NDA : Le texte qui suit est particulier, et contient du contenu sexuel explicite. Bien que je ne le rangerais pas dans la catégorie pornographie, car j’ai volontairement proscrit une grande partie de ce lexique. Le thème abordé est également particulier et peut rebuter certains.
Merci donc de passer votre chemin si vous n’avez pas l’âge de ce contenu. Pour ceux qui ont l’âge, mais sont facilement choqués, à vous de voir.
Quoi qu’il en soit, si à la fin de la lecture, vous éprouvez divers sentiments autre que le dégoût, j’aurai accompli mon but.
Bonne lecture.
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Les rayons de l’astre nocturne filtraient à travers les rideaux animés par la brise de la nuit naissante. Elle, se réveillait juste, pensive quant à son programme des prochaines heures. Elle n’avait pas grand-chose à faire. Rien d’urgent à accomplir.
Rien ne l’était jamais pour elle. Plus depuis longtemps.
Elle en profita pour explorer le lieu qui l’avait accueillie peu avant l’aube. La vaste demeure en lisière d’une profonde forêt, conservait son charme malgré un évident abandon de longue date. Par endroit, les tapisseries comme lassées d’une relation qui n’en finissait pas, rompaient lentement avec leur mur. Les tableaux luttaient pour conserver les visages des anciens occupants avant qu’ils ne disparaissent dans l’oubli.
Elle, n’avait pas ce problème. Elle n’oublierait jamais rien. Surtout pas le visage de celui qui avait fait d’elle cette arpenteuse nocturne. Mais à quoi bon s’en souvenir ? Elle ne le reverrait plus. Il lui avait appris tout ce qu’elle devait savoir, et l’avait lâchée dans la nuit…
Il faut dire qu’elle avait été une parfaite élève. Agile, déterminée. Elle avait toutes les aptitudes pour devenir la prédatrice qu’elle était à présent. Depuis, les visages s’étaient succédés sous ses yeux, les cous avaient glissés sous ses lèvres ensanglantées. Et elle était toujours là.
Seule.
Elle trouva dans une chambre une pleine armoire de vêtements. Ce n’était pas les premières preuves d’un départ précipité qu’elle avait trouvé. Elle s’interrogea un instant sur la raison d’une telle hâte, mais après tout, leur monde était ainsi fait. Le danger rôdait partout, tout le temps.
Elle essaya quelques vêtements, faisant mine de pouvoir s’admirer dans le grand miroir terni, mais elle détestait cette vision incomplète, ces bêtes bouts de tissus flottant comme portés par un vent farceur… ou un fantôme.
Elle haïssait cette comparaison plus que tout. Elle n’était pas un fantôme. Elle n’était pas une bribe du passé. Elle existait, elle était bien réelle.
Un bruit dans la cour attira son attention vers la fenêtre d’où elle en chercha l’origine…
Lui, venait de traverser les bois avec une aisance faisant jurer ses poursuivants. Mais aucune chance qu’ils le laissent fuir. Tout son clan venait d’être anéanti. Une vengeance barbare, disproportionnée. Dix-sept vies prises pour compenser les cinq brebis les ayant nourris.
Il s’était battu vaillamment. S’il avait eu le temps, il aurait pris la tête du clan. Seul, il avait réussi à mettre hors combat trois de ces hommes qui les avaient traqués toute la journée pour leur tomber dessus un peu avant le crépuscule. Mais il avait dû fuir. Il était le dernier. Le jeune qu’il avait protégé jusqu’au bout s’était éteint dans son dos. Il ne restait que lui.
Alors, il avait couru. Les hommes s’étaient lancés à sa poursuite, moins nombreux, certains blessés, d’autres restant à leur chevet. Ils n’étaient plus que trois à parvenir à suivre son allure.
La panique lui fit cependant commettre l’erreur de quitter la protection des méandres de la forêt, et il déboula dans un jardin, toisé par de nombreuses statues recouvertes de lierre et de mousses. Les trois hommes apparurent à leur tour, jubilant, riant en reprenant leur souffle.
Lui, leur fit face. Il combattrait. Sa rage déchira la nuit, sourde, un grondement profond. Un homme rit, et le pointa du fusil qui avait fait tant de victimes dans son clan.
Mais le coup ne partit jamais.
Une ombre gracile s’était élancée depuis le haut de la demeure non loin. La fierté hautaine de l’homme se fit terrasser par l’interrogation, et achever par la terreur la plus profonde alors qu’il sentait sa gorge se déchirer, noyant ses cris dans un gargouillis sanglant.
Ses deux comparses n’eurent guère plus de temps pour réagir en surpassant le choc. Ils s’écroulèrent rapidement, tapissant l’herbe verte d’un voile sombre.
Elle ne s’était pas nourrie. Aucune chance qu’elle goûte à ce sang-là. Elle n’en avait de toute façon pas besoin. Elle se tourna vers lui, et leurs regards dorés se croisèrent pour la première fois.
La vampire vêtue d’une robe blanche maculée de sang et déchirée fit face au puissant loup au pelage sombre. Deux prédateurs aux crocs meurtriers. Un même regard déterminé.
Elle sut rapidement qu’il était pourtant épuisé par sa fuite. Mais il ne la lâchait pas du regard, prêt à faire face si besoin. Elle fit mine de s’en désintéresser, et repartit vers le manoir se dressant dans la nuit. Lui alla se désaltérer à la fontaine ornant le centre du jardin, se souciant peu de l’aspect trouble de l’eau, et se coucha au pied d’une statue, trop épuisé pour repartir.
Elle l’observa un temps, et plus tard, alors qu’elle regagnait son lieu de repos avant l’aube, elle s’aperçut qu’il n’était plus là.
Un souvenir de plus dans sa longue mémoire.
La nuit suivante pourtant, elle eut la surprise de revoir la bête. Assis dos au manoir, il fixait la forêt d’un air tranquille. Intriguée, elle l’épia un moment et sourit en voyant soudain deux chasseurs s’extirper des bois. Il ne montra même pas les crocs cette fois, comme s’il avait anticipé qu’elle interviendrait, presque comme s’il lui faisait une offrande… ou qu’il l’utilisait pour accomplir une vengeance sur les hommes. Elle ne savait pas. Mais la situation l’amusait, ce qui était plutôt rare dans son éternité. Aussi, se prit-elle au jeu. Et fit deux nouvelles victimes, dont elle se restaura cette fois.
L’animal lui, en avait profité pour s’emparer des lièvres pendant à la ceinture de l’un d’eux et partit les dévorer un peu plus loin.
La routine s’installa, et il revint plusieurs fois, attirant chasseurs ou bergers en colère jusqu’à la demeure. Prise au jeu, la vampire qui n’avait pourtant pas prévue de s’éterniser ici, resta et se trouvait même déçue les nuits où il ne venait pas.
Il lui fallut pourtant un long moment avant que la bête accepte la main qu’elle s’était mise à lui tendre. Elle ressentit une profonde victoire la première fois que ses doigts glissèrent dans l’épais pelage.
Le loup s’installa finalement au manoir, et bien qu’il lui arrivât de partir plusieurs, il revenait toujours, laissant la vampire avoir de plus en plus de contact avec lui. Si bien qu’il n’était pas rare qu’elle s’endorme dans son pelage au petit matin, et ne pouvait s’empêcher de sourire en s’y réveillant le soir.
La chaleur de la bête sous son visage, la douceur du pelage, les battements forts du cœur… Elle pouvait ressentir le mouvement du sang dans ce corps. Cela faisait si longtemps qu’elle n’avait eu personne à ses côtés. Leurs solitudes si différentes mais unies par le rejet d’un monde qui refusait leurs existences. Elle, alimentait les légendes terrifiantes alors que lui planait comme une menace dans les songes des enfants. Sans s’en rendre compte, presque par instinct, elle déposa un baiser sur les babines de l’animal, qui comme en réponse à ce contact inattendu, vint gouter les lèvres de la vampire. Loin de la rebuter, elle se laissa aller jusqu’à l’imiter, transformant un simple contact en un réel baiser intense.
Bien sûr, c’était étrange. Bien sûr, la sensation était intrigante. Bien sûr une très ancienne voix humaine ressurgit dans son esprit pour la condamner, la juger… Mais elle n’était plus humaine. Alors pourquoi devrait-elle se plier à des jugements moraux ? Elle se redressa, et fit glisser son vêtement jusqu’à la taille, approchant les courbes que tant d’humains avaient convoitées de la gueule animale. Peu importait ce qu’il adviendrait.
Le premier contact la fit frissonner. La force du mouvement imprimé sur son sein, la réaction physique de celui-ci. Son cambrement instinctif pour lui offrir davantage encore. Elle glissa ses bras autour de lui, l’enserrant contre elle. Qu’éprouvait-il, lui ? Elle ne savait pas, mais tant qu’il désirerait explorer le corps qu’elle lui offrait, elle l’accepterait, peu importe où cela les conduirait…
Elle se dégagea un instant pour se dévêtir entièrement, et s’étira longuement à ses côtés. Lorsque le souffle chaud balaya sa peau froide. L’incongruité de l’acte ne la fit même pas ciller. Elle s’offrit à ce souffle et au contact qui l’accompagnait, lui livrant chaque parcelle de sa peau et de son corps qu’il semblait vouloir découvrir, jusqu’à la plus intime, qui tira de longs soupirs de satisfaction à la belle éternelle. Elle aurait pu se laisser aller pleinement ainsi tant l’animal, peut-être guidé par un instinct inconnu avait fini par se concentrer presque exclusivement dans le cœur de ses jambes. Et quand soudain il s’en désintéressait brusquement, elle entrait dans un état de frustration qui rendait le contact suivant plus intense encore.
Mais elle refusa d’être seule dans cette union et se redressa pour revenir se serrer contre lui, échangeant de nouveaux baisers qu’elle fit glisser dans son pelage comme lui l’avait fait sur sa peau. Elle l’imita en tout point. Même lorsque ses baisers se muèrent en caresses des plus intimes, elle n’hésita pas.
Toujours attentive à la moindre de ses réactions, elle redoubla de douceur pour se glisser sur lui, plaquant les mains dans son poitrail, et l’accueillir en elle dans un soupir d’accomplissement.
Ainsi la bête devint amant.
Tout à son plaisir coupable sur le point d’aboutir pleinement, elle refusa de vivre seule cet instant, et désuni avec regret de son amant pour s’allonger à ses cotes sur le ventre, avant de se redresser sur les coudes et les genoux frottant son flac contre celui de la bête.
Elle le sentit autour d’elle, puis la fourrure remonta son échine et le souffle glissa contre son oreille…
L’amante devint louve.
Les deux êtres esseulés ne firent qu’un, et au bout de la nuit, leurs solitudes explosèrent en même temps que leur union interdite les emporta…
Elle s’écroula, il s’allongea à ses côtés, tous deux essoufflés.
La vampire avait encore toute une éternité devant elle, mais elle savait qu’elle en partagerait une partie avec ce loup. Et quand il ne serait plus là, ces souvenirs l’accompagnerait encore longtemps…
Elle n’oubliait jamais rien.
But accompli … très joli, j’adore 🙂
En fait, je pense que tu as su trouver les mots justes pour que ça ne soit, ni choquant, ni vulgaire. J’imagine que ce texte t’as demandé un gros travail.
Très beau, très triste aussi… Mais plein de poésie donc jamais choquant