Quand il eut deux ans, une petite sœur arriva. C’était le jour de son anniversaire. On embarqua dans la voiture sans même finir le gâteau, les cadeaux encore emballés sur la table du salon. Heureux de cette aventure, Louis n’en retint aucune jalousie et accueillit ce bébé avec joie. Les premiers mois, on coucha le nouveau-né avec les parents, puis sous l’insistance du grand frère, on accepta de le faire dormir avec lui. Louis découvrit un autre amour, plus vif, un élan fraternel auquel il ne résistait pas. Il apprit à donner le biberon, changer la couche, préparer le bain. Marie s’attendrit de cette attention, elle qui ne connaissait de sa famille que ses parents. Plusieurs matins, elle retrouva ses enfants, lovés dans le lit du grand. Au contraire de son frère, Andréa se révéla être une enfant vive et très éveillée. A un an, elle parlait pour dix, et lorsque le fameux âge des « Pourquoi » se termina, tout le monde fut soulagé. Dans la rue, les commentaires pleuvaient :
– Quelle enfant bruyante ! C’est à croire qu’elle est montée sur piles !
– Avec le frère qu’elle a, il a bien fallu compenser.
C’est que Louis ne se devint pas plus bavard. Fidèle à son silence, il apprit le pouvoir d’un sourire, et s’en contenta. Lorsqu’il fallait faire de longues phrases, expliquer quelque chose par exemple, il se penchait à l’oreille de sa sœur et chuchotait. S’il lui était nécessaire de demander une autorisation, il allait la chercher en main propre, et ne criait jamais. Lorsque Andréa fit sa première colère, tout le monde fut horrifié, et il fallut deux pédiatres pour rassurer les parents qui n’avaient jusqu’alors jamais connu de tels débordements. On expliqua à Louis que sa sœur bouillonnait. Effrayé à l’idée de voir sa frangine brûler, Louis prit soin de ne jamais trop la couvrir. A trois ans, les images ne se rangent pas toujours comme on le voudrait.
4) Quand il eut deux ans, une petite soeur arriva…
2 mins