis la créature qui ressemblait à un ogre au fond de la salle, elle nettoyait un plan de travail. Je donnais un coup de coude à mon voisin qui était Gabriel, pour avoir son attention.

— Comment s’appellent ces créatures ? Lui demandais-je.

— Ce sont des Logres. Je pense que les Humains les appellent aussi ainsi, non ?

— Des ogres ?

— Des quoi ? Il fronça les sourcils et je me mis à rire.

— Pourquoi sont-ils mis à l’écart ? Demandais-je en voyant donc le Logre s’affairait dans sa tâche pour faire briller le plan de travail.

— Ils sont payés, ne t’en fais pas. C’est des vieilles créatures pacifistes qui viennent de Loegrie, un Royaume légendaire du XIIe siècle sur l’île de Bretagne. Une légende raconte qu’elles aident les Surnaturels pacifiquement depuis des milliers d’années et agissent pour un but inconnu de tous. Il y en a deux à Ecclésia, là-bas c’est Yoni, et souvent en cuisine il y a Iris mais ils échangent parfois.

 Je n’avais toujours pas croqué ma pomme et je regardais Gabriel, les yeux ronds. Il éclata de rire.

— Ferme ta bouche l’Humaine, tu vas avaler un projectile non-identifié.

 Aiden me lança une frite de son assiette et je sursautais. Il n’en manquait jamais une celui-là. Je riais et vis du coin de l’œil la Vampire qui cherchait un endroit où s’asseoir, son plateau à la main. J’essayais de lui faire signe afin qu’elle me repère.

— On dirait un saumon hors de l’eau, se moqua Greg en ne comprenant pas pourquoi je bougeais mes bras dans tous les sens.

— J’essaie de faire signe à Oswin.

— Je ne pense pas qu’elle voudra venir avec nous, Tori, m’expliqua calmement Élise.

 Pour mon plus grand plaisir, entre Élise et moi, le courant passait beaucoup mieux. Nous nous étions rapprochées et la confiance qu’elle n’avait pas pour moi auparavant, s’était développée.

— Pourquoi ? Lui demandais-je.

 Élise fit la moue.

— Tu sais très bien qu’elle est plus du genre à être solitaire, ça va être du harcèlement si tu continues.

 Je haussais les épaules, peu convaincue. J’étais vraiment motivée à connaître Oswin.

 Après avoir mangé, je me rendis à mon cours spécialisé avec Jack. Celui qui était censé m’apprendre les rudiments du Démonisme et qui s’avérait être en réalité un Psychic. Ce qui était complètement contradictoire. Mais j’étais mal placée pour l’ouvrir alors je me rendis au deuxième étage sans faire de chichis. Étant un petit peu en retard, je courais dans les escaliers et manquais de me ramasser sur le sol une bonne dizaine de fois, mais j’arrivai enfin à bon port et entrai dans la salle prévue à cet escient. Elle était plus petite que les autres, compréhensible lorsque l’on savait que j’étais la seule à participer à ce cours. Légèrement essoufflée, je posai mon sac sur une table et vis que mon professeur était encore plus à la bourre que moi.

Après quelques minutes d’attente, la porte s’ouvrit sur Jack. Il me rejoignit et s’assit alors face à moi, en silence. Il semblait âgé, et me rappelait étrangement quelqu’un, mais rien ne me venait à l’esprit. Il possédait des boucles poivres et sels sur le sommet de sa tête, ses yeux noirs me dévisageaient sans gênes. Jack avait des rides de pattes d’oies sans même sourire et sur son front plissé. Je décidai de me présenter en première, car le Psychic ne semblait pas vouloir entamer une quelconque discussion.

— Bonjour monsieur, je suis Tori Blake, votre élève Demesse.

 L’homme hocha la tête et finit par enfin sortir un mot.

— Jack, ne m’appelle pas monsieur, je suis déjà assez vieux comme ça.

 Sa voix était caverneuse et grave, de quoi faire peur aux enfants. Il n’avait pas envie d’être ici, vu l’expression qu’il arborait. Jack souffla et fourra ses mains dans ses poches.

— Le Conseil vous a choisi ? Demandais-je, suspicieuse devant sa motivation absente.

— Le Conseil m’a obligé, rectifia-t-il.

 Jack grogna et s’affala un peu plus qu’il ne l’était déjà, sur son siège. Et même si c’était infime, j’avais l’impression de l’avoir déjà vu, mais impossible de mettre un souvenir là-dessus.

— Ce n’est pas la question de toute manière. C’est alors vrai, tu es une Demesse. C’est curieux.

— Vous ne le croyez pas ?

— Bien sûr que non, c’est impossible. Les Psychics ne s’accouplent pas avec les Démons.

 Je relevais les sourcils. Bien, il semblait être vieux de plusieurs siècles et plutôt conservateur.

— Tu ne sais pas bloquer ton esprit, gamine ? Mais tu viens d’où ? s’exclama-t-il alors.

 Je rougissais alors que j’avais complètement oublié qu’il était Psychic et donc, complètement apte à lire mon esprit.

— Arrêtez de lire dans mon esprit. Et vous êtes bien curieux, je pensais que vous n’aviez pas eu le choix, rétorquais-je légèrement énervée.

 Il se mit à sourire, un sourire qui me fit peur le temps d’une seconde, et je reconnus Pierre, le libraire fou. Ils avaient les mêmes yeux.

— Si, j’ai eu le choix. Apprendre à une sale gosse les bases fondamentales magiques ou mourir. Mais crois moi, cela ne me dérange pas de mourir. Cependant, lorsque j’ai su que du sang Démon coulait dans tes veines… Jack attrapa mon poignet d’un geste sec et précis puis fixa d’un regard affamé mes veines.

 Je sursautai et essayais de me dégager par réflexe. Sa poigne me serra avec tellement de fermeté que des marques rouges apparurent autour de mon poignet.

— … Je n’ai pas pu résister, une seule seconde, termina-t-il dans un souffle.

 Il me lâcha et je m’éloignais comme s’il m’avait brûlé. Ma chaise racla sur le sol et je mis une distance de sécurité de plusieurs mètres. Mon cœur battait la chamade. Alors que je touchais le mur, la glace se forma, comme sur la tapisserie de ma chambre.

— Intéressant, murmura-t-il.

— Vous êtes complètement malade, soufflais-je.

— C’est pour cela qu’ils m’ont choisi, gamine, répliqua-t-il. Bien, commençons notre première leçon.

 Jack frappa dans ses mains comme si rien ne s’était passé. Je pris une grande respiration mais ne m’approchai pas plus pour autant, méfiante du comportement dangereux de Jack.

— Tout d’abord, reprit-il, nous devons connaître ton élément…

— Mon élément ?

— Les Démons ont la capacité de contrôler un élément qui leur est propre. C’est aussi pour cette raison qu’ils sont si craint à travers le monde, même jalousé. Il y en a quatre : le feu, l’air, l’eau et la terre. Les premiers Démons de l’Histoire n’étaient pas très évolués, mais au fil des siècles, ils ont développé des dérivés de certains éléments. Alors, d’après ce que je viens de voir, tes ancêtres faisaient partis de l’eau. Tu contrôles la glace. Il faut que tu le connaisses et que tu le maîtrises.

— Comment je fais ça ?

 Il pouffa.

— En t’entraînant, gamine. Fais-moi une petite démonstration.

— Je ne le contrôle pas, répétais-je, légèrement excédée.

 Il souffla.

— Arrête de dire des conneries et fais ce que je te dis, bon sang. Je n’ai pas toute la journée.

 Ce genre de phénomène arrivait seulement lorsque j’étais en colère, ou effrayée. Quoi qu’il en soit, je devais retrouver ces émotions pour arriver à quelque chose. Je pensais même que mon côté Psychic me liait beaucoup avec les émotions, intervenant dans mes dons de Démon. Je me concentrais et certains souvenirs me submergèrent tandis que ce liquide froid, mais agréable se répandit doucement dans mes membres. Mon œil droit se mit à devenir douloureux bien que supportable.

 C’est à ce moment qu’une brise de vent glacé fit voler mes cheveux et des flocons de neige tombèrent sur nos épaules, comme si nous étions dehors. La douleur de mon œil s’intensifia, je portai ma main dessus comme si ça allait me soulager. Cependant, je commençais à être habitué à cette douleur.

 J’arrêtais avant de ne plus pouvoir contrôler mon élément.

— Eh bien ça, alors, chantonna-t-il, tu commences à me plaire, gamine. Il faudra faire quelque chose pour ton œil. Sais-tu qu’il se colore en noir lorsque que tu pratiques ?

— Euh… Oui, je crois… Balbutiais-je encore sonnée par les événements.

— Ça doit te faire très mal, je me trompe ?

 Jack croisa ses mains sur le bureau. Je lui répondis négativement, attendant peut-être une astuce miracle de sa part pour apaiser cette douleur cinglante.

— Malheureusement, je ne connais aucun moyen d’y remédier. Il faudra que tu t’y habitues. Sans vouloir t’offenser, tu es comme… Une erreur de la nature et c’est donc normal que tu as quelques dysfonctionnements. L’œil noir te rattrape en te faisant savoir que tu n’es pas à cent pour cent Démon, mais aussi Psychic.

 Ma bouche s’ouvrit en grand, non mais je rêvais.

— Des dysfonctionnements ! M’exclamais-je, ma fierté atteinte. Je ne suis pas une machine ni un objet !

 Mais pour qui se prenait-il au juste ? En aucun cas, il avait le droit de me juger de la sorte. Si j’étais une erreur de la nature, je ne serai pas née et donc assise sur ce siège à écouter un imbécile censé me donner un cours. Je ne savais vraiment pas comment j’allais le supporter une année entière.

 Jack se leva et se dirigea vers la porte.

— Cours terminé, j’avais besoin de voir certaines choses. Entraîne-toi et par pitié, apprends à fermer ton esprit, gamine. C’est insupportable de t’entendre piailler à tout bout de champ.

— Mais, on vient de commencer…

 Et il quitta la salle sans un mot de plus, je soufflais. Jack n’était pas commode. D’ailleurs, il avait le don de me mettre mal à l’aise. Et dire que ce Psychic allait m’enseigner le Démonisme. Je m’armais de courage en éclatant de rire nerveusement. J’appréhendais mes prochaines entrevues avec Jack pourtant, j’étais pressée d’en savoir plus sur les Démons et qui sait, peut-être pouvoir avoir quelques informations sur mes parents biologiques.

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2 Commentaires
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bbbbbbb ccccccccccccc
bbbbbbb ccccccccccccc
2 années il y a

Toujours cette imagination débordante. Bravo Serena!

Galindo Gaëlle
2 années il y a

Oh le relou !

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