Anniversaire de papa…

2 mins

 Anniversaire de papa. La famille Toguert réunie. Mon père admire son nouveau pull. Nous sommes allés le chercher ce matin, Claire et moi, et c’est peut dire que les magasins manquent par ici. Mes deux soeurs et mon frère sont venus pour l’occasion. Une excuse pour se retrouver. Parce qu’ils nous manquent. Cela s’est vu dans le regard de maman, en serrant Louise dans ses bras. Elle n’a que dix-sept ans. J’ai bien vu dans ses yeux qu’elle aussi avait trouvé le temps long. C’est pourtant la plus indépendante de tous. Nathan, en revanche, semble avoir trouvé son bonheur. Il a laissé pousser sa barbe et s’habille avec des beaux vêtements chics qui lui donnent un air de voyageur. 

– Clementine ? Tu rêves. Tu me montres ton chat ?

Ma soeur ainée me suit. Dehors, je me sens soudain libre. Claire n’est pas à l’aise, et je me ventes de l’aisance de mes gestes dans son hésitation. Mais il n’est pas là. Son heure à lui, c’est midi. Pas quatorze. Mais je vais loin, parce que je nous veux à deux, ma soeur et moi. Sa voix me manque, la douceur de son sourire, sa façon à elle de polir le monde qui l’entoure. Je l’aime. Et je veux me l’entendre dire.

– Ce n’est pas ses horaires, j’annonce en m’essayant. Il préfère quand le soleil est à cheval entre le début et la fin.

– Un drôle d’équilibre dangeureux. Et cet homme dont maman parle si bien, c’est qui ?

– Jean-Marie ? Un cantonnier. Le genre de personne que l’on ne remarque pas. À vrai dire il ne cherche pas l’attention. Mais si tu savais tout ce qu’il connait….il vaut mille fois tes profs de fac.

Je savoure son rire. Ma soeur a posé sa main autour de moi. Elle me serre. 

– Clémentine ?

– Oui ?

– Tu aimes cet endroit ?

J’ai horreur des questions longues, où il faut justifier ses propres pensées. Mais j’ai envie de lui dire. À elle. Parce qu’elle me croira.

– Oui. Oui j’aime cet endroit. Aujourd’hui, là, tout de suite, oui. Je me sens comme un serpent contre une pierre. Invisible. Là, dans ce jardin, nous sommes invisibles. Toutes les deux. Parce qu’il n’y a personne pour regarder tes rideaux de chambre ou commentez ta tenue. Personne pour te parler, tout court. C’est toi qui choisi. Toi qui vois. Et je suis contente d’avoir enfin retirer le bandeau urbain. Oui, Claire, j’aime cet endroit. C’est chez moi.

Elle sourit. Elle a comprit. En rentrant ce soir là dans ma chambre, j’ai étudié son regard, quand elle m’écoutait parler. Il m’a semblé y voir quelque chose de nouveau, comme un petit fil qu’elle attendrait que je déroule.

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1 Commentaire
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2 années il y a

Une lecture très agréable et une belle définition du bonheur.

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