Pour Claire, la grand-mère, une telle responsabilité relevait de l’aubaine. S’occuper de Louis devint alors sa priorité et il faut dire qu’elle le fit particulièrement bien. Au-delà des taches quotidiennes qu’impose la garde d’un enfant, elle offrit un amour inconditionnel à son petit-fils et s’en séparer chaque soir était une véritable torture. Devant sa grand-mère, Louis ouvrait de grands yeux et son regard bleu se perdait dans la contemplation de cette femme aux cheveux blancs qu’il ne tarderait pas appeler « Mamie ». Ne pas tarder est un peu osé, car en réalité il lui fallu bien longtemps avant de gazouiller, et d’avantage pour parler. Il ne pleurait que très rarement et rire ne semblait pas non plus être son caractère. Au lieu de cela, il fixait longuement chaque détail de son petit paradis, et si parfois une main tentait d’en effleurer le contenu, il se retenait bien vite. Dans la famille, un tel silence inquiéta, et on ne mit pas longtemps à laisser échapper les remarques.
– On ne le mentionnerait pas qu’il serait invisible. Un vrai fantôme.
– Moi mon enfant s’agite tellement. Je veux la recette !
De recette, il n’en existait pas. Marie et Frédéric n’en cherchèrent d’ailleurs nullement. Plus que fiers de leur fils, ils se promirent de le défendre coute que coute et il ne fut plus rare de les entendre s’agacer des commentaires. Ils questionnèrent tout de même Claire, dans un dernier espoir d’explication.
– Ne vas-tu pas me reprocher mon éducation ? s’insurgea la grand-mère devant la question de sa fille. Ce petit parlera quand il en aura le besoin, et ce moment viendra bien assez tôt, crois-moi.
La réalité fut autre, mais les deux parents furent satisfaits de la réponse. On laissa Louis dans son silence et la petite vie reprit son court.
3) Pour Claire, la grand-mère…
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