Contes poétiques et extraordinaires d’Ambrosia Partie 2: Contes philosophiques

15 mins

Y a-t-il un héros pour rallumer sa flamme tout en haut ou tenir le flambeau ? Y a-t-il une armée pour défendre la cité, les faibles et les mal-aimés? Y a-t-il quelqu’un qui changerait son destin ? J’espère, en vain.

Deuxièmement. Contes philosophiques, tout autre que contes mélancoliques.




Pourfendeur de dragons

Je suis le chevalier des opprimés,

Le doux et le bien aimé,

C’est ainsi qu’on m’a nommé,

Est-ce pour se moquer ?

Je peux l’être parfois.

Faites attention à mon épée,

Si c’est pour m’insulter,

Elle vous pourfendra.

Je sers uniquement le roi.

Je suis noble après les gens,

Veuillez l’être après moi.

Soyez gentils c’est évident.

Monarque ce jour,

Monarque toujours,

Dans mon cœur, c’est cela.

Ennemis du roi,

Prenez garde à moi.

Après le tout-puissant, le Çà,

Sa seigneurie fait dure loi.

Une bête ailée,

A tout fait brûler.

Me dit la belle tête couronnée,

En enfer, allez vite le chasser.

Mon écuyer et moi, nous nous préparons. C’est une dangereuse mission. Cependant mon roi a toujours raison. C’est lui qui tient le canasson. Quand le royaume est en péril, aucun des chevaliers ne file. C’est notre honneur qui est enjeu. Tout un clan depuis longtemps, mes aïeux ! Respecter notre adoubement, c’est important.

J’enfile mon armure et je chevauche ma monture. Je prends une vive allure. Une belle posture et avec ça j’assure. Plus de cents chevaux en un seul au galop. C’est mon fier Torpédo. Il n’a même pas mis le turbo. Il économise, le fiérot. Je l’ai depuis tout marmot. On a fait notre vie ensemble, c’est beau. On la continuera à la faire à grands flots. Le dragon sera tué. On aura notre victoire bien mérité. Car je sais que j’ai le courage et cela va avec une certaine rage. C’est sûr, je vais faire un carnage.

Partout dans la contrée. Les valeureux, on saluait. Tout le monde les acclamait. Ceux qui allaient combattre le dragon. Il y avait plein de braves dans cette garnison. Les soldats pour la plupart tomberont mais, c’est certain, ils gagneront. A la fin des fins, le coup de grâce sera porté et la victoire emportée. Tous les bourgs et les villages qu’ils traversaient, c’était une éternité. Jusqu’à ce qu’ils arrivent à une tranchée, entre des falaises qui, bien hautes, montaient. Vers une grotte, ils s’approchaient. L’antre de la bête, ils étaient tous près. Il valait mieux être discret et surtout ne pas se précipiter.

Préparer un plan d’attaque. C’était plus sûr que de partir tous en vrac. Dans tous les sens, cela n’avait pas d’évidence. Tout le monde exposa son idée face à la grande assemblée. Tour à tour, chaque proposition fut refusée et plusieurs d’entre eux qui en avaient proposé s’en étaient offusqués. On n’était pas partis pour la victoire, cela prendrait certainement jusqu’au soir. Je désespérais quand mon écuyer voulut s’exprimer, les autres preux le raillaient et, durement, je les houspillais car je savais que c’était un petit génie de la stratégie qui aurait dû être élevé depuis longtemps à notre rang.

Tous furent impressionnés par le plan qu’il avait détaillé. J’en fus ébloui, moi-même, qui avait pourtant l’habitude de ces coups d’éclairs en éclats. L’offensive s’était préparé sans mains mises sans faux pas et tous prirent leurs postes là où ils étaient désignés les plus adroits.

Un, deux et trois, ceux qui devaient s’élancer s’élancèrent. Ce fut la première étape d’une tactique de bataille brillante et très prospère. Les soldats qui s’étaient avancés toutefois prudemment. Cependant, cela avait réveillé la bête qui avait des sens surpuissants. Elle était sortie de son antre avec une fulgurance qui n’avait pas d’équivalent et faisait déjà face à des combattants des plus vaillants. Elle les attaquait sans distinction et sans pitié. Les chevaliers s’évertuaient à se protéger derrière leurs boucliers, à éviter les griffes gigantesques et acérées et à attaquer quand une ouverture se profilait. Cependant, au fur et à mesure, les rangs commençaient à se clairsemer. Ils ne tiendraient pas longtemps à ce rythme effréné.

Tel ennemi qui croyait prendre et celui-ci fut bien entenaillé. La féroce créature n’avait pas vu qu’une petite armée se profilait derrière son dos, celle-ci s’amusait trop. Au-devant, elle avait le regard tourné et l’attention détournée. Quand elle sentit une lame s’enfonçait dans sa croupe, elle fit volteface sans prendre garde à sa défense, prise entre deux groupes. Un soldat du premier groupe, qui était encore bien vaillant parmi la troupe, se dit que c’était le moment pour une bonne coupe. Plusieurs le suivirent et sautèrent au cou du monstre monumental. Elle fut, de toute part, embroché et une flaque de sang croissante s’étalait. La tête fut bien vite coupée sans qu’elle n’ait le temps de s’embraser et le second groupe en fut sauvé.

Le dragon eut un dernier soupir, comme un cri lancinant, qui résonna dans le royaume, celui-ci rendait son empire. Le royaume n’était plus menacé, il faut dire.

La mort peut être libératrice. Pas de paix créatrice. On ne pense pas au supplice.



Ouvreur et maître des clés

Maître des clés, il faut l’avouer,

Ce n’est pas facile tous les jours.

Il faut savoir parfois faire le sourd.

Son choix ne doit pas être influencé.

On reste immobile, impassible et glacé.

Froid et sans sentiments, jour après jour.

On scanne les auras et interroge la liste de ce jour.

Ceux qui ne sont pas digne d’entrer sont expulsés.

Venir au paradis doit être bien mérité.

Il faut refuser ceux qui sont en désarroi.

Les damnés, les âmes errantes n’y sont pas.

La force de ses assistants les fait s’en aller.

Insister ne sert à rien si on n’est pas acceptés.

Les portes du paradis sont bien gardées et alors ?

Seul le maître des clés peut les ouvrir et les clore.

A ceux qu’ils l’ont mérité ou pas. C’est un fait.

C’est un système infaillible et jamais égalé.

Pourtant, quelqu’un de mauvais est passé outre.

Un tour de passe-passe et il n’a eu aucun doute.

Sûr de lui, le faussaire a dupé le maître des clés.

Son attention a été détourné sans qu’il l’ait remarqué.

L’arnaqueur en a profité en faussant prestement la liste.

Celui-ci était malin et agile. Sans douter, un vrai illusionniste.

Il devait être doué pour avoir trompé le maître des clés.

L’ange Savriel était bien embêté et battit de l’aile. Pierre avait failli à sa tâche habituelle. C’était la seconde fois depuis des lustres perpétuels. La première fois, le saint avait été épargné par sa Grâce éternelle. C’était sa seconde erreur, qui entraînerait certainement une punition divine sacrificielle. Il avait eu de la chance la première fois qui n’avait pas fait l’essentiel. En effet, il se souvenait du premier fat qui s’était introduit dans le doux champ de fleurs blanches et vermeilles. Heureusement, il avait rattrapé à tire d’aile, le divin Être avait à peine su cette ritournelle et la garde des portes du paradis avait été renforcé sans exclure Pierre du ciel.

Il n’en revenait toujours pas. Cela s’était produit encore un fois. Le passage d’un être impur n’aurait pas dû être possible. Surtout au nez et à la barbe de la garde du Siles. La Section des Inkantis de la Légion Extra-Sensorielle n’avaient pas leur pareille pour les repousser. Ceux qui étaient intrus et exclus du paradis après le contrôle effectué.

Et pourtant, ça s’était passé. Il devait faire vite et user de sa célérité. Il pourrait peut-être le rattraper avant qu’une personne ne prévienne Dieu. Pas d’intrusion du paradis par une âme damnée, pas de faute de son ami Pierre, le maître des clés. Il parcourut les champs de fleurs étincelants, les autels de verre chatoyants et les palais d’une blancheur mate et communicants. Entre eux, les couloirs de nuages évanescents et les variations d’altitude étendaient à l’infini le temps. Il s’impatientait dans cette traversée où il ne voyaient que des gens ailés ou transparents qui pratiquaient la prière et le culte indéfiniment. Il s’arrêta à la plus haute colline des environs, celle du Firmament. De là, il avait l’horizon en un instant.

Il scrutait le large iridescent comme si il cherchait une terre où ancrer son doute persistant. L’âme qu’il cherchait ne devait pas être complètement mauvaise. Comment aurait-elle dupé le scan sans avoir un bon fond en parenthèse? Pour avoir franchi les portes du paradis avec toute aise, cette âme devait avoir un but important sans quoi il n’aurait risqué ses fesses. A cette pensée, il fut pris d’une hésitation, il fut mal à l’aise. Soudain, un point lumineux et flamboyant au loin l’interrompit dans cette réflexion. Il s’y dirigea d’un coup, à la vitesse de l’éclair et avec obstination.

Alors qu’il dévisageait l’intrus, caché par un cumulus cotonneux, il se dit qu’il avait eu raison. L’intrus s’était introduit au paradis avec une idée en tête. Une jolie idée qui avait la blondeur des blés et une belle aura, pure et sans fausseté. Pour lui, cela ne le confortait pas dans ses positions. Néanmoins, l’ange se souvenait de son sermon. Il devait effectuer sa mission : assurer la sécurité du paradis et de Dieu sans hésitation. Il devait donc dégager le scélérat sans compromission.

Il se rapprocha autant que possible avec furtivité. Les amoureux l’avaient déjà repéré Ils eurent une courte discussion puis celle-ci fut close par une décision. La femme avait encouragé son amant à fuir et, avec grand regret, il s’était résigné à le faire sans relâcher un soupir. Il commençait à s’éloigner quand l’ange Savriel se mit en travers de sa route. Tout de suite, l’intrus fut sur ses gardes, un peu en déroute. Il fouilla dans une de ses poches de pantalon en moumoute et dégaina un petit poignard ouvragé sans un doute. Savriel en fit autant avec sa grande hallebarde de lumière chatoyante et lui lança un avertissement d’une clameur vibrante: ” Je n’ai aucune intention de te neutraliser. Cependant, si tu m’attaques, je le ferais.” L’intrus n’en fut pas désarmé.

” Rends-toi, mon amour, et il ne te fera aucun mal. Ne perds pas ton âme pour moi.” dit la belle amoureuse. ” Jamais ! J’aime mieux être anéanti que de ne jamais te revoir. Ange exterminateur, je t’attends”. La jolie femme cria son malheur et son désarroi. L’ange Savriel entendit cette invitation et se dit que c’était un valeureux guerrier. Celui-ci méritait une belle mort. Son arme déferait cette âme en un instant. Il le désarma facilement. Alors que sa hallebarde descendait vers son opposant, une forme se mit entre eux. L’ange s’arrêta tout juste, à un cheveu. ” Si tu dois mourir, mourons ensemble.”Son amoureux s’y opposa. ” Ta vie est plus importante.” Elle s’y opposa.

Ce fut tergiversation. Ce fut le moment où tout changea. L’ange, ému, décida d’épargner les deux amoureux. Il ne put se résoudre à éteindre ces vies. L’amour. C’était ce qu’il représentait après tout, c’était lui.

Pour lui, il suffisait d’une chose pour changer cet univers vaste et glacé. L’amour. Mais comment ferait-il pour faire accepter et tout changer dans ce monde éthéré ?


Faiseur de miracles

Un miracle, ça se produit des fois quand on y croit.

Quelqu’un en fit l’expérience sans qu’il s’en aperçut.

Il était rien avant. Juste de la malchance en surplus.

Maintenant, sans qu’il l’ait voulu, Greg se métamorphosa.

Alors qu’il se promenait dans la forêt en plein froid.

Il se dit :” Avec ce temps, il doit y avoir personne.”

Il aimait être tranquille. Pas de chance pour sa pomme.

Soudain, quelqu’un entonne. Un fantôme ou le suroît ?

Il était inquiet. Il était sans défense et dans tous ses états.

Cependant, il était curieux. Il voulait voir ce qu’il avait entendu.

Il se dirigea vers ce bruit joyeux. Il était blême et tendu.

Une fois en face, il n’en crut pas ses yeux. C’était quoi ça ?

Un traîneau abîmé. En prime, des rennes éparses autour de ça.

Il se rapprochait et de ces ruines, apparut un homme.

Surpris, il reculait et l’observait. Il était en somme.

Corpulent. Engoncé dans un costume rouge trop étroit.

Il s’aperçut que Greg le dévisageait. Il en fit autant pour son cas.

De suite, un sourire apparut sur son visage tout joufflu.

Puis il chercha quelque chose dans ses poches distendues.

Il le trouva et tendit son gros bras, paume ouverte vers l’autre gars.

Ce n’était qu’une petite étoile et il voulait la lui donner.

Plus il la regardait, plus elle brillait. Jusqu’à l’aveugler.

Un blanc éclatant l’inonda. Un goût de pain d’épices l’imprégna.

La vision se fit plus nette et son être avait changé d’état.

”Qu’est-ce que vous m’avez fait ?” dit Greg. ”Je t’ai rendu ce que tu as perdu.” nota le vieux barbu. Greg demanda ”Quoi ?” Il ne comprenait pas. L’homme en rouge lui expliqua brièvement sa nouvelle condition et son exigeante mission. ”Tu devras remplir de joie le cœur des gens sans condition avec des cadeaux en livraison. De par le monde, tu devras le faire en une seule nuit et cela te libérera de ta malédiction.”

”Vous délirez ? Qui êtes-vous d’ailleurs ?” L’homme dodu s’amusa visiblement de l’expression interloquée de Greg et il se présenta. ”Ce n’était pourtant pas clair. C’est demain Noël. Qui le représente d’après toi ? Roi des possibles, faiseur de miracles. Je suis le père Noël.” Il ne le crut pas. ”Et moi, je suis la mère Noël.” Santa Klaus décida alors de montrer un peu de ses pouvoirs. L’atmosphère scintilla. Comme si des paillettes flottaient dans le soir et ne demandaient qu’à se faire voir. Greg en fut bouche bée. Néanmoins, il était en face et il ne pouvait nier la vaine réalité. Celui-ci s’apercevait que le traîneau se reconstituer et les rennes, volant dans l’air, s’en approchaient. Klaus formula : ” Nicolas. Tu sais ta mission maintenant ? A toi de jouer.” Il essaya de lui parler encore, de le faire douter. ”Mais…” Le père Noël s’était déjà volatilisé.

Alors qu’il s’asseyait sur le fauteuil du traîneau, Greg se demandait : ”Comment avait- il deviné son vrai prénom ?” Question bête. C’était le père Noël. Comment faire avancer ce chariot ? En s’excitant, il remua sans dire un mot. Tout à coup, sans véritable signal, les bêtes s’élancèrent dans le ciel. Cette élévation d’altitude provoqua une tempête dans sa tête d’une rousseur vermeille. Comme si être à la place du père Noël faisait remonter les souvenirs. Et l’évocation du prénom ”Nicolas” était le pire. Pour tout dire, ça le chagrinait. Cela faisait longtemps qu’il avait positionné Nicolas en deuxième prénom car il le détestait. Celui-ci représentait la fête qu’il abhorrait en cette fin d’année.

Première maison dans une absolue noirceur. L’approche du traîneau se fit tout en douceur. Je fus là, impalpable, à me demander quoi faire. Je lorgnais sur la hotte qui était derrière. Dans toute cette masse enrubannée, comment savoir quels étaient les cadeaux pour cette maison ? Je n’étais pas devin. La réponse fut comme un spectre d’ apparition. Comme par magie, les présents se matérialisèrent et je les eus en une petite hotte dans ma main. Les bras chargés, je progressais tout au long du chemin. La neige crépitait sous mes pieds. J’appréhendais le trou béant et noir du conduit de la cheminée. Pour moi, c’était telle une plongée dans le passé.

J’étais assis sur le bord du conduit et essayait de m’immiscer dans celui-ci. Je n’eus pas le temps de prendre mon courage à deux mains. Mon costume m’entraîna dans la gueule noirâtre, dans son chemin. En effet, je n’avais pas compris mais celui-ci s’était mis à sauter comme un cabri. Par miracle, j’atterris comme une plume. C’était la magie de Noël. Je me fis la réflexion sans que je l’assume. Remis de ma frayeur, je scrutais la pièce et vit un beau sapin qui provoqua en moi une tristesse. Quelque chose s’était réveillé en moi. Ce sapin, je le connaissais. Je m’en rapprochais.

Du plus près que je le pouvais, voilà la lumière se faisait. Je devais m’en assurer. Était-ce possible ? Quel fracas ! La photo sur la cheminée le confirma. On était vraiment dans le passé. L’année de mes 10 ans, je me souvenais. De la perte de ma mère. De la tristesse de mon père. C’était le premier Noël. Le tout premier que j’avais détesté. Et voilà que je revis cet instant tant damné. La tristesse passée ne pourrait se faire, si facilement, effacer. Le manque d’une mère et l’absence d’un père qui s’est noyé dans l’alcool pour oublier. Ma mémoire était totalement nette et bien ancrée. Et qu’est-ce que ces cadeaux vont pouvoir apporter ? A l’enfant en manque que j’étais.

Je sortis les présents de la petite hotte et les éclairait. Les décorations lumineuses autour de l’arbre m’y aidaient. Quand ce fut le dernier, mon regard se posa sur l’étiquette qui était accolée. Je lus cette phrase qui me tourneboula : ” Pour Nicolas. Avec mon amour. Ton papa. PS : J’espère que je ne t’ai pas trop manqué. J’ai compris. Même si j’ai perdu ta mère bien-aimée. Je t’ai encore toi. Je ne veux plus m’illusionner et m’enivrer. Ensemble, nous allons pouvoir avancer.” Voilà que les souvenirs se firent en un nouveau passé.

L’émotion se répandit et la mission se fit. Le traîneau défilait dans le bleu nuit qui s’illuminait. Tous les enfants seraient comblés. Ainsi qu’un petit gamin qui, à un moment, ne l’avait plus été. Son cœur n’était plus brisé. Son âme plus tourmentée. Il neigeait de plus en plus dru. Cela s’agitait là-haut d’une belle vue. Il paraissait que la neige était signe qu’un ange pleurait. Je le croyais bien, et oui, la vie sur cette terre s’était écoulée. Plein de joie, mes larmes commençaient à couler.

Le Père Noël est dans nos rêves, dans notre passé. Il suffit juste de l’accepter.


Doubleur de comptes

C’était un des labyrinthes les plus biscornus,

Où il fallait que se perde un jeune malvenu.

Il avait beau essayer de s’en sortir, il était perdu.

Tout ça pour régler une vieille dette entendue.

Parmi les nombreux comptoirs et infinis couloirs.

Il était déboussolé et il faisait de plus en plus noir.

Il avait trop redouté et attendu, il faisait déjà soir.

Pourtant, il ne pouvait pas payer, demain serait trop tard.

Tout au long de la journée, il s’était vu tout refuser.

Les personnes effrayées et les portes, tour à tour, s’étaient fermées.

Il devait retrouver de l’espoir avant que l’heure soit sonnée,

Dans cette ville de traîtrises éparses et trop administrées.

Il arpentait une ruelle lugubre, le soleil s’était couché.

Soudain, il croisa une personne pressée et l’arrêtait.

Il lui indiqua finalement l’individu qu’il cherchait.

Il allait se débattre rudement pour convaincre son créancier.

A cet instant, il était en face de lui et c’était vraiment tendu.

L’homme entendit ce qu’il déblatérait car il n’avait pas son dû.

Celui-ci était impassible, il s’approcha et lui fit un coup tordu.

Le choc impacta l’estomac de l’autre et la douleur était revenu.

”Rodrigue, tu me déçois !”dit calmement l’acerbe grand noir.

Celui qui était par terre, se tortillait dans cet affreux cauchemar.

Il ne serait bientôt plus en vie sauf s’il négociait ce petit retard.

Rodrigue se souvenait du trésor et fit une promesse en ce soir.

Le lendemain, il se levait de son lit. Il grimaça de souffrance et fit plus qu’un pli. Il avait les côtes en vrac et les tripes en bisbille. Il se regarda dans le miroir. Il avait une tête horrible à voir. Sur le corps, plein d’égratignures et les lèvres fendues aux commissures. S’il ne trouvait pas le trésor en faisant son aventure. Il n’osait imaginer ce que Nek lui ferait comme blessures. Il frissonna et fut motivé par cette peur. Il s’habilla prestement et sortit dehors dans la fraîcheur. ”Froid de gueux” se dit plutôt dans son malheur. Pour pourvoir sauver sa vie, il devait chercher, dans cette métropole de fer sans splendeur, celle qui n’avait, pour lui, plus que de la froideur.

Dans les ruelles froides, entourées de tours de verre glacée, il vadrouillait. Le trentenaire demandait à toutes les personnes qu’ils avaient fréquenté. Quelques-uns reconnurent ses traits et il se débrouilla pour écourter et s’évader. Cela lui faisait bizarre de replonger dans cette époque si redoutée et dans ce milieu dont il s’était écarté. Il désespérait de trouver quelqu’un qui saurait où Esméride se trouvait. Finalement, il tomba sur la bonne personne et l’information prit une drôle de forme. Il dut reprendre le chemin de son passé monotone.

Le squat de Falksbarg, il n’avait pas changé. Il trouva facilement le lieu où elle se trouvait. Esméride était face à une des fenêtres et scrutait le ciel. Rodrigue se rendit compte qu’elle était toujours aussi belle. ”Tu oses te pointer là alors que tu m’as fait tant souffrir ?” Elle se tourna vivement vers lui avec ses yeux saphir qui le faisaient toujours autant mollir. Il expliqua ce qu’il venait faire ici sans pour autant faiblir. Elle le sermonna : ”Tu te trouves tout le temps mêlé à de sales histoires et ce n’est pas ça le plus pire. Tu t’y enfonces profondément et tu arrives toujours à t’en sortir. ”Il fut tout chamboulé par ce fait. C’était vrai. Il devait se l’avouer. Cependant, il devait espérer.

”Cela veut dire que tu vas m’aider.” Elle le fusilla du regard puis celui-ci s’adoucit.

Elle expira puis céda : ” Ton regard larmoyant, tu me l’as déjà fait et une fois de plus, ça va fonctionner. T’es vraiment doué pour me faire craquer. D’accord, je vais t’aider. Cependant, s’il y a un pépin dans la mission, il faudra te débrouiller.”

L’odeur lourde et nauséabonde des égouts montait à ses narines. C’était sûr. C’était une bonne cachette pour le trésor de Saint Eldine. Personne n’oserait s’aventurer dans les anciennes voies d’eaux usées où il paraissait que de terribles créatures crapahutaient. Pour tout dire, c’était eux qui l’avaient inventé, à l’époque où ils partaient encore à l’aventure. Enfin, il le croyait, d’après ses bribes qui remontaient. En effet, il s’était passé ce qu’il s’était passé. L’accident qui avait changé leurs vies et ses séquelles les avaient, petit à petit, séparé. Il se remémorait, en silence et à grande peine, ces souvenirs. Il était plongé dans le brouillard. ”Cette période était floue car j’avais perdu la mémoire. Et elle, c’était dans sa chair en un soir.” Après le choc de l’accident, leur relation avait changé et ils s’étaient, peu à peu, éloignés.

Derrière elle, il scrutait son corps de miroir. La belle Esméride s’en rendit compte.

”Si tu veux reluquer ma carrosserie, il va falloir payer. Ah c’est vrai. Sans notre trésor, tu es fauché comme les blés. Tu as tout oublié. Est-ce que tu sais encore au moins faire l’aventurier ?” Elle était tranchante comme un couperet mais il accepta son acrimonie méritée. Elle faisait partie des souvenirs perdus et des noms oubliés. Il ne l’avait pas reconnu à l’hôpital et avait demandé au docteur qui était cette jeune fille au teint pâle. Elle avait changé d’apparence, elle l’avait vu et elle l’avait pris très mal. Elle s’était enfui. A cet instant présent, elle ne voulait toujours pas avalé cette vérité.

Soudain, elle s’immobilisa et appuya sa main sur une partie du mur qu’ils longeaient. Une porte s’ouvrit brusquement à la dérobée et Rodrigue fut époustouflé. Il avançait dans cette bouche noirâtre alors qu’elle s’était arrêté. Avant qu’il ne fut trop tard, elle le stoppait. ”Attention ! Je vois que les bons réflexes sont oubliés. Tu allais marcher sur une dalle piégée. Une énorme hache allait osciller de gauche à droite et te faucher.” Ils évitèrent cette dalle et progressèrent tout au long de la salle aux murs verdâtres. Elle l’aida à éviter tous les pièges qu’elle avait installé sans hâte. Entre les sols dérobés et les plafonds qui tombaient, ils faisaient les acrobates.

Finalement, ils furent en face d’une porte. D’un coup, celle-ci s’ouvrit sur un magnifique monceau de pièces d’or et son étincelante cohorte. L’issue s’était dégagée sans qu’Esméride n’est bougé le moindre cil, il se dit qu’elle était bien habile. Ils discutèrent longtemps de la part qu’il pouvait récolter et ils se mirent à se disputer. Ainsi, ils se séparèrent et se dirigèrent, sans qu’ils n’aient d’entente, chacun vers une partie de la montagne flamboyante. Un bruit aigu de coulissement se fit entendre à cet instant et Rodrigue se retourna prestement. Il vit tout de suite la pierre qui allait tomber du plafond. Esméride était au-dessous de cette frondaison et Rodrigue se jeta sur elle instinctivement, sans réflexion. La jeune femme se demanda ce qui s’était passé. Elle était passablement énervée. Rodrigue l’avait mis à terre et vraiment bousculé. Puis, elle s’aperçut du petit rocher à côté et elle fut toute tourneboulée. Elle serait morte à cet instant si Rodrigue ne l’avait sauvé furtivement.

L’un au-dessus de l’autre, ils étaient accolés. Rodrigue s’approcha de son oreille et lui soufflait: ” Ce n’est pas parce que je t’ai oublié que je ne peux plus t’aimer.” Quelque chose se produisit à l’intérieur de la jeune femme. Son cœur si froid vibra de nouveau et ralluma l’ancienne flamme. La passion la dévora alors que ses lèvres effleuraient celles de Rodrigue. Il ne l’avait jamais oublié. Même à travers l’oubli, ils pourraient s’aimer. Elle recula un instant, cela termina le baiser. Ils se relevèrent tous les deux et une promesse se fit entre eux. Rodrigue promit de mettre un terme à ces affaires louches. Quant à Esméride, elle jura de ne plus jamais se fermer. Dans les yeux de Rodrigue, elle était belle malgré le corps de carbone, de cuivre et d’acier.

Récoltons ce qu’on a de bien en nous. Ne nous tournons pas trop vers le passé qui nous noue. Profitons du présent et de la joie de vivre chaque moment.

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