Depuis si longtemps, vous êtes complètement sourds à mes appels incessants. Je vous demande juste un peu de courage, de ténacité, de réalisme. Mais votre aveuglement est sans frontière, sans finitude. Sans faille. Un fruit définitivement corrompu qu’obstinément, vous refusez de jeter.
Se réveiller. Ne plus tourner le dos aux évidences. Oser regarder la vérité en face. Sans tabou, sans pudibonderie. Sans chercher ailleurs les causes de son propre échec. Je vous demande de ne plus foncer tête baissée dans un mur définitivement sans consistance.
Je suis de ceux qui vous demandent aussi de rompre avec un passé trop dispendieux. Trop dithyrambique. Trop dispersé. Seule votre sobriété peut nous éviter de sombrer dans une précarité irréversible. Sans aucun retour en arrière possible.
Vous ne m’avez pas cru quand je vous annonçais l’ultime, l’indicible, l’impensable. Vous m’avez pris pour un oiseau de mauvais augure. Vous m’avez raillé, sans me répondre. Vous m’avez frappé de vos mots indécents. Vous m’avez fait taire, absolument.
Vous auriez pu renverser la marche du siècle. Vous promener paisiblement sous le soleil couchant. Sans ressentir le souffle menaçant des flammes de l’enfer. Sans offrir aux démons pyromaniaques d’innombrables feux de joie.
Vous auriez pu vous contenter du nécessaire. Des bonheurs simples et des justes plaisirs. Quelques poissons au bord de la rivière. Quelques voyages non loin de chez vous. Quelques moments d’amitié, dépourvus de ce fatras qui vous encage. Vous encapuchonne. Vous rend si ridicules.
Vous auriez pu voler de votre propres ailes. Sans vous prendre pour l’oiseau que rien ne peut atteindre. Tracer votre propre route. Rester vous-même. Mais votre soumission à votre propre perte est sans la moindre ambiguïté. Définitivement, sans la moindre ambiguïté.