Là, prostrée dans les ténèbres, écoutant, épiant, effrayant, j’assiste avec délice à la fin d’un monde. Ombre glaciale, fantôme squelettique, profanateur de tombes, voleur de souffle et d’esprit…
Je me repais de vous avec extase, proies faciles, perverties et apeurées… Je manipule vos certitudes, effondre vos croyances, ouvre vos convictions à vos pires cauchemars.
Je suis l’énigmatique, le perfide, l’incompréhensible et le traumatisme…
Le bruit inconnu dans la nuit, le sourire malsain, l’ombre parmi l’ombre, chacun me voit, aucun ne me comprend. Votre folie est ma norme, Votre norme un aveuglement.
Je suis ce que vous rejetez, ce que vous reniez.
Ce qui vous dévore.
Je suis l’inéluctable, votre requiem.
M’incarnant dans vos chairs, sinuant dans vos veines, miroir de votre monde mensonger. Je cultive la peur dans votre esprit, j’érige la folie dans vos paroles, sculpte l’horreur dans vos yeux, murmure l’agonie aux creux de vos oreilles, réécris vos pensées, cuisine la puanteur sous vos nez, me dérobe sous vos pas, distille la douleur dans votre sang…
Mirage que vous fuyez, je corromps vos sens avec malice.
Je suis le sans nom, le sang vicié, le sans visage, l’insensé, le sans origine et le sans fin, le ponctuel et l’éternel, le factuel et l’irréel, l’unique et le multiple…
Vous me fuyez pour mieux me rejoindre, pestiféré vous serrant entre mes bras nocifs, tous les chemins mènent à moi. Vous me combattez, me fortifiez, disparaissez dans ma traine ténébreuse, banquet de mes convives dociles, vous ouvrez à mes paroles, doutez, craignez, vous résignez…
Vous n’avez aucun nom, aucun rang, l’ombre efface votre identité. Eux, étaient journalistes, nobles, gardes ou gardiens et bien d’autres encore. Vous n’êtes que des pantins qui m’amusent et me lassent, que je façonne à mon envie et que je dissipe par caprice. Spectateur privilégié de votre naufrage mental, je souris à la mise en scène de ce spectacle si loin de votre logique. Je suis le maître du jeu, vous êtes mes pions, déplacés sur un échiquier que vous pensez connaître mais qui m’appartient, brisant votre sécurité.
Vous ne savez plus, ne croyez plus, ne comprenez plus, et lorsque je me laisse apercevoir, vous souriant, provocateur, je sais, vous non, que votre fin est proche. Ultime touche à la folie cauchemardesque vous ayant lentement emportés avant que vous ne disparaissiez, vous libérant enfin, mais ignorant que ce sont mes ténèbres qui vous attendent et que tout ceux qui s’y seront noyés, m’accompagneront sur mon prochain terrain de jeu…
Contemplez et tremblez, écoutez ceux qui sont déjà avec moi. Ecrivez et racontez-moi, propagez-moi au-delà des frontières de ce monde, ouvrez-moi de nouvelles portes, offrez-moi de nouveaux jouets et je vous créerai un spectacle plus terrifiant encore…
Plus aucun échappatoire pour le bonheur ! L’ombre (ou la mort ?) peut-être encore plus terrifiante ? Curieuse de lire le prochain pen
Ouh, pas sûr que je vais réussir à dormir après ça!
Toujours original et bien écrit, d’une noirceur totale.
Hermétique et terrifiant ! Gulp !