Solitude

3 mins

Nous étions six ici, je suis désormais le dernier.

Je leur avais pourtant dit de ne pas sortir ! Dehors tout est devenu cauchemardesque… Les morts bien sûr, mais ils sont bien le plus anodin des dangers…

Vous m’entendez ?

Je parle des morts comme d’un danger anodin… Pouvez-vous seulement concevoir par mes mots la folie à l’extérieur de ces murs ? Le journal avait raison : on nous cache des choses…

Nous avons tout calfeutré.

Si bien qu’il est même difficile de déterminer l’alternance des jours et des nuits, autrement que par les quelques rais lumineux me semblant de plus en plus rares… Parfois, des senteurs de bois brulé m’inquiètent. Des incendies ne seraient pas surprenants. Ces foutus cadavres ne semblent sensibles qu’à ce “traitement”… Mais encore une fois s’il n’y avait qu’eux…

Eux, sont reconnaissables au bruit de leurs pas traînant, aux sons s’échappant de leurs gorges, à leur odeur infecte décelable bien à l’avance… Pour peu qu’on ne se fasse pas surprendre par un groupe, ils sont aisément évitables, je pense…

Mais il y a autre chose…

Ces gens qui ne laissent aucune trace d’eux en disparaissant une infime seconde dans une zone de pénombre sans jamais réapparaitre… Que se cache-t-il d’autre dans ces maudites ténèbres ? Ne pas savoir ce qui s’y terre est encore pire que de voir arriver un de ses ancêtres putréfiés…

Vous allez trouver cela paradoxal après ces propos, mais ici, dans cette maison, je suis entièrement dans le noir… J’ai utilisé ma dernière bougie… Je suis plus effrayé par l’ombre naturelle extérieure que celle que nous avons créée ici… Les premiers jours, on entendait des cris et des appels à l’aide, des gens frappant à notre porte à la recherche d’un abri.

Nous n’avons pas ouvert.

Egoïste ? Peut-être. Nous devrions nous entraider entre êtres humains, n’est-ce pas ? Mais qui sait ce qu’ils auraient pu laisser entrer avec eux !

Petit à petit, les autres ont voulu sortir, ils n’en pouvaient plus de cet enfermement et du manque de vivres. J’espère qu’ils vont bien…

On frappe encore à la porte, mais il n’y a plus de voix. Aucune voix compréhensible en tout cas… Je n’ose plus regarder par le bout de fenêtre que nous avions laissé libre pour s’assurer une sortie… Je l’ai condamné après le départ de mon frère.

Mon frère est le dernier à être parti. Il devait aller chercher de l’aide et revenir… Il ne reviendra pas.

S’il a pu s’enfuir, il n’a aucune raison de se replonger sciemment dans ce cauchemar…

Nous étions six, je suis désormais le dernier… Mais vous ai-je dit que je n’étais pourtant pas seul?

Il y a quelqu’un d’autre avec moi.

Je ne sais pas qui. Comment a-t-il trouvé un moyen d’entrer ? J’espère qu’il a bien tout refermé derrière lui…

Je l’entends marcher dans la maison. Je n’ose pas signaler ma présence et “ça” ne l’a pas fait non plus. Pourtant, je pense que nous avons conscience l’un de l’autre… Je craignais ma fin venue la première fois que je l’ai repéré… Mais cela fait maintenant un moment… 

J’ai soif… Mais j’ai peur de bouger.  J’entends mon nouveau compagnon respirer non loin, et cela m’inquiète, il doit m’entendre aussi… Pourquoi ne parle-t-il pas ? Il s’est introduit chez moi ! C’est à lui de se présenter !

J’ai l’impression que l’ombre se resserre autour de moi. Je ne le remarque que maintenant : je n’entends plus rien à l’extérieur… Mais à l’intérieur, mon colocataire de fortune semble vouloir me faire peur. Je l’entends parfois bouger si près de moi… La pénombre doit fausser mes sens, qui s’amuserait à ça ?

Ce n’est peut-être pas son souffle que j’ai senti sur ma joue.

J’en ai assez ! Il faut briser ce silence entre nous ! Alors pourquoi aucun mot ne veut sortir de ma bouche ? Le moindre bruissement autour de moi  me semble assourdissant ! Mais qu’il parle bon sang !

Parle-moi ! Par pitié !

J’ai enfin réussi à le saluer.

Le son de ma voix m’a surpris, et j’en ai même sursauté. Je suis content, il m’a souri en retour… Je suis content.

Tout va enfin s’arrêter.

Je l’ai compris à son sourire. Il n’attendait que ça. Rien ne peut sourire ainsi dans une obscurité aussi profonde… Il y a finalement pire que les morts et les ténèbres…

Mon rire nerveux, brisé, emplit la demeure. Ma tête cogne contre le mur derrière moi.

Il approche.

Nous étions six…  La maison sera bientôt vide…

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3 Commentaires
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Smits Annick
2 années il y a

Je sens que je vais aller vérifier mon stock de lampes torches et de bougies … ^^

bbbbbbb ccccccccccccc
bbbbbbb ccccccccccccc
2 années il y a

Maître du cauchemar, et quelle imagination, parce que ça ne peut pas exister hein?
Bon, je vais faire comme Annick!

DeJavel O.
2 années il y a

…je n’en peu plus.

Il faut que je me désabonne de ce fil, mais si l’auteur revenait se venger…

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