La vie suivit son court, et bientôt ce fut au tour d’Andréa de rentrer à l’école. Comme son frère, elle se révéla curieuse de tout et son hyperactivité ne fut qu’un facteur supplémentaire de motivation pour la petite fille. Elle apprenait vite, retenait l’entièreté du cours et comble du bonheur, parvenait à le restituer à la perfection pour aider ses camarades. Cette fois, la maitresse n’hésita pas, et elle passa son troisième trimestre de CP dans le niveau supérieur. Cela ne lui fit aucun effet et elle n’en fut que plus excitée d’apprendre. Au contraire de Louis, Andréa bavardait volontiers avec ses camarades et il ne lui fallut pas longtemps pour s’intégrer dans la classe. Son caractère volatile lui donnait un semblant de charisme, personne ne vint jamais l’embêter. Mieux encore, les plus faibles trouvèrent en elle une forme de sécurité et elle permit de restituer l’égalité entre les élèves.
– Elle se la pète, lançaient certains.
– Ouais, mais au moins elle on ne la fait pas chier.
Ça non, on la laissait tranquille. En classe, elle participait sans la moindre timidité. Ce qu’elle adorait par-dessus tout : les cours d’enseignement philosophique. L’école avait lancé ce projet pour libérer la parole des élèves et les inciter à s’exprimer. Andréa sauta sur l’occasion et à tout juste huit ans, elle apprit à argumenter sur divers sujets. Ce qu’elle ignorait encore, c’est que cette faculté tout juste acquise venait de constituer le premier souffle d’une jeune femme encore endormie.
10) La vie suivit son court…
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