Adossée à un mur, sur le quai de la gare, j’attends Alyssa dont le train vient d’arriver. Les portes s’ouvrent et plusieurs personnes se mettent à en sortir… en regardant de plus près, je vois mon amie en sortir, trainant sa petite valise avec difficulté. Je l’appelle et lui fais un geste de la main, sans bouger. Dès qu’Alyssa m’aperçoit, elle s’empare de sa valise et se dirige en courant vers moi. J’appréhendais ce moment. Mais je me sentis plutôt détendue, étonnement. Peut-être que mes sentiments pour Alyssa avait finie par s’éstomper à force de ne plus la voir. Loin des yeux, loin du coeur, après tout ?
– Elza !
Elle se jette dans les bras.
– Je suis tellement contente de te voir !
Elle me couvre de papouilles affectueuses, tandis que je lui tapote tendrement le dos. Après nous être retrouvées, comme il se doit, et alors que les autres voyageurs commençaient à nous jeter des coups d’oeils, attendris pour certains, dégoutés pour d’autres, nous décidons de prendre la route. Il est bientôt 18 heures, et nous devons arriver dans peu de temps chez les Duval. Alors que nous marchons vers la sortie, elle me prend mon bras et le serre contre elle, comme si j’allais disparaître. Alyssa fait toujours ça quand elle marche avec quelqu’un. Et je n’arrivais pas à savoir si je trouvais ça touchant ou comique…
Alyssa est une jolie petite demoiselle au sourire innocent mais le regard toujours fuyant. Ses yeux bleus clairs contrastent avec sa courte chevelure et frange d’un noir de jais, absolument parfait. Je me suis souvent demandée si il s’agit de sa couleur naturel mais n’ai jamais osé la questionner. Comme je l’ai prévenu, au début de la journée, pour la fête, elle s’est habillé d’une ravissante robe en jean qui lui arrive juste en dessous des genoux et des bottines noirs. C’est exactement le style de mon amie. La tenue lui va à ravir et alors qu’elle fini de me parler du dernier jeu d’arcade que son beau-frère lui a fait découvrir, je la complimente sur sa tenue.
– Arrêtes de me flatter. Toi, tu es tellement plus jolie et élégante que moi !
Pour ma part, j’ai abordée une chemise blanche et une jupe longue verte accompagnés de collant et des chaussures bleues marine. J’ai attaché mes cheveux dans une queue de cheval négligée qui laisse s’échapper quelques mèches rebelles. Pour une fois, comme mon père m’a permis de me maquiller alors j’ai appliqué une fine couche de fond de teint sur mes joues, mis un peu de mascara ainsi que du rouge à lèvres.
– Merci.
Nous finissons notre discussion, sur le fameux jeu d’Alyssa, quand nous prenons le bus, en direction du village.
– Elza… faut que je t’avoue un truc.
Nous venons de nous asseoir au fond du bus, notre place préféré.
– Je t’écoute ?
– Dans mon école… y a une fille qui me plaît beaucoup.
Quand Alyssa est partie, j’ai pensé que le jour ou cela arriverait et me l’avouerait, je serai blessée. Mais je fus étonnée de voir que je m’en réjouis pour elle.
– Je suis contente pour toi. Tu as essayé de lui parler ?
Je me suis demandé au même moment si je n’allais pas lui parler d’Ibrahim mais contrairement à Alyssa, qui avait sûrement une chance, avec cette fille notre relation était vouée à l’échec.
– Non ! j’ose pas. Mais elle est tellement parfaite. On est un peu amie et je la trouve tellement cultivée, intelligence, trop belle en plus ! On dirait une princesse et son charisme… mon dieu, je la vois trop prof ! Elle est drôle aussi, elle a de la répartie et du répondant. Comme toi.
– C’est génail, ca ! Et elle s’appelle comment ?
– Aïley.
– C’est un joli prénom.
– Tu vois ça ! Je l’aime tellement…
Elle continue à me vanter les mérites de la nouvelle femme de sa vie avec entrain et je l’écoute, contente que tout dans la vie d’Alyssa se passe pour le mieux.
– Et toi ? Quelqu’un en vu ? ose-t-elle.
– Non, personne. Mais compte sur moi pour t’en parler quand ça arrivera. En tout cas, je suis contente de te voir autant sourire. Ca m’avait manqué.
– Ca c’est parce que je me sens mieux dans la peau !
***
Nous sommes arrivés chez madame Duval nous accueilli de la meilleure façon qui soit, malgré notre demie-heure de retard. Elle reconnais immédiatement Alyssz avec qui elle bavarde un instant. Comme je l’accompagne, je reste à l’entrée avec elles jusqu’à ce que l’hôte s’empresse de débarrasser mon amie de son bagagee et nous invite à rentrer.
– Pas tout le monde est encore là mais ça viendra. C’est un tout petit village !
Nous entrons dans le petit salon. Les Duval possédent une très grande maison et peuvent donc se permettre de telles soirées. Ainsi, il y a deux salons, le premier a une taille raisonnable alors que le second fait presque la taille de chez moi… En observant les alentours, je vois que tout les objets de valeur qu’ils posent habituellement
sur les membles n’y sont plus. Au moins, ils ne sont pas totalement inconscient et ont le sens des priorités chez eux. Je sentais aussi une forte odeur de rhum qui enivrait la pièce, presque agréable et chaleureuse, me rappelant l’ambiance de Noël.
Alors que mon amie est allée passer un coup de fil à sa soeur pour lui faire savoir qu’elle est arrivée, au village en un seul morceau, je jette un rapide coup d’œil à leur bibliothèque. Je constate qu’ils avaient Le loup des Steppes chez eux… sans le savoir, ce bouquin a engendré en moins une avalanche d’émotions indomptables que je peinais à mettre en ordre. Non, je dois l’oublier, au moins pour ce soir… mais deux mois, deux longs mois qui m’ont paru interminable, que je ne l’ai pas vu. Je détourne rapidement le regardn pour passer à autre chose quand Alyssa arrive en trombe vers moi et se saisit de mon bras :
– Elza ! J’ai hâte de retrouver les autres. Tu m’emmène les voir ? Aller dit oui !
Je me met à rire devant ses enfantillages. C’est bien Alyssa, ça. Je lui intime d’un geste de venir avec moi. Nous nous étions mis d’accord pour nous rejoindre dans le grand salon, à côté de la fameuse chaîne hi-fi. Et en entrant, je vis effectivement tout mes potes postés précisément à côté de l’appareil, un verre à la main en train de discuter.
– Je suis trop contente ! S’impatiente Alyssa.
Tous sont très élégants sans en avoir trop fait. Même les garçons. Et surtout Maximilien. Il porte une chemise banche parfaitement immaculé, un pantalon noir en flanelle bien repassé et des chaussures de ville avec lesquels je ne l’ai jamais vu. Si il ne tient pas une coupe de champagne, on le prendrait presque pour quelqu’un de sérieux… même ses cheveux marrons sont bien peignés et ses yeux verts s’intillent, probablement le champagne. Il a laissé une barbe de 3 jours pousser et je dois bien avouer qu’il est très charmant ainsi. Charlotte a tressé ses cheveux blonds bouclés et porte une robe rouge évasée qui lui va comme un gant. Hermine qui est toujours très simple a mis un jupe en tailleur et portait une chemise blanche, comme moi. Ses cheveux sont détaché et cela lui allait bien. Vincent, lui, s’est paré de la même façon que Maximilien, abandonnant ses éternels pulls Champions. Dès qu’on arrive à leur rencontre, tous se réjouissent de son arrivé. Alors que Maximilien et Hermine l’entraînent dans une douce étreinte, Vincent s’est contenté d’un sourire en coin. Il faut dire que ça n’a jamais non plus été l’amour fou entre eux…
– Vous ne vous connaissez pas mais je te présente Charlotte. C’est une amie qui nous a rejoint juste l’année dernière. Vous serez de bonne copines ! dit Hermine.
Elles se serrent cordialement la main en se présentant. Heureuse de retrouver mes amis dans un cadre aussi détendue, je le suis complétement. La musique résonne
dans la maison, de douces mélodies de Bryan Adams ou de Patrick Bruel qui enjolivent l’ambiance. Bref, on peut dire que tout se passe sans casse, dans le meilleur des mondes. J’ai même réussit à mettre mes tracas complètement de côté, et les oublier. Voir Alyssa si pétillante et insousciante me comblait mais évidement, la soirée allait vite tourner au cauchemar et cela commença quand je vis la dernière personne que je voulais un jour voir à ce type de rassemblement.
Ibrahim…
Au début, je crois que mon imagination me joue des tours. Comme d’habitude. Depuis que je l’ai rencontré, tout les hommes que je vois ont son visage, sa silhouette, sa voix, jusqu’à ce que je me rende à l’évidence que ce n’est qu’une illusion que mon esprit créé pour ne pas craquer. Mais en le regardant de plus près, c’est bien lui que je distingue. Nous nous étions déplacés au milieu du grand salon, assis sur le canapé et ses accoudoirs et j’avais une très bonne vue ce
qu’il se passe au petit salon et l’entrée. Madame Duval s’empresse de venir à sa rencontre et il discutent un bon moment. Je n’entends rien a ce qu’ils disaient et je luttais contre moi même
pour ne pas me précipiter vers eux. Mes amis étaient plongés dans leur discussion et ne me
portent aucune attention. Tant mieux, je ne veux pas qu’il me voit maintenant. Jamais je n’ai vu
Ibrahim en présence de mes amis et ce jour est finement arrivé. Et vraiment très rapidement…
– Bonjour tout le monde ! Oh Alyssa ?
Salomé venait d’arriver. Et elle, aussi, est très jolie. Pour une fois, elle a attaché ses cheveux bruns, ce qui donne une bonne vue sur son petite visage, aux lèvres étirés. On l’acceuille chaleureusement, un feu vert pour lui permettre de rester avec nous. Même si en règle général, elle déteste ça, la joie l’ayant visiblement emporté, elle fait une bise à Alyssa et les voilà partie sur des politesses interminables qui nous font bien rire. Malgré moi, je ne pouvais plus quitter Ibrahim des yeux, son sourire éclatant alors qu’il continue sa disussion avec madame Duval. Je me demende bien de quoi ils pouvaient bien palrer…
Mais… ce que je crains le plus, c’est que mes amis, particulièrement Vincent ou Alyssa, ne me signalent que j’ai un comportement bizarre. Quand il fini, enfin, avec Duval, je vois qu’elle baisse la tête et parle avec une personne de toute petite taille. Et Ibrahim reste là-bas. J’en conclue que sa gamine aussi est là et qu’elle discute avec elle. Et même son enfant, j’ignore son prénom… Alors que mes yeux ne peuvent plus le quitter, je me demande où peut bien être sa femme. Après tout, elle doit bien rester avec lui, c’est son mari… mais l’éventualité qu’elle n’apprécie pas les fêtes me paraît évidente. Ibrahim non plus n’a finalement pas l’air de s’éclater et donnait l’impression de s’être déplacé uniquement par politesse. Duval fini par échanger deux derniers mots à Ibrahim qui semble aapprouver et je le vis rejoindre le gérant de la librairie, le vieux Laurent et sa collègue Aurélie. Ils se mettent à bavarder tout les trois alors que Duval prend la petite par la main, pour l’amener vers la chambre ou jouent les enfants. Elle passe devant nous et quand Charlotte, elle n’hésite même pas à s’écrier :
– Oh, mais qu’elle est chou !!
Tout mes potes se retournent vers la fillette. Duval s’arrête et nous sourie :
– C’est la fille d’un nouveau au village qui est arrivé en été.
Hélas je ne le connais que trop bien…
– Comment s’appelle ce petit ange ? demande Hermine.
– Elle s’appelle Ryam.
En entendant son prénom, l’enfant semble contente qu’on doit en train de s’interresser à elle nous fait un petit sourire, tout en restant bien cachée, farouchement derrière madame Duval.
– Elle est trop mignonne ! fait remarquer Salomé.
– C’est vrai, elle est adorable, dit Duval.
Elle emmène la petite alors que Charlotte ne peut plus quitter l’enfant des yeux.
– Il y a des enfants tellement croquants qui voudraient les garder toute notre vie, près de nous.
On approuve tous mais je ne suis pas intéressée par la petite. Je ne parviens plus à quitter des yeux Ibrahim. Je ne l’ai pas vu depuis 2 mois, et il me parait encore plus beau et attrayant que la dernière fois. Mon cœur bat si fort que je tremble de la tête au pied. Il discute tranquillement avec ses collègues, en souriant. Le voir heureux ainsi m’émeus et l’espace d’une minute, j’ai voulu le rejoindre pour le saluer. Mais je ne peux pas. Je ne peux pas parce que nous nous attirons mutuellement, parce qu’il est marié et que nous avons failli nous embrasser. Il faut que je me vide la tête et que je fasse abstraction de sa présence. Je me joins à mes amis dans leur discussion, sur je ne savais même plus quel sujet, mais Salomé dit qu’elle veut chercher à boire. Elle s’en va quand Vincent me demande tout bas :
– Elza ? Tu vas bien ?
– Ca va.
– Tu es sûre ? tu es toute rouge et tu tremble comme une feuille, tu es souffrante ?
Merde alors. Ca se voit tant que ça ? Je ne peux pas rester ici…
– Non, tout va bien. Mais je ne supporte mal la foule…
Quelque part, je n’ai pas menti. Je ne supporte pas être trop entourée. Il m’arrive souvent de quitter le lycée alors que j’ai encore cours parce que le monde autour de moi me
pèse beaucoup.
– Je crois que je vais sortir, un moment.
Je fais signe à mes amis pour leur dire que je m’absente un moment mais tous sont concentrés sur ce que dit Charlotte à propos du féminisme et la libération de la femme. Je me dirige vers le petit salon mais Ibrahim est toujours près de l’entrée. Comme je ne souhaite sûrement pas qu’il me voit, je reviens sur mes pas et fait mine d’être à fond sur mon sac et me dirige de nouveau vers entrée d’un pas furtif. Heureusement, il ne m’aperçoit pas et j’arrive a sortir. L’air glacé le fait un bien fou contre toute attente. Je m’asseois sur les marches du perron et je ne résiste pas longtemps à l’envie de pleurer. Le revoir, voilà l’effet que ça me fait. Je n’aurai jamais imaginé de que ça serait aussi dur. Mon cœur me fait mal, j’ai envie d’agir mais c’est impossible. Soudain, j’entends quelqu’un m’interpeller. Je relève la tête et une femme devant moi me regarde avec inquiétude. Elle s’est baissée à ma hauteur et a doucement posé sa main sur mon épaule. J’essuie rapidement mes yeux et l’entends dire :
– Excusez moi, je voulais vous demandez si c’était là, la maison des Duval mais… je voulais surtout savoir si vous allez bien.
Elle fouille son sac et me tend un paquet de mouchoir. A cause de l’obscurité, je ne distingue pas complètement ses traits mais la première chose que j’arrive à voir est qu’elle porte ce qui semble être un voile qui couvre l’intégralité de son crâne et de son cou.
– Vous allez bien ?
Elle avait aussi un accent étranger plutôt prononcé.
– Merci.
Je prends le paquet et essaye d’esquisser un sourire.
– Vous voulez que j’appelle quelqu’un ? vous avez l’air très triste…
– Non, ça ira. Merci de votre gentillesse. Et oui, on est bien chez les Duval.
D’un seul coup, je me suis dit que c’était probablement elle, la femme d’Ibrahim. Vu son nom, c’est un étranger, sûrement un arabe, et j’ai entendu dire que les femmes de cette origine portent un voile devant les inconnus. Il n’y en a aucun au village, ce sont les seuls. A l’école, ils disent qu’ils vivent dans des grandes villes, quand ils immigrent. Et franchement, ils avaient bien raison. Parce que vu les mauvaises langues qu’il pouvait y avoir, dans les petites villes, c’était la meilleure chose à faire.
– Ah merci beaucoup. Vous étiez à cette fameuse fête aussi ?
– Oui. Mais j’aime pas ça. Y a trop de monde.
– On n’aime pas ça non plus. Mais comme on ne connaît personne ici, on a voulu y jeter un coup d’œil.
– Les gens sont agréables ici.
Je n’ose pas lui demander qui est on parce que je connais la réponse et je ne voulais pas souffrir en l’entendant. Et pleurer encore…
– C’est une bonne chose. De toute façon, je ne vais pas rester longtemps ici. Juste le temps de trouver une maison ailleurs.
– Oh vous êtes de passage ?
– Oui, c’est ça.
– Dommage, c’est un beau et sympa village. J’y vis depuis ma naissance et je ne l’ai jamais quitté. Vous devriez faire de même.
Ça signifiait aussi que je n’allais peut être plus du tout revoir Ibrahim sous peu. Qu’est ce que je ressentais ? Aucune idée…
– C’est gentil, mais je n’aime pas du tout les petites villes.
– Ah je vois. Ce sont des goûts.
– Exact.
Nous ne disons rien un moment mais elle finit par demander :
– Vous vous sentez mieux ?
– Oh oui, merci beaucoup. A cause de la chaleur et du monde dans la maison mes nerfs ont lâché…
– Je suis désolée pour vous, j’espère que vous trouverez une solution à vos problème.
– Merci de votre compassion
– C’est tout naturel. Je vais rentrer, ma file doit y être et quelqu’un m’attend.
– Amusez vous bien. Et merci encore.
Elle se redresse pour se diriger vers l’entrée après m’avoir fait un petit sourire et caressé gentiment mon épaule. C’est clairement elle la femme d’Ibrahim. Et en toute honnêteté, je comprenais son choix. Elle était adorable… pourquoi vouloir la blesser alors ? Quel con… décidément, je me suis vraiment trompée sur lui. Je suis tombée sur un véritable rustre.
Je soupire et enfouit ma tête entre mes jambes. Allez, n’y pense plus Elza. Fais le vide dans ta tête. Pars ensuite faire la fête avec tes amis et montre lui que tu n’en as rien à foutre de lui maintenant.
La porte d’entrée s’ouvre et je me fige. Je n’ose pas me retourner voir qui c’est et reste dans la même position. Sauf que l’aura émanant de cette personne, je la connaiis. Il marche jusqu’à quelques mètres devant moi, sans même pas me regarder et s’arrête. Il fouille ses poches et allume un feu avant qu’un nuage de fumée s’envole dans l’air. Ibrahim est fumeur. Il n’a vraiment que des qualités. Fidèle, cultivé, attentionné, clean. Bref, l’homme parfait. La situation me fait presque rire… J’essaye de ne pas faire de bruit au cas où il ne m’ait absolument pas reconnu. Sauf qu’il se retourne et me regarde, toujours sa cigarette au bec.
– Franchement, je lâche, t’as pas idée de ce que tu loupe. Elle est gentille et attentionnée. Et mignonne en plus.
Il retire sa cigarette et souffle, en me fixant. Oui, c’est vraiment comique. Tellement bouffon que je me retiens d’exploser de rire. Et au regard enjoleur d’Ibrahim, j’en conclu qu’il doit s’amuser autant que moi. Les grands esprit se rencontrent, comme on dit…
– Arrête de me regarder comme ça, dis-je gênée.
– Et je peux savoir pourquoi ? il répond, un sourire dans la voix.
Je soupire et decide de faire ce que je rêve de lui faire depuis que je l’ai rencontré. Tant pis on ne vit qu’une fois et ça ne veut rien dire. Je me redresse et m’avance précipitamment vers lui.
– Parce que quand tu me regarde comme ça, tu me donne envie de te faire ça.
Voir son visage de si près me replonge dans les affres de ma passion. Comme si il savait ce que je m’apprête à lui faire, il jette son mégot à l’autre bout de la rue, me prend dans ses bras et sans attendre, je m’empare de son visage et colle mes lèvres contre les siennes. Il m’accepte volontiers et prolonge notre baiser, alors que je me laisse aller. Je passe mes mains dans sa chevelure parfaite alors qu’il enroule ses bras autour de ma taille et me rapproche de lui. L’explosion. Voilà ce que je ressens. Alors que mes papillons font le final du spectacle au fond des mes entrailles, une chaleur insoupçonnée parcourt mon corps. Nous nous séparons le temps de reprendre nos souffles et il murmure contre mes lèvres :
– Tu es tellement belle.
Et nous reprenons notre baiser. Je suis prête à tout à ce moment là, je me sens… forte et puissante. Au diable Vincent, sa femme, sa vie et la morale à la con. Tout ce qui compte c’est nous deux et quoi qu’il m’aurait demandé de faire à ce moment là, je l’aurai probablement fait. Tellement pris par notre baiser passionné où nos langues se mirent à valser
ensemble, le monde autour de nous n’existe plus, quand…
– Elza !
Nous nous séparons tout de suite mais nous nous tenons les mains.
C’était Vincent.
Ibrahim et moi, on ne peut s’empêcher de se lancer un regard coupable avant d’à nouveau dévisager Vincent. Il s’approche de nous et rien qu’avec mouvement de tête, c’est comme si il me réclame des explications. J’étais pas dans la merde, moi. Vraiment pas… et au regard que se mit à me couver Ibrahim, je comprends qu’à lui aussi, je dois des explications